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Muticulturalisme=Trudeau=caca!

12 mars 2011
by

Par Koval – Il y a longtemps que je me pose des questions à l’égard des modèles possibles d’intégration de nos concitoyens immigrants. Mon titre est un peu zozon, mais il exprime très bien l’idée souvent véhiculée dans les médias et sur les blogues  politiques.

J’ai du mal à comprendre pourquoi certains, et même plusieurs Québécois se tordent de douleur  comme des sangsues à qui on jette du sel, quand on évoque l’idée du multiculturalisme. Plusieurs se  disent contres,  et certains viscéralement contres.

Mais contre quoi!?!

Je veux bien croire que le multiculturalisme à Trudeau qui rêvait au bilinguisme « coast to coast » était une utopie et moi-même je trouve que c’était de l’imbécillité en conserve, mais de nos jours, quand on parle de multiculturalisme, c’est dans un contexte bien différent, celui de l’immigration.

Alors là, ça me gêne un peu.

Essayons d’y voir un peu plus clair, voilà ce que j’ai trouvé dans un rapport du CRIEC (Centre de recherche sur l’immigration  l’éthnicité et la citoyenneté).

« La politique du multiculturalisme fut adoptée officiellement par la Chambre des communes le 8 octobre 1971. Lors du désormais célèbre discours prononcé à cette occasion, le Premier ministre Pierre Elliott Trudeau déclara :

Nous croyons que le pluralisme culturel est l’essence même de l’identité canadienne. Chaque groupe ethnique a le droit de conserver et de faire épanouir sa propre culture et ses propres valeurs dans le contexte canadien…..

En 1971, le multiculturalisme propose de :

1. favoriser la préservation des cultures minoritaires ;
2. faciliter la participation entière de tous à la société canadienne ;
3. appuyer les échanges culturels ;
4. assurer l’apprentissage d’au moins une des deux langues officielles. »

Sur Wiki, on trouve:

Le multiculturalisme est un terme sujet à diverses interprétations. Il peut simplement désigner la coexistence de différentes cultures (ethniques, religieuses etc..) au sein d’un même ensemble (pays, par exemple). Il peut aussi désigner différentes politiques volontaristes :

  • anti-discriminatoires, visant à assurer un statut social égal aux membres des diverses cultures ;
  • identitaires, visant à favoriser l’expression des particularités des diverses cultures ;
  • communautaristes, permettant l’existence de statuts (légaux, administratifs…) spécifiques aux membres de telle ou telle communauté culturelle.

Alors, c’est quoi le problème avec le modèle du multiculturalisme à Trudeau?  Bon ok, je sais qu’au Québec, on a un autre modèle qui s’appelle l’interculturalisme. Seulement, dans la loi, il n’y a pas de mentions spéciales référant à ce modèle, autrement dit, ce n’est que du vent qu’utilisent les péquistes. Concrètement, le modèle québécois semble identique au modèle Canadien. La seule différence en pratique, c’est la loi 101. On oblige les enfants des immigrants à aller à l’école française. On sélectionne aussi, bien entendu, les immigrants pour favoriser l’entrée de ceux qui parlent le français.

Les experts dans le rapport que je cite plus haut en disent ceci:

L’interculturalisme et le multiculturalisme se rejoignent en effet sur la pluralité des cultures et la représentation d’une citoyenneté ouverte à l’hétérogénéité. Il s’agit donc de versions différentes du pluralisme culturel qui rejettent l’option assimilationniste.


Pour alimenter un peu plus vos réflexions, voilà deux billets, un du blogueur Savignac que j’aime beaucoup et un autre plus récent de Mathieu Bock-Coté .

Pour ceux qui n’ont pas le temps de lire, je résume grossièrement:

Savignac, ouvert à l’immigration ne comprend pas ce mépris envers le multiculturalisme qu’il associe à la xénophobie et Mathieu Bock Coté rejette les deux modèles qu’il considère équivalents.

Alors, ces gens qui vomissent sur le multiculturalisme devraient nous expliquer leur dégoût parce qu’il n’est pas évident le message qu’ils laissent quand ils affirment avec fièrté haut et fort « Je suis contre le multiculturalisme! » En tout cas, moi je n’ai jamais compris clairement ce que ces gens expriment. J’ai bien mes petits doutes comme Savignac cependant.

Et si la bonne question à se poser était  « Sommes-nous si tolérants et accueillants que nous le prétendons? »

Tiens, je trouve intéressant aussi  de voir les Européens, un peu prompts parfois à nous dire quoi faire en matière d’immigration, nous offrir un constat assez nébuleux à ce sujet: «l’échec du multiculturalisme, une propagande de la droite?»

39 commentaires leave one →
  1. 13 mars 2011 8 h 14 min

    «Alors, c’est quoi le problème avec le modèle du multiculturalisme à Trudeau?»

    Pour moi, le problème est le communautarisme « permettant l’existence de statuts (légaux, administratifs…) spécifiques aux membres de telle ou telle communauté culturelle.».

    C’est aussi la principale différence entre l’interculturalisme et le multiculturalisme, selon ce que j’en comprends.

    http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/317874/apres-la-commission-bouchard-taylor-relancer-le-debat-sur-l-interculturalisme

    Le communautarisme permet des systèmes légaux différents, d’où la demande d’application de la charia en Ontario. qui a failli être accordée en 2005.

    «En décembre dernier, Marion Boyd, une ex-procureure générale de l’Ontario, néo-démocrate de l’Ontario, a déclenché un véritable tollé lorsqu’elle a recommandé de modifier la loi provinciale sur l’arbitrage pour autoriser et encadrer l’arbitrage religieux en vertu de la charia, de la même façon que la province permet l’arbitrage aux chrétiens et aux juifs.»

    http://www.ledevoir.com/non-classe/90207/l-ontario-rejette-la-charia

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  2. koval permalink*
    13 mars 2011 9 h 05 min

    Hummm Darwin, il n’y a aucun pays occidental qui permette la Charia, ton exemple avec l’Ontario est un peu exceptionnel. Le multiculturalisme Canadien ne patauge pas trop dans le communautarisme….De façon pratique, le ROC ne fait pas plus de communautarisme que nous.

    L’idée de la Charia a bien été proposée en Ontario, mais on était à 1000 lieu de son acceptation, bien au contraire, ça a choqué…

    Je te l’accorde cependant, en théorie, le multiculturalisme pourrait être plus ouvert au communautarisme. Mais bon, ça n’oblige à rien de plus que l’interculturalisme et je ne vois pas comment l’interculturalisme protège. En ce moment,aucune loi ne balise ou ne définit l’interculturalisme québécois,

    M’enfin, les balises sont à établir pour le multiculturalisme autant que pour l’interculutralisme (laïcité, limite du communautarisme) en attendant, je trouve qu’on est dans des discours creux et des raccourcis.

    Dans le devoir il y a le lien suivant :

    http://www.symposium-interculturalisme.com/1/accueil/fr

    Qui donne une définition de l’interculturalisme. Je ne vois pas vraiment de différences avec les avec multiculturalisme.

    « L’interculturalisme propose une manière de vivre ensemble dans la diversité. Sa caractéristique principale réside dans une insistance sur les interactions, échanges, rapprochements et initiatives intercommunautaires dans un objectif d’harmonisation, d’intégration et d’unité. Dans le respect de la diversité, le modèle vise aussi à faire émerger à long terme des valeurs, des visions et des aspirations communes au sein des composantes ethnoculturelles de la société. »

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  3. 13 mars 2011 11 h 47 min

    «Je te l’accorde cependant, en théorie, le multiculturalisme pourrait être plus ouvert au communautarisme.»

    Et c’est justement sur cette ouverture que bien des adversaires de l’interculturalisme tente de faire du millage en confondant les deux concepts et en prétendant que l’interculturalisme favorise aussi le communitarisme.

    «ton exemple avec l’Ontario est un peu exceptionnel»

    Quand une ministre appuie ce genre de projet de loi et que ça prend un fort tollé de la population pour qu’elle recule, ça me semble un exemple significatif.

    J’aurais pu aussi parler de la juge qui avait considéré comme circonstance atténuante dans un cas de viol avec violence le fait que le violeur ait (excusez les termes) seulement sodomisé sa victime lui permettant de rester «vierge», en considérant que, dans cette culture, la virginité avait beaucoup d’importance… En adaptant les règles de droit et la jurisprudence à sa perception de la culture de la victime et du coupable, la juge appliquait une forme de communautarisme à proscrire.

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  4. koval permalink*
    13 mars 2011 12 h 15 min

    Nous avons déjà introduit une forme de communautarisme ici en ouvrant des écoles confessionnelles, non!?!!

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  5. koval permalink*
    13 mars 2011 12 h 47 min

    « Quand une ministre appuie ce genre de projet de loi et que ça prend un fort  »

    Darwin, j’ai fait un retour sur cette histoire, en fait, il n’y avait aucune loi à changer, il y avais plein de précédents…tu avais raison.

    « Contrairement à ce qu’ont laissé entendre plusieurs reportages, le gouvernement ontarien ne s’apprêtait pas alors à modifier sa législation pour permettre à la charia de s’immiscer dans le système de justice, le véhicule légal existait déjà. Des instances d’arbitrage juives, chrétiennes et mêmes musulmanes d’obédience ismaélienne (un courant très minoritaire de l’Islam) disposaient de telles instances. La loi de 1991 conférait aux arbitrages – religieux ou autres – une valeur légale liant les parties, tant et si bien qu’il fallait une permission de la cour séculière ontarienne pour porter en appel le jugement d’un arbitre. »

    http://www.panorama-quebec.com/cgi-cs/cs.waframe.content?topic=39726&lang=1

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  6. the Ubbergeek permalink
    13 mars 2011 14 h 10 min

    Nous québecois ne sommes pas si mal, mais nous avons un coté obscur, un racisme ordinaire qui dans cette atmosphère de Kulturkempf trouve un exutoire – les musulmans, par exemple.

    Pas pire que d’autres, mais pas mieux.

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  7. koval permalink*
    13 mars 2011 14 h 51 min

    C’est vrai Ubbergeek ce que tu dis

    Je réfléchis:

    J’ai vu que les tribunaux religieux étaient déjà interdits au Québec, alors je repose ma question autrement:

    « Quelles sont les raisons qui font que beaucoup de Québécois craignent autant le multiculturalisme? »

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  8. koval permalink*
    13 mars 2011 14 h 54 min

    En fait, quel élément du multiculturalisme fait réagir négativement autant de Québécois? Étant donné que:

    1-On sélectionne une bonne partie de nos immigrants et on les soumets à la loi 101 et

    2-Les tribunaux religieux sont interdits

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  9. 13 mars 2011 15 h 15 min

    @ Koval

    « j’ai fait un retour sur cette histoire, en fait, il n’y avait aucune loi à changer»

    Je ne me souvenais pas de ça.

    Le texte de Clairandrée Cauchy que tu as mis en lien est excellent. Il explique bien la dynamique. J’ai souri quand j’ai lu qu’elle aussi disait que cela a pris un tollé pour empêcher l’établissement de ces tribunaux religieux. Elle écrit aussi :
    «Ceux qui vantent les vertus de l’arbitrage religieux invoquent le multiculturalisme canadien et le droit à la liberté de religion.»

    …et précise que le régime québécois est différent. Voilà pourquoi j’insiste sur la différence entre le multiculturalisme à la canadienne et l’interculturalisme à la québécoise. C’est aussi pourquoi ça m’enrage quand je lis les adversaires de l’interculturalisme dire que l’interculturalisme est la même chose que le mullticulturalisme. Et ils prennent presque toujours des exemples communautaristes qui ne cadrent pas avec l’interculturalisme.

    « Quelles sont les raisons qui font que beaucoup de Québécois craignent autant le multiculturalisme? »

    Je le crains aussi, mais pas l’interculturalisme ! Une partie le craint par confusion avec le multiculturalisme et son communautarisme. D’autres refusent toute ouverture aux valeurs différentes des leurs. Et ce conflit de valeur se fait aussi entre les Québécois d’origine canadienne française ! Ce n’est pas vrai que les valeurs dites «traditionnelles» du maire Jean Tremblay sont les miennes !

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  10. koval permalink*
    13 mars 2011 16 h 11 min

    Mais l’interculturalisme n’est pas défini. Il existe de multiples définitions mais ce n’est pas une politique existante, pour l’instant ce ne sont que des voeux pieux.

    Alors selon moi, nous vivons un multiculturalisme adapté à notre particularité francophone et nous avons déjà une loi interdisant les tribunaux religieux. Nous pratiquons un certains communautarisme, les écoles confessionnelles et le traitement des Autochtones en sont des exemples…

    Est-ce qu’on peut rebaptiser cela « interculturalisme », pas de problème.

    Si le problème est le communautarisme qu’on associe au multiculturalisme Canadien, alors que faut-il enlever comme communautarisme pour que les gens arrêtent d’avoir peur et cessent de crier au loup devant le multiculturalisme?

    En fait, comment tu le définis toi l’interculturalisme, de quoi il va te protéger plus que ce qu’on fait actuellement au Québec?

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  11. the Ubbergeek permalink
    13 mars 2011 16 h 50 min

    Certains diraient que l’interculturallisme, c,est plus ou moins le multiculturalisme plus Loi 101 plus un vague nationalisme et PCness.

    Il faudrait une certaine poussé plus forte vers une assimilation/melting pot, je crois. Ou c,est comment la droite spine cà.

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  12. 13 mars 2011 16 h 57 min

    «En fait, comment tu le définis toi l’interculturalisme, de quoi il va te protéger plus que ce qu’on fait actuellement au Québec?»

    Ce qu’en dit le rapport du CRIEC que tu as mis en lien me convient tout à fait. Comme l’interculturalisme est ce qu’on vit au Québec, je ne comprends pas ta question…

    «les écoles confessionnelles et le traitement des Autochtones en sont des exemples…»

    Les écoles confessionnelles ne devraient pas être subventionnées. Il s’agit d’un accroc direct à l’interculturalisme. Quant aux autochtones, je n’ai aucun problème à ce qu’on tienne compte de leur statut de premières nations, si c’est le sens de ton commentaire.

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  13. the Ubbergeek permalink
    13 mars 2011 16 h 58 min

    Pour être plus clair, le mot Kulturkempf est un mot créée par les intellectuels allemand autours du 20ème siècle en référence à la politique de la Prusse, Bismarck et cie envers une ‘autre Allemagne’ – en tête, la catholique et un peu plus traditionelle Bavière. La Guerre des CUltures menées aux catholiques.

    Et plus tard, j’ai souvent vu cà utilisé genre pour définir les Années Regan et la Revenche de la Droite, et la Montée de la Droite Religieuse et des Néoconservateurs (et Libertariens), et la lutte à finir avec les ‘damn commie liberals’.Ca s’applique bien à la politique présente…

    Aussi, il a ce problème – il doit avoir un nom officiel à cette ‘erreur de logique/logical fallacy’ – que j’appelle l’ ‘erreur du A et B’;

    Souvent, quand on voit un abus ou excès ou problème avec X, il n’y aurait pas de Y.

    Par exemple, le fait qu’il y a en effet des islamistes radicaux en nos anations voudraient dire qu’il n’y a pas de racistes et racismes dans le coté des anti-islamistes?

    Erreur, pour moi.

    Ou par exemple, parce que Cuba à été « agressé » par des régimes américains passé ne veut pas dire que le régime cubain est « bon’ et pas une ‘ »dictature ».

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  14. koval permalink*
    13 mars 2011 18 h 01 min

    « Comme l’interculturalisme est ce qu’on vit au Québec, je ne comprends pas ta question… »

    Bon, ok, on parle de la même chose, ce qu’on vit ici. Moi je dis que c’est du multicuculturalisme avec des ajouts spécifiques au Québec, toi tu dis qu’on vit l’interculturalisme.

    Ben pourquoi le monde chiale contre le multiculturalisme puisque selon toi, on ne le vit pas, c’est ptêt des idiots je sais pas mais pourquoi les gens disent toujours qu’on se fait imposer le multiculturalisme à Trudeau et ça pleure tout le temps par rapport à ça?

    Ah et peux-tu me dire avec quoi précisément tu es d’accord pour ce qui est du rapport que j’ai mis en ligne? Une définition, t’aurais pas un numéro de page?

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  15. 13 mars 2011 19 h 14 min

    «Une définition, t’aurais pas un numéro de page?»

    Il n’y a pas de définition limpide. Par contre, la section sur les différences, des pages 40 à 44 est éclairante.

    «Ben pourquoi le monde chiale contre le multiculturalisme puisque selon toi, on ne le vit pas»

    J’ai déjà émis mes hypothèses là-dessus au comm 10. C’était implicite («D’autres refusent toute ouverture aux valeurs différentes des leurs»), mais puisque tu me pousses un peu, j’ajouterai qu’il me semble clair que certains se servent de l’excuse du multiculturalisme à la Trudeau, comme tu le dis dans ton billet, pour enrober leur xénophobie d’un concept plus acceptable socialement.

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  16. the Ubbergeek permalink
    13 mars 2011 20 h 45 min

    On utilise cà pas mal contre le Québec en tout cas…

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  17. koval permalink*
    14 mars 2011 20 h 48 min

    Darwin
    ha ha!

    Ben non je ne te pousse pas, je questionne…

    En relisant les pages que tu m’as mentionnées je suis tombé page 44 sur cette expression « judiciarisation de la différence » propre au multiculturalisme…

    Bon, voilà une crainte « légitime », l’histoire du kirpan. Le fait que la cour suprême peut imposer sa loi fait peur aux gens…..Faudrait l’indépendance…mais là, on tourne en rond, comme d’habitude….faut pas s’étonner que les péquistes veulent s’approprier ce débat!

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  18. 14 mars 2011 20 h 51 min

    «faut pas s’étonner que les péquistes veulent s’approprier ce débat!»

    D’autant plus que c’est avec ce débat que l’ADQ a failli prendre le pouvoir !

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  19. 15 mars 2011 7 h 27 min

    et merde. J’avais fait un long commentaire et une erreur de manoeuvre l’a effacé. Pas réussi à le récupérer. Peut-être une autre fois, donc.

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  20. koval permalink*
    15 mars 2011 11 h 39 min

    C’est plate! D’autant plus que j’aurais bien aimé te lire!

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  21. 15 mars 2011 21 h 24 min

    Tout est question de perception.
    Tout est question d’interprétation des mots.

    Moi, quand j’affirmais qu’un moratoire sur le gaz de schiste est nécessaire, c’était sensiblement dans le même sens que le BAPE (qui n’avait pas l’autorisation de parler de moratoire). Moratoire = mesure temporaire. Mais des tit-counes à la JLP martèlent encore qu’un moratoire, c’est permanent.

    = = =

    Interculturalisme, multculturalisme? Encore là, des mots parfois identiques (ou voisins) avec des définitions qui varient en fonction de l’expérience ou de la culture sémantique de chacun.

    = = =

    La peur de la charia, par exemple. Son imposition me ferait frémir mais je n’ai aucune crainte, car jamais ça ne passerait l’épreuve d’une Cour d’appel… à cause des dispositions de la Charte. Encore là, des JLP et des Jacques Noël affirment que la Charte permet la Charia (Jacques Noël a rebaptisé la charte du nom de « Charia Trudeau ».

    Ma modeste expérience du droit me fait voir les choses différemment.

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  22. koval permalink*
    15 mars 2011 22 h 04 min

    Papi, allez voir mon commentaire 5, on y dit qu’en Ontario, le véhicule légal existait déjà pour la Charia…

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  23. the Ubbergeek permalink
    15 mars 2011 23 h 56 min

    J’ai bien plus peur d’une extrême-droite qui entre en douce dans le paysage que d’une hypothétique imposition de la charia…

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  24. koval permalink*
    16 mars 2011 8 h 11 min

    Oui Ubbergeek, moi j’ai plus peur de voir rentrer Harper majoritaire.

    Un gouvernement d’évangélistes! Help!

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  25. Déréglé temporel permalink
    20 mars 2011 17 h 09 min

    Je pense, comme le titre l’indique, que beaucoup de Québécois, a fortiori dans les rangs des militants indépendantistes, associent « multiculturalisme » à une idéologie trudeauiste, et considèrent (Trudeau étant, comme on sait, une manifestation de l’Antéchrist) que cela suffit à la discréditer. Beaucoup ne savent sans doute même pas ce qu’ils conchient, il savent juste que ça vient de Trudeau. Toujours dans la même branche, certains estiment que c’est une idéologie élaborer dans le but de diluer l’identité québécoise. Tout ça reste très superficiel, mais viscéral comme rejet.

    Pour le reste de mon commentaire, je vais surtout parler de théorie.
    Quand j’avais mes cours d’immigration en démographie (vers 2004-2005, plus probablement 2005), nous avons abordé, sur un plan toujours très théorique, trois modèles d’intégration: le premier était le modèle assimilationniste à la française, les deux autres étaient deux variantes du multiculturalisme: le « melting-pot » américain et la « mosaïque » canadienne. Le melting pot suppose que les populations vont se mélanger au point de devenir à peu près indifférenciables, sans s’offusquer de survivances occasionnelles; la mosaïque encourage la cohabitation de communautés distinctes l’une à côté de l’autre. Quant à l’assimilation, elle suppose que les immigrants vont devenir identiques aux autochtones des pays d’accueil. On nous disait que dans la pratique, il n’y a à peu près pas de différences fondamentales entre le melting-pot et la mosaïque, et que même l’assimilationnisme donnait des réalités sensiblement pareilles. J’ai quelques doutes sur ces équivalences, mais passons.

    Je pense que l’assimilationnisme, sur le plan théorique, est un produit de la tradition républicaine française, et à la fois incompatible avec elle. C’est une tradition basée sur le principe d’égalité fondamentale de ses Citoyens, et qui a toujours hésité à penser de front le problème de la diversité, ou même simplement de l’identité. Du coup, elle n’a généralement pas eu tendance à postuler que l’immigrant était différent des accueillants: elle suppose que la différence n’existe pas ou devra disparaître. Voilà comment, je crois, l’assimilationnisme est le produit de la tradition républicaine. On remarque au passage que, si j’ai raison, c’est le produit d’une faille du républicanisme français. Car en fait, c’est mon deuxième point sur le sujet, l’assimilationnisme me paraît incompatible avec modèle politique. Exemple évident: on y reconnaît la liberté de religion comme un droit fondamental. Mais la très grande majorité des Français de souche sont catholiques (une poignée sont protestants): comment alors prétendre faire disparaître les différences sans remettre en question ce droit fondamental?
    Le multiculuralisme, pour sa part, dans ses versions britanniques et canadienne (dans une moindre mesure allemande ou quelques autres pays d’Europe), a été critiqué comme une machine à créer des ghettos. Pas qu’il n’y ait pas de ghettos en France, mais, suivant l’expression d’Éli Barnavi, on dit souvent une variante ou une autre de « le modèle anglo-saxon est mauvais dans sa conception, le modèle français dans son application ». Mais je demeure convaincu que le modèle français est inapplicable, a fortiori maintenant que les ghettos des cités sont déjà créés.
    Je rappelle au passage qu’au Québec, langue française oblige et en dépit de notre américanité, la tradition française est très influente. Quelqu’un qui va dans une librairie à la recherche d’un bouquin pour amorcer ses réflexions sur la question de l’immigration a de forte chances d’en repartir avec, sous le bras, un bouquin écrit par un français et se basant sur l’étude comparée des situations française et anglaise (le Canada suscitant en fait assez peu d’intérêt dans l’Hexagone). Les promoteurs de l’assimilationnisme chez nous me paraissent souvent partager les mêmes critiques du multiculturalisme

    Quant à l’interculturalisme, à l’époque de mes études, on n’en parlait même pas encore au Québec. L’expression s’est popularisée pas longtemps après. Ici j’ai une petite divergence avec l’opinion de Darwin, du moins si je le lis bien. Il semble considérer qu’évoquer l’exemple des écoles confessionnelles comme critique à l’interculturalisme est un manque de rigueur puisque ces écoles sont un clair accroc à la théorie de l’interculturalisme. Il me semble pour ma part que si nos décideurs, tout en parlant d’interculturalisme québécois, permettent de tels accrocs, on est en droit de se demander si cette belle théorie n’est pas au fond que de la poudre aux yeux.

    Ce que je retiens de tout ça, c’est que c’est très théorique, ces modèles. Je partage avec les assimilationistes la méfiance envers les ghettos, mais je crois que la solution qu’ils mettent de l’avant n’est pas réaliste: non seulement elle ne me paraît pas en accord avec nos valeurs (celles qu’on prétend protéger), mais elle est, psychologiquement, inconcevable: comme un immigrant pourrait-il s’assimiler? En supposant un modèle assimilationniste, je l’échelonnerais sur trois générations, voire quatre. Des objectifs plus modestes doivent être fixés pour les immigrants et leurs enfants. J’ai ça en commun avec bon nombre de multiculturalistes.

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  26. koval permalink*
    20 mars 2011 18 h 05 min

    J’adore ton premier paragraphe, ça reflète bien ma pensée, mon titre voulais dire exactement ça.

    Pour l’interculturalisme, tu as raison je crois, on en parle comme la solution québécoise, mais rien n’est clair à ce propos, pour moi en tout cas. Je sais je sais, on dit souvent que c’est l’immigrant qui doit se fondre dans la majorité etc etc, mais je ne vois pas qu’est-ce que ça mange en pratique de différent du multiculturalisme…En fait c’est très vague parce qu’il existe autant de définition que de gens qui essaient de le définir pour le moment.

    Pour le reste, je dois te dire que je connais pas bien la situation française, on se plaint beaucoup du communautarisme…je suis loin d’être experte dans ces notions. J’ignorais que l’assimilasionnisme était leur modèle et j’ai bien du mal à fixer les différences et nuances entre ces modèles quand on lit les définitions…ça finit que ça se ressemble pas mal dans la vie de tous le jours je pense.

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  27. koval permalink*
    20 mars 2011 18 h 08 min

    Il y a bien quelques petites choses qui piquent ma curiosité dans ton commentaire, j’y reviendrai plus tard.

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  28. the Ubbergeek permalink
    20 mars 2011 18 h 45 min

    Le stratégie de l’assimilation fonctionne avec la ‘puissance douce’ et ‘forte’ de la nation assimilatrice; tout le monde veut être américains aux USA, la France est moins temptente (le ‘soft et hard powers de la France n’est plus ce qu’il était, mais la France reste une des ‘grandes cultures’ et une économie respectable)…

    C’est stéréotypé, mais….

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  29. 20 mars 2011 19 h 44 min

    @ Déréglé

    Je vois que tu as trouvé le courage de reprendre ton commentaire perdu… Merci, c’est fort intéressant.

    «Ici j’ai une petite divergence avec l’opinion de Darwin, du moins si je le lis bien»

    Je ne vois même pas de divergence.

    «Il me semble pour ma part que si nos décideurs, tout en parlant d’interculturalisme québécois, permettent de tels accrocs, on est en droit de se demander si cette belle théorie n’est pas au fond que de la poudre aux yeux.»

    Bien d’accord ! Même si nos gouvernements disent appliquer l’interculturalisme, ils regardent ailleurs et appliquent d’autres principes quand les pressions les portent à plutôt appliquer le multiculturalisme, comme dans le cas des écoles confessionnelles subventionnées. Je reproche à la fois à ceux qui prennent ces exemples pour dire qu’il n’y a aucune différence entre le multi et l’inter et au gouvernement qui accepte de subventionner ces écoles tout en disant appliquer l’inter et non le multi. J’espère que c’est clair ! 😉

    C’est comme la laïcité de l’État. On la vante, on dit l’appliquer, mais on refuse de retirer le crucifix de l’assemblée nationale. On invoque le caractère historique de sa présence (franchement, c’est Duplessis qui l’a mis…), mais dans le fond, on adapte nos positions aux résultats des sondages…

    «Ce que je retiens de tout ça, c’est que c’est très théorique, ces modèles»

    En effet, l’application est toujours difficile, confrontés que nous sommes avec des visions et des intérêts divergeants.

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  30. koval permalink*
    20 mars 2011 20 h 05 min

    Ben moi Bock-Coté m’énerve quand il fait l’équation interculturalisme=multiculturalisme, son but étant pas trop noble….mais cette équation ne m’agace pas, étant donné que les différences sont floues, voir non définies, pour moi, ce n’est qu’une bataille de vocabulaire. Mais bon, c’est payant d’utiliser le mot « multiculturalisme » pour faire peur….

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  31. Déréglé temporel permalink
    21 mars 2011 6 h 17 min

    @Ubbergeek: « Le stratégie de l’assimilation fonctionne avec la ‘puissance douce’ et ‘forte’ de la nation assimilatrice; tout le monde veut être américains aux USA, la France est moins tentante »

    Qu’est-ce qu’être Américain? qu’est-ce qu’être Français?
    Dans le modèle multiculturaliste à l’américaine, le « melting-pot », il n’existe aucune définition de ce qu’est l’américain modèle, notamment parce qu’on n’essaie pas d’assimiler l’immigrant audit américain modèle. Le mot d’ordre, c’est « trouve-toi une job, jase avec tes voisins, explore un peu, pis on va voir ce que ça va donner ». Ça c’est la théorie. En pratique, on voit aussi bien aux États-Unis que dans tout autre pays d’immigration se former des communautés d’immigrants qui se tiennent entre eux.
    En France, l’assimilationnisme force à essayer de penser ce qu’est un Français, car ledit Français est le modèle auquel est sensé ressembler l’immigrant au terme de son assimilation. C’est un exercice qui, manifestement, répugne aux penseurs français, pour les raisons mentionnées plus haut (peur de mettre en évidence sans pouvoir les concilier les contradictions entre ce modèle et les valeurs républicaines). Du coup, chacun a tendance à penser de son côté ce que doit être un Français, excluant qui il veut.
    Au regard d’un cas comme de l’autre, je suis assez sceptique face à cette théorie de « soft et hard powers ».
    Quant à l’assimilation, peu importe même qu’on ait des conditions idéales, j’estime que, sur une seule génération, c’est tout simplement impossible. On ne peut pas éliminer toute l’expérience vécue dans le pays d’origine. C’est un objectif à oublier.

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  32. koval permalink*
    21 mars 2011 8 h 43 min

    Déréglé, si je comprends bien, l’assimilationnisme serait complètement à l’opposé du communautarisme?

    Contrairement à ce que semble penser Ubbergeek, les immigrants de la France se mélangent plus avec le peuple d’accueil qu’aux États-Unis, c’est vrai en tout cas pour les mariages, un indicateur non négligeable.

    En France, les immigrés actuels (venant d’Afrique majoritairement) se marient plus en dehors de leur groupe ethnique qu’au sein du leur, contrairement à certains pays, comme les États-Unis, où les mariages interethniques demeurent très faibles.

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  33. Déréglé temporel permalink
    21 mars 2011 11 h 41 min

    « Déréglé, si je comprends bien, l’assimilationnisme serait complètement à l’opposé du communautarisme? »

    Le communautarisme est un concept avec lequel j’ai très peu joué, et peu rencontré dans mes lectures. Suivant la définition que tu en donnes dans ton billet, je dirais qu’il s’agit de deux types de politiques incompatibles.

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  34. Déréglé temporel permalink
    21 mars 2011 11 h 44 min

    L’article wikipédia que tu mentionnes fait référence à Emmanuel Todd. J’avais commencé à lire son « Le destin des immigrés » (une de mes nombreuses lectures inachevées). Je n’en ai pas encore d’opinion définitive, mais jusqu’à maintenant, je n’aime pas spécialement. Il y fait des affirmations bizarres, et ses démonstrations me paraissent peu convaincantes.

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  35. koval permalink*
    21 mars 2011 11 h 50 min

    Déréglé

    Si tu regardes plus attentivement, tu verras que l’assertion qui m’intéresse sur les mariages vient de ce papier, elle n’est pas liée à Todd, donc elle a ptêt plus de chance d’être vraie!?!

    http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=949171

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  36. Déréglé temporel permalink
    21 mars 2011 12 h 38 min

    Ah, en fait je ne contestais pas l’affirmation, j’ai surtout mentionné le truc en réaction au nom. En fait, Todd, factuellement, il n’est pas si mal. Il cite beaucoup, beaucoup d’études qui semblent assez précises. C’est plutôt dans l’interprétation que ça me paraît clocher; en tout cas il aime les affirmations contre-intuitives.

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  37. koval permalink*
    21 mars 2011 12 h 45 min

    Voilà la bête, il est très prolifique et a l’air très en vue en tout cas..je ne le connais pas…
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Todd

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  38. Déréglé temporel permalink
    21 mars 2011 14 h 11 min

    Il est certainement très en vue. C’est un intellectuel très médiatique, comme la France sait en produire avec plus ou moins de bonheur. À la lecture de ce qu’il écrit, c’est très compréhensible, parce que ça touche de très près aux enjeux de l’actualité, et qu’il exprime beaucoup d’idées avec une grande richesse conceptuelle. Mais je trouve qu’il cède facilement au biais de confirmation. Il essaie aussi de ratisser très large, ce qui l’oblige à tourner les coins ronds.

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