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L’interfinancement

2 juillet 2010

Par Darwin – L’interfinancement est une technique de fixation des prix des différentes activités d’une entreprise. Elle peut offrir certains biens ou services à perte pour se reprendre avec des profits plus élevés sur d’autres. Cette technique est en général utilisée pour attirer le consommateur avec de bas prix sur les biens ou services de base de façon à faire plus de profits en augmentant les prix par la suite ou avec les biens ou services plus spécialisés qui ne sont accessibles que si le client possède déjà les biens ou services de base. Cette technique est aussi bien utilisée par les vendeurs de drogue, qui peuvent même donner leur marchandise en escomptant se reprendre quand le client devient accro, que par des fabricants et des entreprises de services.

Jeux vidéos

Les trois gros fabricants de consoles vidéos (Nintendo, Sony et Microsoft) appliquent l’interfinancement en vendant leurs consoles sans profit, ou même à perte. En fait, c’est dur à établir s’ils vendent à perte, parce que les coûts de fabrication d’une console ne sont pas très élevés, mais les fabricants doivent amortir les coûts de la recherche, du marketing et de la conception. Selon le nombre de consoles écoulées, ils peuvent aussi bien avoir vendu leurs consoles à perte, au prix coûtant ou avoir fait des profits. De toute façon, leur objectif n’est pas de faire des profits à cette étape, mais d’en vendre le plus possible dans le but de faire le plus de profits par la suite.

En effet, le gros des profits de ces sociétés provient des royautés touchées lors de la vente des jeux. Plus le parc de consoles est gros, plus de jeux se vendront, plus de concepteurs de jeux en produiront pour cette console et plus de royautés seront encaissées par le fabricant de consoles.

Téléphone

Pour pouvoir implanter leur service lors de la commercialisation des premiers téléphones, les entreprises de transmission des télécommunications ont aussi adopté l’interfinancement, vendant à faible prix le service de base en se reprenant sur les profits des interurbains ou même de la facturation des appels locaux. En effet, pour que les consommateurs fassent des interurbains ou des appels locaux, encore fallait-il qu’ils aient un téléphone…

Ces entreprises ont mis fin à l’interfinancement il y a une vingtaine d’années pour deux raisons. D’une part, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a décidé de permettre la concurrence dans le marché des interurbains. Pour pouvoir concurrencer les nouveaux joueurs, les entreprises ont dit ne plus pouvoir offrir les services de base «à perte». D’autre part, le téléphone étant devenu avec le temps un service quasi essentiel (la seule option est de laisser tomber le téléphone fixe pour un téléphone sans fil), les entreprises ne risquaient pas de perdre beaucoup de clients en augmentant les prix.

L’électricité

Pour Hydro-Québec, «L’interfinancement consiste à pratiquer des tarifs plus élevés que les coûts incluant rendement sur une ou plusieurs classes de consommateurs afin de financer des tarifs plus bas que les coûts pour une ou plusieurs autres classes de consommateurs.». Cette politique permet entre autres à tous les consommateurs de payer des tarifs peu élevés, peu importe l’endroit où ils habitent et le coût pour Hydro-Québec pour leur acheminer l’électricité. L’interfinancement est possible entre autres en raison de l’existence d’un «bloc patrimonial» d’électricité qui coûte beaucoup moins cher à produire que l’électricité des nouvelles et futures centrales.

L’interfinancement a aussi permis au Québec d’être la province canadienne avec le taux d’utilisation de l’électricité pour chauffer le plus élevé du Canada, et le plus bas niveau de production de gaz à effets de serre.

C’est à ce modèle que le gouvernement et les lucides veulent mettre fin. Encore ici, les bas tarifs qui ont incité tant de consommateurs à changer leur système de chauffage du mazout ou du gaz à l’électricité n’apparaissent plus nécessaires à Hydro-Québec, ni aux promoteurs de la hausse des tarifs et de l’abolition de l’interfinancement en raison de la hausse des prix des options possibles (essentiellement le gaz et le mazout) et du caractère essentiel de la consommation d’électricité.

Les frais bancaires

Pour encourager la population à y déposer leur épargne, leur permettant de faire des profits en la prêtant plusieurs fois, les banques, y compris les caisses populaires, ont toutes historiquement pratiqué un forme d’interfinancement en offrant les services de dépôts à perte, pour concentrer leurs profits sur les activités de prêts et de placement.

Mais, aujourd’hui qu’il est impossible de vivre en société sans avoir un compte bancaire, les banques n’ont plus de raison de garder ce service de base déficitaire. Elles ont donc (de concert ?) augmenté considérablement leurs frais bancaires pour que ce service s’autofinance. Et ce sont les clients les plus pauvres qui… en font les frais !

En effet, les banques et les caisses populaires offrent toutes des forfaits qui permettent aux personnes qui ont un solde minimal de quelques milliers de dollars de ne pas payer de frais bancaires. Les plus pauvres et les membres d’une grande partie de la classe moyenne n’ont bien sûr pas les moyens de conserver de tels soldes minimaux. En se basant sur les revenus provenant des frais bancaires des caisses Desjardins, soit environ 500 millions $ en 2009 (page 6), on peut estimer à environ 1,5 milliard $ les revenus des banques en frais bancaires. Il n’est malheureusement pas possible de savoir quel portion de ces frais ont été payés par des individus et par des entreprises, mais ces sommes représentent une dépense fortement régressive, puisque les plus riches n’en paient pas !

Conclusion

L’interfinancement est donc une technique qui a permis à de nouvelles industries de prendre rapidement leur place. Cette technique les a bien servies et n’avait que rarement un objectif social. C’est lorsque ces industries y mettent fin abruptement qu’on peut se poser des questions sur la façon dont elles font face à leurs responsabilités sociales. Oh, elles ont le «droit» d’agir ainsi. Mais est-ce un comportement digne d’un bon citoyen ?

Finalement, cette façon de faire ne s’apparente-t-elle pas à celle du revendeur de drogues qui profite du fait que son produit est rendu essentiel pour son client pour augmenter ses prix ?

22 commentaires leave one →
  1. jack permalink
    2 juillet 2010 0 h 42 min

    Complément d’information:

    Dans le cas du téléphone: l’interfinancement a été imposé par le gouvernement. À l’époque, le service téléphonique était un monopole réglementé. Les compagnies obtenaient des territoires en échange de bas tarifs sur les services de base. Pour ne pas faire faillite, le service interurbain devait être rentable… L’ouverture à la concurrence a tout bouleversé, le consommateur en sortant grand gagnant.

    Dans le cas de l’électricité: les bas tarifs au Québec ont incité des personnes à changer leur système de chauffage au mazou ten un système électrique, ce qui est une absurdité écologique, scientifique et économique mais un succès politique. Le fait d’avoir moins d’électricité à exporter augmente l’effet de serre à l’échelle mondiale mais permet de présenter un bilan local avantageux. De la petite politique comme les promesses de pont et de route…

    Un autre exemple d’interfinancement: les CPE. Largement déficitaires, ils profitent principalement aux riches. Probablement le programme le plus régressif des 50 dernières années. Merci Pauline…

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  2. 2 juillet 2010 10 h 17 min

    @ Jack

    «L’ouverture à la concurrence a tout bouleversé, le consommateur en sortant grand gagnant.»

    Le consommateur est un terme très vaste qui ne tient pas compte des classes de revenus. Gagnants le sont les grands utilisateurs d’interurbains, sûrement, mais pas les consommateurs qui n’utilisent que le service de base, dont le prix a augmenté fortement, donc les plus pauvres.

    « Le fait d’avoir moins d’électricité à exporter augmente l’effet de serre à l’échelle mondiale mais permet de présenter un bilan local avantageux.»

    Encore faudrait-il avoir des clients. Pour l’instant, les États-Unis ne considèrent pas l’hydro-électricité comme une source «verte».

    «Un autre exemple d’interfinancement: les CPE. Largement déficitaires, ils profitent principalement aux riches. Probablement le programme le plus régressif des 50 dernières années.»

    Le mode de financement des CPE n’a rien d’un interfinancement : le prix est le même pour tous. Si on ne regarde que le tarif, il est en effet régressif. Mais la subvention (environ 30 $ par jour par place) n’est pas du tout régressive, au contraire. Je déplore toutefois l’abandon de mesures comme le plan Bacon qui permettait aux familles à très faible revenu de bénéficier de places en CPE à très faible prix.

    En plus, les effets des CPE sont fort positifs en matière de lutte aux inégalités. Depuis son entrée en vigueur, le taux d’emploi des femmes avec enfants d’âge préscolaire a augmenté en flèche, augmentation qui ne s’observe pas dans les autres provinces canadiennes. Cette augmentation a tout particulièrement avantagé les femmes chefs de familles monoparentales :

    «Parmi les familles économiques, les plus vulnérables sont les familles monoparentales, avec un taux de faible revenu de 20,2 %. Leur situation s’est toutefois notablement améliorée au cours des dernières années, puisqu’en 1996 c’est le tiers des familles monoparentales, soit 33,1 %, qui vivaient sous les seuils de faible revenu.»

    http://www.cepe.gouv.qc.ca/publications/pdf/CEPE_faible_revenu_au_Quebec_final2.pdf page 8

    Ce taux s’est maintenu en 2006 et 2007 (20,6 % et 20,7 %), selon les données de l’Institut de la Statistique du Québec.

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  3. Paul permalink
    2 juillet 2010 23 h 47 min

    @ Darwin:

    « Le mode de financement des CPE n’a rien d’un interfinancement : le prix est le même pour tous. »

    Je n’ai pas exprimé clairement mon idée. Si les CPE sont déficitaires, c’est qu’ils sont financés autrement. Par exemple, on pourrait éliminer la TVQ si les CPE n’existaient pas. L’interfinancement apparaît ainsi: une hausse de taxes finance les CPE.

    Par ailleurs:
    « En plus, les effets des CPE sont fort positifs en matière de lutte aux inégalités.  »

    Ça reste à démontrer. Je n’ai pas eu le temps de lire en entier le document mis en référence et je m’excuse à l’avance si cette étude démonte mon argumentation, mais selon ce que j’ai lu, les pauvres sont en général de moins en moins pauvres (d’ailleurs un pauvre sur 4 est propriétaire de son logement) et cette tendance s’observe autant chez les femmes monoparentales que chez les autres groupes.

    Je n’ai pas vu dans l’étude que l’amélioration chez les femmes monoparentales puisse être attribuée aux CPE.

    Voici à mon tour un lien intéressant: http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2009-2010/fr/Garde2009_Francais.html

    Si tu essaies avec une famille monoparentale avec un revenu de 20 000 $, tu vas voir que cette famille a intérêt à refuser une place en CPE car une fois tout compté cela lui coûte 1,16$ par jour de plus qu’une garderie à 30$. Faire disparaître les CPE serait sans aucun impact pour elle. Si la famille monoparentale gagne 60 000 $, elle gagne 0,94$ en utilisant un CPE.

    Une seule conclusion s’impose: les CPE n’avantagent que les riches. On utilise l’argent des taxes pour avantager les riches.

    Je ne suis pas le premier à le dire. La preuve: http://www.er.uqam.ca/nobel/r14154/Doc_PDF/FGE2008/08-Qc-FGE-txt.pdf

    Alors j’attends encore la preuve que les CPE réduisent les inégalités.

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  4. koval permalink*
    3 juillet 2010 15 h 08 min

    Voilà bien une chose que je connaissais mais que je ne savais nommer….

    Interfinancement….un nouveau mot pour moi…

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  5. 3 juillet 2010 16 h 53 min

    «Interfinancement….un nouveau mot pour moi…»

    On ne trouve pas ce mot dans les dictionnaires courants. Mais, avant de l’utiliser dans mon billet, j’ai vérifié dans le grand dictionnaire terminologique de l’Office de la langue française :

    «Attribution inappropriée de coûts à des produits, des services, des activités ou autres objets de coût, résultant en une sous-évaluation du coût de revient de certains objets au détriment d’autres, dont le coût de revient est surévalué, ces derniers se trouvant en quelque sorte à subventionner les premiers. »

    La mention «inappropiée» a fait en sorte que je n’ai pas utilisé cette définition. C’est bizarre, car, appliquée au secteur des télécommunications, la définition devient :
    «Pratique en vertu de laquelle les revenus de l’interurbain servent au financement du service téléphonique local, afin d’assurer que le prix de ce service soit abordable. », ce qui correspond tout à fait à ce que je décris et qui n’est pas nécessairement inappropié !

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  6. Paul permalink
    3 juillet 2010 19 h 53 min

    Désolé… Je suis à la fois le Jack du premier message et le Paul du troisième. Étant en voyage, je change d’ordi à chaque fois.

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  7. 4 juillet 2010 0 h 48 min

    @ Jack ou Paul

    «Je suis à la fois le Jack du premier message et le Paul du troisième»

    En lisant votre commentaire, je ne le comprenais pas vraiment. En y repensant, j’ai imaginé une hypothèse plausible…

    Je ne vois pas de commentaire 3 à votre nom (Paul ou Jack), celui-ci étant un commentaire de Koval. Or, il est possible que vous le voyiez avec la mention que ce message est en modération et que ce serait la raison de l’envoi de votre dernier commentaire, pensant qu’il est en modération parce qu’il est signé de ce nom.

    Ce n’est pas le cas. Précisons que je ne suis pas l’administrateur de ce blogue. Je ne peux donc accepter de message en modération. Je ne sais même pas s’il y en a ! L’administrateur, (Lutopium ou Jeanne Émard, il a deux personnalités lui aussi !) est actuellement en vacances. Si de nouveaux billets paraissent, c’est qu’il les a programmés pour ce avant de partir.

    Si mon hypothèse est bonne, votre commentaire serait en modération parce qu’il y aurait plus d’un lien externe. Par défaut, les messages avec plus d’un lien sont considérés comme des pourriels. C’est d’ailleurs pourquoi je n’ai mis qu’un lien dans la réponse que je vous ai faite (commentaire 2), même si je cite plus d’un document.

    Je vous suggère donc, si mon hypothèse est bonne, de renvoyer ce commentaire, mais avec un seul lien. Si vous tenez à les garder, scindez alors votre commentaire en plusieurs commentaires, avec un seul lien par commentaire.

    J’ai peut-être écrit tout cela pour rien, mais, bon, peut-être pas !

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  8. Paul permalink
    4 juillet 2010 12 h 23 min

    Au contraire, c’est loin d’être inutile…

    Je vois effectivement que mon commentaire est en attente de modération et il contient deux liens… voilà qui explique tout.

    J’imagine que mon message sera un jour approuvé. Il n’est pas très méchant!

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  9. 4 juillet 2010 12 h 59 min

    @ Paul

    «J’imagine que mon message sera un jour approuvé. Il n’est pas très méchant!»

    Comme vous voulez, mais cela prendra environ une semaine. C’est pourquoi je vous suggérais de le scinder en deux et de l’envoyer. Mais, c’est comme vous voulez !

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  10. Paul permalink
    4 juillet 2010 23 h 42 min

    Bon, alors allons-y. Voici la partie principale:

    @ Darwin:
    « Le mode de financement des CPE n’a rien d’un interfinancement : le prix est le même pour tous. »

    Je n’ai pas exprimé clairement mon idée. Si les CPE sont déficitaires, c’est qu’ils sont financés autrement. Par exemple, on pourrait éliminer la TVQ si les CPE n’existaient pas.

    L’interfinancement apparaît ainsi: une hausse de taxes finance les CPE.

    Par ailleurs:
    « En plus, les effets des CPE sont fort positifs en matière de lutte aux inégalités. »

    Ça reste à démontrer. Je n’ai pas eu le temps de lire en entier le document mis en référence et je m’excuse à l’avance si cette étude démonte mon argumentation, mais selon ce que j’ai lu, les pauvres sont en général de moins en moins pauvres (d’ailleurs un pauvre sur 4 est propriétaire de son logement) et cette tendance s’observe autant chez les femmes monoparentales que chez les autres groupes.

    Je n’ai pas vu dans l’étude que l’amélioration chez les femmes monoparentales puisse être attribuée aux CPE.

    Voici à mon tour un lien intéressant: http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2009-2010/fr/Garde2009_Francais.html

    Si tu essaies avec une famille monoparentale avec un revenu de 20 000 $, tu vas voir que cette famille a intérêt à refuser une place en CPE car une fois tout compté cela lui coûte 1,16$ par jour de plus qu’une garderie à 30$. Faire disparaître les CPE serait sans aucun impact pour elle. Si la famille monoparentale gagne 60 000 $, elle gagne 0,94$ en utilisant un CPE.
    Une seule conclusion s’impose: les CPE n’avantagent que les riches. On utilise l’argent des taxes pour avantager les riches.

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  11. Paul permalink
    4 juillet 2010 23 h 44 min

    Et voici la deuxième partie, celle qui m’a valu le statut de spammer…

    Je ne suis pas le premier à le dire. La preuve: http://www.er.uqam.ca/nobel/r14154/Doc_PDF/FGE2008/08-Qc-FGE-txt.pdf

    Alors j’attends encore la preuve que les CPE réduisent les inégalités.

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  12. 5 juillet 2010 0 h 28 min

    «Une seule conclusion s’impose: les CPE n’avantagent que les riches.»

    Tout dépend ce qu’on compare. L’étude de l’UQAM, deuxième lien) précise qu’elle ne compare pas entre la situation des autres provinces et celles du Québec, mais à la situation avant et après l’instauration du programme de garderies à tarifs réduits. Elle ne compare pas non plus entre pas de programme du tout et ce programme. Elle compare entre la situation avant la mise sur pied de ce programme et après.

    J’ai déjà mentionné dans mon commentaire précédent : «Je déplore toutefois l’abandon de mesures comme le plan Bacon qui permettait aux familles à très faible revenu de bénéficier de places en CPE à très faible prix.» Et cela va plus loin.

    Quand mon plus jeune était au service de garde, nous ne participions pas à ce régime, justement parce qu’il était plus cher. Nous préférions attendre de faire nos rapports d’impôts pour récupérer plus de sous. Mais toute les familles n’ont pas les moyens d’attendre…

    Cette étude ne tient pas compte de la valeur de la liquidité pour les familles. Dans l’ancien système, il fallait attendre de recevoir son retour d’impôt pour que ce soit plus avantageux. Maintenant ils reçoivent la réduction en temps réel.

    Mais, de toutes façons, je n’ai pas contesté ce fait, mais ai plutôt affirmé que, quand on tient compte de tous les facteurs, le programme réduit les inégalités.

    Il semble que la réduction du % de faible revenu chez les familles monoparentales ne vous convainque pas et que vous ne prenez même pas connaissance du seul document que je mets en lien. Que puis-je ajouter, si vous n’en prenez pas connaissance ? Je mentionnais même la page pertinente !

    Tiens, une citation de CD Howe, pas reconnu pour être très à gauche. J’espère que vous la lirez :

    «Depuis l’introduction du programme, la proportion de mères sur le marché du travail dans les familles biparentales au Québec s’est accrue d’environ 21 %, soit plus du double de la hausse observée dans le reste du Canada. En outre, la plupart des nouveaux emplois sont des emplois à temps plein. Cet accroissement a de nombreux avantages : par exemple, il augmente la capacité productive de l’économie du Québec et favorise la carrière de femmes qui, autrement, n’auraient peut-être eu qu’une présence sporadique sur le marché du travail. Il engendre aussi une augmentation des recettes fiscales; ainsi, d’après nos estimations sommaires, les nouvelles recettes fiscales fédérales et provinciales compensent environ 40 % du coût du programme.

    http://www.cdhowe.org/pdf/ebrief_25_french.pdf , page 2

    Cet avantage a beaucoup plus d’effets contre les inégalités que la hausse des frais entre les deux programmes.

    Soyons clair : je le répète, je déplore que l’instauration de ce programme ait entraîné l’élimination des anciens programmes pour les plus démunis. Par contre, le fait que ce programme a été beaucoup plus populaire que l’ancien, popularité qu j’attribue au maintien des liquidités (pas besoin d’attendre ses retours d’impôts), a fortement contribué à une forte hausse du taux d’activité et du taux d’emploi des femmes ayant des enfants d’âge préscolaire.

    Au total, la baisse du taux de faible revenu des familles monoparentales ayant une femme comme chef le montre bien, ce programme contribue donc à faire baisser les inégalités.

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  13. 5 juillet 2010 0 h 51 min

    @ Jack-Paul

    Moi non plus je ne peux laisser plus d’un lien.

    Celui-ci résume ce que je disais :

    http://www.aqcpe.com/quoi-de-neuf/les-cpe-une-politique-sociale-economique-168.html

    «Entre 1997 et 2009 au Québec, le niveau d’activité économique des femmes 25-44 ans ayant des enfants de moins de 6 ans a augmenté de 11 points de pourcentage (pour atteindre 77,7 %), une hausse deux fois et demie plus élevée qu’au Canada. Les femmes sont ainsi plus autonomes financièrement et plusieurs ont pu sortir de la pauvreté.»

    Le taux d’activité de ces femmes était plus bas que la moyenne canadienne en 1997 de 2,1 points de % et était en 2009 supérieur de 4,6 points !

    «Entre 1997 et 2007, au Québec, le taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 60,3 % à 20,4 %

    Au Canada, la réduction est de 26,6 points de pourcentage
    Entre 1997 et 2007, au Canada, le taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 53,2 % à 26,6 %».

    Bref, le coût des services de garde n’est qu’un des aspects à regarder pour évaluer l’impact du programme de garderie à tarif réduit sur les inégalités.

    Dire que ce sujet n’était même pas lié au billet… et que ces données ne vous convaincront probablement pas !

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  14. 5 juillet 2010 1 h 10 min

    Dernier essai…

    Allez à http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/famls_mengs_niv_vie/revenus_depense/revenus/rev_faib_rev.htm.

    Choisissez :
    Taux de faible revenu (MFR)
    Le Québec
    Caractéristiques des familles et des personnes seules
    MFR – Seuils après impôts et transferts

    Pour les couples avec enfants (ligne 51), ce taux est passé de 7,0 % en 1997 (juste avant l’adoption de ce programme) à 3,8 % en 2007;
    Pour les familles monoparentales ayant une femme comme chef (ligne 54), de 31 % à 23,4 %

    Autre indicateur…
    Choisissez :
    Taux de faible revenu (SFR)
    Le Québec
    Caractéristiques des familles et des personnes seules
    SFR – Seuils après impôts et transferts

    Pour les couples avec enfants (ligne 51), ce taux est passé de 12,4 % en 1997 (juste avant l’adoption de ce programme) à 4,6 % en 2007;
    Pour les familles monoparentales ayant une femme comme chef (ligne 54), de 46,1 % à 21,6 %

    Je ne prétends pas que ce programme soit le seul responsable de ces baisses. Mais la corrélation est trop forte et le raisonnement qui s’en suit est trop pertinent pour qu’il n’ait joué aucun rôle dans cette amélioration spectaculaire, d’autant plus que les baisses pour les couples sans enfant ont été moindre dans les deux types de mesures du faible revenu.

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  15. jack permalink
    7 juillet 2010 12 h 25 min

    Je suis de retour chez moi. Je redeviens donc jack.

    Vous dites: « Il semble que la réduction du % de faible revenu chez les familles monoparentales ne vous convainque pas et que vous ne prenez même pas connaissance du seul document que je mets en lien. Que puis-je ajouter, si vous n’en prenez pas connaissance ? Je mentionnais même la page pertinente ! »

    Vous avez raison, la réduction du % de faible revenu ne me convainc pas que la cause en soit l’existence des CPE. La pauvreté régresse pour à peu près tous les groupes de la population, y compris les familles monoparentales.

    Par contre, vous dites que je n’ai pas lu le lien que vous offriez. Je ne l’avais pas lu en détails mais j’avais survolé le document. C’est d’ailleurs dans ce document, en page 7, que j’ai appris qu’une personne sur 4 sous le SFR était propriétaire de son logement.

    J’ai maintenant lu le document au complet. Nulle part il n’est question de CPE. Je crois donc que la contribution des CPE reste à démontrer.

    À ce sujet, l’étude du CDHowe est plutôt instructive. Mais il ne faut pas lui faire dire ce qu’elle ne dit pas.

    Dans votre commentaire, le paragraphe qui précède et le dernier qui suit votre citation du document traitent tous les deux des familles monoparentales. Cette mise en contexte peut laisser croire au lecteur inattentif que l’étude du CD Howe traite aussi des familles monoparentales. Or ce n’est pas le cas.

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  16. jack permalink
    7 juillet 2010 12 h 39 min

    Voilà de l’information qui porte spécifiquement sur les CPE. Et elle est fournie par… l’association québécoise des CPE.

    On peut y lire, comme vous le soulignez bien: «Entre 1997 et 2007, au Québec, le taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 60,3 % à 20,4 % »

    Alors que si on se fie à l’institut de la statistique, en utilisant le lien que vous fournissez, on peut lire que le taux est passé de 36,5% à 23,4%.

    Que croire? Personnellement j’accorde moins de crédibilité à un lobby qu’à un organisme indépendant.

    Vous avez encore une fois raison: ces données ne me convainquent pas pour une raison bien simple: je crois que certains chiffres sont faux.

    Si on me prouve que les chiffres sont vrais, je pourrais réviser ma position.

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  17. jack permalink
    7 juillet 2010 12 h 49 min

    Voilà, à mon avis, la meilleure référence que vous m’ayez fournie.

    J’apprécie.

    On y apprend des choses très intéressantes! Par exemple que chez les familles monoparentales dont le chef est un homme le taux de faible revenu a considérablement augmenté, passant de 9,9% à 14,2%. Pourtant ils ont aussi droit aux CPE… Je trouve cette statistique étrange.

    On peut y voir que le taux de FR des couples sans enfant est passé de 5,8% à 4,9% soit une baisse de 16% alors que pour les couples avec enfant la baisse est de 46% (de 7% à 3,8%). Voilà une statistique qui plaide en votre faveur.

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  18. 7 juillet 2010 15 h 24 min

    @ Jack-Paul
    (1 de 3)
    «On peut y lire, comme vous le soulignez bien: «Entre 1997 et 2007, au Québec, le taux de faible revenu chez les familles monoparentales ayant une femme à leur tête est passé de 60,3 % à 20,4 % »
    Alors que si on se fie à l’institut de la statistique, en utilisant le lien que vous fournissez, on peut lire que le taux est passé de 36,5% à 23,4%.»

    Vous confondez des données différentes. D’une part, le passage de 36,5% à 23,4% est le taux de faible revenu selon la mesure de faible revenu (MFR), tandis que celle citée par l’association québécoise des CPE est le taux de faible revenu selon les seuils de faible revenu (SFR). Le tableau de l’ISQ sur les SFR montre le passage d’un taux de 46,1 % à 21,6 %.

    En outre, le taux utilisé par l’AQCPE concerne les personnes, pas les familles. Leur source est dans les deux documents suivants, que je dois séparer en deux commentaires :

    Le 60,3 % pour 1997 est à la page 101 de http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/collection_2008/statcan/75-202-X/75-202-XIF2006000.pdf .

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  19. 7 juillet 2010 15 h 25 min

    @ Jack-Paul
    (2 de 3)
    Le 20,4 % pour 2007 est à la page 99 de http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/collection_2009/statcan/75-202-X/75-202-x2007000-fra.pdf .

    Cela dit, je préfère aussi la donnée de l’ISQ, quoiqu’elle ne fasse pas la différence entre les familles monoparentales avec des enfants âgés de moins de 6 ans (susceptibles de fréquenter des CPE) et les autres. Mais, peu importe la donnée utilisée, les baisses sont fortes et significatives. Et les données de l’AQCPE étaient fiables. On ne peut que leur reprocher d’avoir choisi la plus éloquente, tandis que j’en ai présenté une grande quantité provenant de sources et de concepts différents…

    «Voilà une statistique qui plaide en votre faveur.»

    En la jumelant avec l’explication qui précède, j’espère que vous constaterez que le lien est très fort entre entre la mise en vigueur des CPE et la baisse du taux de faible revenu, et que ces données convergent avec mon affirmation que le programme de garderies à tarifs réduits a contribué à réduire les inégalités, malgré un mode de paiement, il est vrai plus régressif que celui de l’ancien programme.

    Ce constat m’a aussi montré l’importance beaucoup plus grande qu’on aurait pu le penser de la liquidité dans les programmes sociaux, facteur souvent négligé par les analystes (qui n’ont pas de problèmes de liquidité, eux !).

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  20. 7 juillet 2010 15 h 26 min

    @ Jack-Paul
    (3 de 3)
    «Cette mise en contexte peut laisser croire au lecteur inattentif que l’étude du CD Howe traite aussi des familles monoparentales. Or ce n’est pas le cas.»

    Je n’ai jamais rien prétendu de tel. Il s’agissait pour moi de plusieurs séries d’indicateurs qui convergent : certains qui touchent les familles monoparentales, d’autres qui touchent toutes les mères, certains basés sur le taux d’actvité d’autres sur les taux de faibles revenus, selon deux types différents de faible revenu, le MFR, basé sur un écart relatif avec la moyenne des revenus et le SFR, basé sur un écart fixe avec la moyenne des revenus. Tous ces indicateurs montrent une amélioration substantielle depuis l’introduction de ce programme. Je préfère toujours, quand les données sont disponibles, regarder plusieurs données. Lorsqu’elles vont toutes dans le même sens, la relation avec la mise en oeuvre du programme de garderies à tarifs réduits

    «chez les familles monoparentales dont le chef est un homme le taux de faible revenu a considérablement augmenté, passant de 9,9% à 14,2%.»

    Si vous regardez au bas du tableau, vous constaterez que ces données viennent d’une enquête. Comme les hommes représentent environ 15 % des chefs de familles monoparentales, la marge d’erreur est beaucoup plus forte que pour les femmes et il est normal que ces données «bougent» beaucoup plus. D’ailleurs, on ne trouve aucune donnée diffusées de de 1973 à 1989 pour cette raison. Si vous aviez pris les données de 1996 et de 2006, vous auriez pu conclure que ce taux est passé de 18,8 % à 10,8 %… En fait ces données ne sont pas significatives et même en cherchant une tendance sur plusieurs années, on n’en trouve pas.

    Cela dit, comme les hommes «pauvres» sont beaucoup moins nombreux, il n’est pas anormal qu’ils aient moins bénéficié de ce programme. À noter que le taux d’activités des pères chefs de familles monoparentales a toujours été beaucoup plus élevé que celui des mères, comme on peut le voir à http://www.mfa.gouv.qc.ca/fr/Famille/portrait-famille-quebecoise/travail-remuneration/Pages/index.aspx .

    J’ai trouvé d’autres données et études qui vont dans le même sens, mais j’espère sincèrement qu’avec ces éclaircissements, vous réviserez votre position. À tout le moins, vous aurez constaté que je n’affirmais pas gratuitement que ce programme contribue à la réduction des inégalités.

    Et dire que ce n’était même pas le sujet du billet !

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  21. jack permalink
    7 juillet 2010 18 h 31 min

    @ Darwin:

    Je dois vous présenter mes excuses. Tout d’abord pour avoir détourné un peu le sujet de ce fil de discussion, puis pour avoir douté de la valeur de vos sources.

    Tel que promis (« Si on me prouve que les chiffres sont vrais, je pourrais réviser ma position ») et après lecture (en diagonale, je l’avoue…) de votre document de StatCan, j’avoue que je suis beaucoup moins sévère que je ne l’étais envers les CPE.

    Vous semblez être une mine d’information et j’apprécie énormément deux choses: vous donnez des sources vérifiables et vous prenez le temps de répondre aux commentaires. Cela vous donne d’autant plus de crédibilité.

    Merci!

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  22. 7 juillet 2010 23 h 55 min

    @ Jack-Paul

    Merci de votre commentaire. Ça fait toujours plaisir d’échanger avec quelqu’un qui ne nie pas les faits qui ne cadrent pas avec ses opinions de départ. Ce n’est pas très fréquent sur les blogues.

    Quant à la source des données de l’AQCPE, elle était sous leur graphique (Statistique Canada, Le revenu au Canada – 2007, no 75-202X au catalog). J’ai été sur un site que je connais (http://dsp-psd.pwgsc.gc.ca/Collection/Statcan/index-f.html ) où on retrouve plein d’études de Statcan, ai cherché le 75-202, et le tour était (presque) joué !

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