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Le propre de l’être humain

3 Mai 2010

Par Darwin – «Mon père est-plus fort que le tien!» Dans ce cri du cœur, l’important n’est pas que le père du narrateur soit fort, mais qu’il soit plus fort que le père de l’interlocuteur.

Quel est le propre de l’être humain? Le rire? Certains le prétendent. Des fois j’ai plutôt l’impression que c’est de comparer. Que ce soit par envie, pour s’informer ou pour mieux se situer, on compare. L’ordinateur qu’on trouvait si performant hier a tellement l’air d’une machine à pédale antédiluvienne à partir du moment où son voisin nous montre les mégahertz en action de son nouvel achat…

Pensons aussi aux bulletins scolaires. Les parents ont dit clairement qu’ils voulaient des pourcentages. Mais, pas seulement cela… Ils veulent aussi connaître la moyenne du groupe. Savoir que leur enfant acquiert les connaissances et les compétences requises ne leur suffit pas, ils veulent aussi savoir s’il les maîtrisent mieux ou moins bien que les autres enfants de leur classe. Un point dans l’espace ne dit rien. C’est lorsqu’on le voit à une extrémité ou au milieu d’une droite qu’il prend tout son sens.

La pauvreté et l’exclusion

J’ai lu quelque part (je me demande bien où…) un commentaire sur un blogue (je me demande bien lequel…) affirmer que nos pauvres n’avaient pas à se plaindre, car ils seraient considérés riches avec le même revenu s’ils habitaient en Somalie… Tant qu’à y être, il aurait pu ajouter que notre classe moyenne y serait une classe de pachas ! Pourtant, les démarches d’émigration du Québec vers la Somalie ne me semblent pas très nombreuses…

Sa remarque n’était pas fausse, seulement inadéquate et démagogique. Il est clair que la grande majorité de nos plus démunis disposent du minimum vital, contrairement à trop d’humains des pays pauvres. Mais nos pauvres doivent-ils pour autant être regardés comme des gras durs?

Le commentateur en question oubliait que le propre de l’être humain est de se comparer, et pas avec les Somaliens, mais avec ses compatriotes! Celui qui possède moins, qui regarde les gens autour de lui vivre des choses qu’il ne peut se permettre, se sent malheureux, car il est exclu de ce que font les autres membres de la société. L’exclusion peut finalement frapper un être humain aussi fortement que la pauvreté la plus inique.

Quand j’étais enfant, je n’ai jamais souffert de ne pas avoir le console vidéo, d’ordinateur, d’accès Internet, ni même de télé couleur. C’est normal, personne n’en avait. Par contre, tentez d’imaginer un jeune de 10 ans sans un seul de ces équipements… On peut bien le qualifier d’enfant-roi, mais, comme tout être humain, il compare et se compare, et se sentira exclu s’il n’a pas accès à tous ces bidules si tous ces copains en ont.

Et il aura bien raison de se sentir exclu… car c’est bien le propre de l’être humain de réagir ainsi.

19 commentaires leave one →
  1. koval permalink*
    3 Mai 2010 19 h 56 min

    Hey oui, c’est dans la nature humaine de vouloir se démarquer, de vouloir afficher ce ptit quelque chose que l’autre n’a pas…

    Mais quand la surenchère n’a plus aucune limite, ça devient une maladie mentale.

    Il y a 40 ans, la limite était le voyage en Floride, ensuite il y a eu le Yacht ou les voyages en Europe, la limite est maintenant les voyages dans l’espace, rien de trop arrogant, le nouveau « la » est donné à la population.

    La capacité à se donner des limites a disparue….

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  2. koval permalink*
    3 Mai 2010 20 h 21 min

    Et les propos anti-pauvres qu’on lit sur le Web sont tout simplement abjects et je n’ai pas à m’y habituer, ni même à les tolérer…

    Je donne le la à la discussion, au cas où 😉

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  3. Darwin permalink
    3 Mai 2010 22 h 24 min

    @ Koval

    «Et les propos anti-pauvres»

    J’ai l’impression qu’une grande partie de ce discours repose aussi sur ce que j’appelle le propre de l’homme. Le membre de la classe moyenne, ou même supérieure, trouve que la différence entre sa situation et celle du pauvre, surtout s’il n’a pas d’emploi (comme si c’était toujours un choix) n’est pas assez marquée et il voudrait qu’elle soit encore plus grande.

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  4. koval permalink*
    3 Mai 2010 22 h 47 min

    Je dirais que tu fais du néodarwinisme, c’est ça qui arrive quand on cherche le propre de l’homme….;)

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  5. Darwin permalink
    3 Mai 2010 23 h 07 min

    «Je dirais que tu fais du néodarwinisme»

    Darwin a-t-il vraiment parlé du propre de l’homme ? J’ai toujours pensé que ce sont surtout des antidarwinistes qui ont cherché à distinguer l’homme des autres animaux avec des caractéristiques différentes de celles des animaux.

    Dans mon cas, il est évident que l’utilisation que je fais du terme «propre de l’homme» (j’ai d’ailleurs écrit «propre de l’être humain» pour n’exclure personne… 😉 ) est ironique. En fait, bien d’autres animaux se sentent exclus si des membres de leur communauté possèdent quelque chose qu’il s ne peuvent acquérir, comme la carcasse d’un animal mort… Ils attendent en retrait et espèrent qu’on leur laissera des miettes du gâteau qui ne sera jamais assez gros pour être redistribué…

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  6. Sombre Déréliction permalink
    3 Mai 2010 23 h 16 min

    Je suis bien d’accord avec l’article, mais y a t-il vraiment des gens qui se moquent des pauvres sué bloyes? Même Tatagoniste ne va pas aussi loin!

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  7. Darwin permalink
    3 Mai 2010 23 h 44 min

    @ SD

    «mais y a t-il vraiment des gens qui se moquent des pauvres sué bloyes»

    Je ne veux pas donner le lien vers ce site pour ne pas l’encourager, mais tu le connais… Et, sait-on jamais, l’auteur de cette comparaison viendra peut-être commenter ici…

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  8. 4 Mai 2010 6 h 05 min

    Que dire de tous ces points de repère que certains courants politiques utlisent pour justifier les changements à apporter au système de santé… La France fait ci, la Nouvelle-Zélande fait ça, pourquoi le Québec ne ferait-il pas ci ou ça… Mais on ne t’explique jamais comment la transition s’effectuerait. Quels seraient les coûts réels et les impacts, par exemple, si le Québec se tournait vers un financement privé avec les compagnies d’assurances. Ou si les hôpitaux étaient privatisés, quels seraient les avantages pour l’ensemble de la population. Pas besoin de donner les détails, la Suède l’a fait, Singapour a connu des succès… Et bla bla bla. Cette approche comparative n’est utilisée que lorsque ça soutient l’argumentaire. On voit rarement le contraire.

    L’autre argument qui me fait rigoler est celui qui prétend que si les mesures fiscales sont réajustées, les plus riches quitteront le Québec pour aller s’établir ailleurs. Comme si une hausse des impôts de 1,000$ par année serait l’argument massue pour convaincre à nos nobles de s’en aller ailleurs? Tabar… c’est le prix d’une sortie à l’opéra…

    En se comparant, on se donne le droit de polluer un peu plus. En se comparant, on justifie l’exploitation des plus pauvres. En se comparant, on construit encore plus de prisons. Etc… En autant que celui qui lance ces comparaisons y gagne au change, pour lui, pour sa petite personne.

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  9. koval permalink*
    4 Mai 2010 6 h 53 min

    Luto

    Parlant de prisons, j’entendais en fin de semaine l’arrivée d’un nouveau programme de lutte contre la criminalité qui va couter des milliards et dont les coûts vont être balayés dans les provinces.
    Et ce même si la criminalité diminue…

    C’est ça qui arrive quand on met Pierre-Hugues Boivenus au sénat.

    Même si l’État québécois était parfait, il y aura toujours Ottawa….

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  10. Darwin permalink
    4 Mai 2010 7 h 02 min

    @ Luto

    C’est drôle, quand j’ai eu l’idée de ce billet, je voulais écrire sur les comparaisons douteuses de données comme celles que tu mentionnes dans ton commentaire. Finalement, mon idée a changé en cours d’écriture…

    @ Koval

    «C’est ça qui arrive quand on met Pierre-Hugues Boivenus au sénat.»

    Je vois que je ne suis pas le seul à ne pas aimer ce monsieur… Mais en fait, c’est surtout cela qui arrive quand on met au pouvoir des gens capables entre autres de nommer Pierre-Hugues Boivenu au sénat !

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  11. koval permalink*
    4 Mai 2010 7 h 54 min

    « J’ai toujours pensé que ce sont surtout des antidarwinistes qui ont cherché à distinguer l’homme des autres animaux avec des caractéristiques différentes de celles des animaux. »

    Ben depuis le temps, on a certainement développé des allèles « Club Price ».

    Regarde, ça ressemble à ça!

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    9 789 875 7898 9779 9879

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  12. jack permalink
    4 Mai 2010 8 h 38 min

    @ Darwin:

    Tu dis: « Mais en fait, c’est surtout cela qui arrive quand on met au pouvoir des gens capables entre autres de nommer Pierre-Hugues Boivenu au sénat ! »

    Tu as raison.

    Le Québec aurait pu empêcher cela. Mais il a préféré déléguer au ROC son droit de choisir le parti au pouvoir.

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  13. Déréglé temporel permalink
    4 Mai 2010 10 h 16 min

    « Tabar… c’est le prix d’une sortie à l’opéra… »

    C’est vraiment rendu cher, l’opéra, de nos jours…
    http://www.operademontreal.com/pages/achetez/tarif.php?m=2&s=3

    @koval et Darwin et qui peut répondre: question de néophyte: si le programme est fédéral, comment font-ils pour balayer les coûts aux provinces?

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  14. koval permalink*
    4 Mai 2010 10 h 38 min

    Déréglé, la réponse est à la dernière phrase de cet article.

    http://www.ledevoir.com/politique/canada/287944/le-crime-ne-paie-pas-mais-les-programmes-couteront-cher

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  15. 4 Mai 2010 12 h 19 min

    koval, tant qu’à y être, pourquoi pas des prisons privées payées par les fonds publics? Libre-marché après tout…

    Darwin, j’ai lu dans tes pensées… 😉

    DT, un p’tit 300-400 piastres pour le souper et un p’tit 300$ pour la soirée à l’opéra… Un p’tit rafraîchissement de garde-robe et c’est pas loin de 1,000$! On s’entend pour dire que 1,000$ c’est des pinottes pour certains membres de l’aristrocratie québécoise?

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  16. Etienne permalink
    4 Mai 2010 16 h 58 min

    J’ai plutot l’impression que le discours « Anti-pauvre » est un message qui sert à renforcer l’impression que les pauvres sont à la charge de la classe moyenne, et que c’est eux qui font exploser le système. Ils coutent cher, et vivent la belle vie!

    Ce discours découle directement du discours libertarien, qui peut se résumer à dire que l’état est une arnaque organisée par les pauvres pour voler les riches. Évidement, dans les médias, personne ne transpose ca en parole, mais c’est le feeling qui s’en dégage, qui accentue les préjugés et donne naissance à une nouvelle terminologie: la clique des dépendants, les boulets, etc.

    Et quand ca va mal, on cherche toujours un bouc émissaire pour décharger notre frustration. Et la, évidement ca va mal, c’est évidement la faute de la clique des dépendant et des syndicats.

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  17. Darwin permalink
    4 Mai 2010 18 h 09 min

    @ Jack

    ««Le Québec aurait pu empêcher cela. Mais il a préféré déléguer au ROC son droit de choisir le parti au pouvoir.» »

    Si tu parles du fait d’avoir élu des députés du Bloc, cela n’a en rien avantagé les conservateurs. Le Québec n’a élu que 10 députés du PC sur 75 circonscriptions. Même s’il avait élu plus de libéraux ou de néodémocrates, le PC serait quand même au pouvoir. Le vote au Bloc ne change que la nature des députés d’opposition. Et combien d’électeurs voteraient pour les conservateurs si le Bloc n’existait pas ou s’ils ne votaient pas pour le Bloc ? Sans le Bloc, les conservateurs seraient peut-être majoritaires…

    @ DT

    «si le programme est fédéral, comment font-ils pour balayer les coûts aux provinces? »

    L’article de Koval répond très bien à cela. C’est la beauté de notre pays : quand le fédéral adopte ce genre de loi, cela augmente les dépenses des provinces, et quand le Québec a implanté les services de garde à tarif réduit, le fédéral a sauvé des millions $ en raison de la très forte diminution des déductions des frais de garde payés par les parents…

    @ Luto

    «Darwin, j’ai lu dans tes pensées… »

    Je commence à me demander si je ne t’en avais pas parlé samedi, lors de marche du premier mai…

    @ Étienne

    «J’ai plutot l’impression que le discours “Anti-pauvre” est un message qui sert à renforcer l’impression que les pauvres sont à la charge de la classe moyenne,  »

    Pour moi, c’est aussi cela, mais l’argument que je donnais (ils trouvent que la différence entre les niveaux de vie n’est pas assez élevée) n’est pas incompatible avec celui-là. Une grande partie des raisons données par ces commentateurs (en fait, il y en avait plus d’un) est qu’ils trouvaient qu’il était indécent que de nombreux bénéficiaires de l’aide sociale aient des accès Internet, des cinémas-maison (!), téléphones cellulaires, etc.

    Quand j’étais jeune, ces gens chialaient parce que certains bénéficiaires de l’aide sociale avaient des télés couleur. Et moi, même enfant, je me disais que c’était correct parce que, comme les pauvres sont plus souvent à la maison, ils utilisent plus leur télé que les riches ! Que j’étais donc innocent…

    «Ce discours découle directement du discours libertarien »

    En plein dans le mille !

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  18. Déréglé temporel permalink
    15 décembre 2010 2 h 57 min

    Tiens, un article qui rejoint ton propos: http://scienceetconscience.wordpress.com/2010/12/15/largent-fait-il-le-bonheur/

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  19. 15 décembre 2010 6 h 40 min

    Merci. Il parle plus du statut social que de la comparaison comme telle, mais cela est en effet très relié. Et, ce texte m’a convaincu d’écrire un billet que j’hésitais à aborder…

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