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Et on paye ça avec nos taxes !

5 décembre 2010

Par Darwin – Cette expression est pour moi l’emblème du populisme de droite. Elle se retrouve donc souvent dans le discours des membres du Réseau Liberté-Québec. Dans cette vidéo, on peut d’ailleurs entendre Éric Duhaime utiliser cette expression à outrance. Il y parle de la résistance de Radio-Canada à se plier à Loi d’accès à l’information, citant par exemple une poursuite d’un organisme gouvernemental contre Radio-Canada. Sa réflexion ?

«Y a deux avocats là qui sont payés avec vos taxes fédérales » (à 1:33 )

Plus loin, il parle d’une entente secrète (bon, pas si secrète que ça, puisqu’il en parle… et que ce n’est pas Wikileaks qui l’a révélée !) entre Radio-Canada et La Presse (hon, on ne s’en doutait pas du tout, plein d’articles ayant été rédigés là-dessus…). Sa conclusion :

« Ça, c’est vos taxes qui payent ça » (à 5:35)

Comme ça, nos taxes payent même La Presse ? Non. En fait, il aurait dû aussi mentionner qui paye les avocats de La Presse… les consommateurs !

Conflit d’intérêts ?

J’aurais pu continuer à commenter les âneries proférées par Éric Duhaime, souligner que lorsqu’il parle des citoyens qui ne reçoivent pas réponse à leur demande d’accès à l’information, il parle en fait beaucoup plus des demandes des journalistes de Sun Média, comme le mentionne un article de Canoé, qui est, comme Sun Média et le journal où écrit Éric Duhaime, propriété de Québécor : «L’avocat représente Sun Média, qui a formulé plus de 700 demandes d’informations auprès de CBC et Radio- Canada depuis 2007.». Duhaime semble donc confondre les intérêts de son employeur avec ceux des citoyens… Mais, bon, ce n’est pas de cela dont je veux parler ici.

Compilation

J’ai compilé pour m’amuser les résultats qu’on obtient avec l’expression «on paye ça avec nos taxes» sur Google. Sur les 12 résultats obtenus (en enlevant les doublons), 7 parlaient de Radio-Canada ! Une vraie phobie, quoique certaines de ces mentions ne soient que ironiques. Aucun de ces résultats ne parlait des autres réseaux qui reçoivent tous des contributions gouvernementales pour la production d’un bon nombre de leurs émissions, lorsque celles-ci sont produites par un producteur indépendant (regardez les génériques de la fin des émissions, c’est très instructif…). Ce n’est pas pour rien que Radio-Canada et Télé-Québec sous-traitent de plus en plus la production de leurs émissions au secteur privé.

Les cinq autres résultats parlaient :

  • des subventions au cinéma québécois (il n’avait pas aimé un film…) ;
  • du trop grand confort dans nos prisons (!) ;
  • du salaire de Jean Charest ;
  • en ironie pour souligner qu’il y a bien plus de scandales dans le secteur privé : Enron, Worldcom, Hollinger, Nortel, etc. (non, ce n’est pas moi qui ai écrit ça, j’aurais au moins ajouté Norbourg !) ;
  • et ma favorite, un masculiniste qui critique le financement public des accouchements à la maison par des sages-femmes !

En fait…

En fait, ce qui me fatigue le plus dans cette expression, c’est le double standard que la plupart des gens appliquent selon qu’un produit ou un service est réalisé par le secteur public ou par le secteur privé. Pourtant, toute entreprise, qu’elle soit publique ou privée, reçoit des sous des contribuables, des consommateurs ou des deux.

Le salaire d’un dirigeant du secteur privé provient parfois de l’argent des contribuables, comme dans le cas des scandales qu’on vit ces temps-ci (enfin, dont on entend parler ces temps-ci, car cela se faisait aussi avant que ce ne soit médiatisé), mais bien plus souvent de l’argent des gens qui payent pour les biens ou services que l’entreprise qu’il dirige vend. Pourtant, quand une entreprise fait ses sous avec l’argent des consommateurs, on exige peu de transparence de sa part, mais on voudrait (avec raison) une transparence presque parfaite des organismes qui se financent avec l’argent des contribuables.

Un marché ne peut pourtant être vraiment libre que dans une situation de concurrence parfaite. Or, il n’y a pas de concurrence parfaite sans transparence de l’information. Actuellement, on exige la transparence de Radio-Canada, mais pas celle des autres postes de télé ou organes d’information… même si la supposée concurrence dans ces domaines l’exigerait.

Alors…

Pourquoi n’aurions-nous pas une loi d’accès à l’information pour les entreprises privées qui, après tout, existent aussi grâce à notre argent ? Ce qu’on paye directement avec notre argent a-t-il moins d’importance que ce qu’on paye avec nos taxes et impôts ? Quand entendrons-nous les consommateurs déclarer avec autant d’insistance «Et on paye ça avec notre argent !» ?

Consommateurs et contribuables, même combat !

11 commentaires leave one →
  1. Olivier Gagnon permalink
    5 décembre 2010 18 h 08 min

    Puisque j’ai remarqué que j’ai remarqué que vous ne voulez pas discuter Mr. Darwin, je vais vous répondre de cette façon:

    Savez vous ce que veut dire ‘populisme’ ou vous l’utilisez seulement parce que vous croyez que ‘droite populiste’ sont deux mots que vous avez entendu tellement souvent que dans votre tête ils vont ensemble ?

    Qu’est-ce qu’il y a de mal à dénoncer certaines mal gérances du gouvernement ?

    Votre article est d’une démagogie assez effarante. Vous énumérez certains scandales d’entreprises pour dire que « le privé n’est pas mieux ». Vous amalgamez l’argent des contribuables qui est dépensée par le gouvernement sans son accord avec l’argent qu’un consommateur débourse pour s’acheter un bien ou un service qu’il a décidé d’acheter. Ca n’a pas seulement aucun sens, c’est de la démagogie pure et simple exprimée sans aucune retenue pour tenter de créer des faux arguments.

    Mr. Darwin, soyez un peu plus pertinent.

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  2. koval permalink*
    5 décembre 2010 19 h 17 min

    Darwin

    Le lien de la vidéo de Duhaime semble pointer à la mauvaise place…

    Olivier…visiblement vous êtes ici pour baver, pour parler de démagogie effarante dans le cas de cette article, faut être un troll ou un adorateur des relquistes, vous savez, on en a vu d’autres, ça ne nous impressionne pas.

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  3. 5 décembre 2010 19 h 47 min

    @ Koval

    «Le lien de la vidéo de Duhaime semble pointer à la mauvaise place…»

    Oui, tu as raison, mais on dirait que c’est une redirection. Si tu regardes l’adresse au haut de ton navigateur, tu verras que l’adresse change. Je crois que j’ai mis un espace de trop dans le lien. Le bon lien est http://lesanalystes.wordpress.com/2010/09/20/srccbc-acces-a-linformation/

    J’ai écrit à Luto pour qu’il le corrige. Pourtant, quand je le testais, il fonctionnait…

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  4. 5 décembre 2010 19 h 57 min

    @ Procule

    «Qu’est-ce qu’il y a de mal à dénoncer certaines mal gérances du gouvernement ?»

    Si vous lisiez avant de critiquer, vous auriez remarqué que j’ai clairement indiqué que les citoyens ont raison de demander la transparence des actions de l’État. Je ne fais que dire qu’on devrait être aussi exigeant envers le secteur privé qu’envers le secteur public. Selon vous, on devrait l’être moins ? Pourquoi ? Dans votre idéologie, n’est-il pas sensé être le plus efficace ? Pourquoi alors refuser qu’il soit assujetti aux mêmes obligations que le secteur public ?

    «Vous énumérez certains scandales d’entreprises pour dire que « le privé n’est pas mieux ».»

    Encore là, vous démontrez vos lacunes en lecture. Je n’ai fait que décrire les circonstances des gens qui utilisent l’expression «on paye ça avec nos taxes». Allez faire le test sur Google et vous verrez.

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  5. 6 décembre 2010 7 h 29 min

    Bon point… il me semble évident que la croisade de M. Duhaime contre Radio-Canada doit faire extrêmement plaisir à son patron, Pierre-Karl Péladeau. Pourtant, ce dernier ne refusa pas l’aide financière considérable que lui a offert Bernatd Landry lorsque Vidéotron était à vendre. Grâce à la Caisse de Dépôt (notre patrimoine), son patron est devenu un des hommes les plus riches du Québec.

    Je comprends que M. Péladeau souhaite la privatisation, voire la disparition de Radio-Canada. Inutile d’expliquer pourquoi… D’ailleurs, en désirant se retirer du Fonds canadien de télévision, il refuse de collaborer avec l’industrie même si sa situation quasi-monopolistique lui permet de générer des profits exceptionnels. Et voilà qu’il poursuit un des employés de R.-C. pour diffamation, obligeant la société d’état à payer des avocats pour se défendre contre ses sautes d’humeur.

    La privatisation ou la disparition de R.-C. fait partie du programme des néo-conservateurs depuis la fusion entre le Reform et le PCC. Même le cycle de Doha de l’OMC demandait aux pays de se retirer des services de télédiffusion pour laissser toute la place à l’entreprise privée.

    Comme bien des citoyens québécois et canadiens, je supporterai toujours l’existence d’une télévision et d’une radio publique. Cependant, ça ne veut pas dire que j’endosse les excès et la mauvaise gestion des fonds publics. Les dirigeants de R.-C. devraient toujours se rappeler qu’ils gèrent des fonds publics avant de se lancer dans des extravagances. Car il y en a…

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  6. 6 décembre 2010 23 h 38 min

    @ Luto

    «Pourtant, ce dernier ne refusa pas l’aide financière considérable que lui a offert Bernatd Landry lorsque Vidéotron était à vendre.»

    Et il ne refusera pas les millions $ offerts par Charest et Labeaume…

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  7. 8 décembre 2010 17 h 53 min

    Un article qui va dans le sens de ce que je disais à propos du comportement de Québécor à l’endroit de Radio-Canada :

    Le président de Radio-Canada s’en prend à Quebecor

    «Il a souligné que Radio-Canada / CBC avait reçu 400 demandes d’accès à l’information en quelques mois à la fin 2007, de la part d’une firme d’avocats travaillant pour Sun Media. Le diffuseur public et d’autres sociétés d’État sont soumis à la Loi sur l’accès à l’information depuis le 1er septembre 2007.»

    http://www.cyberpresse.ca/arts/medias/201012/07/01-4350139-le-president-de-radio-canada-sen-prend-a-quebecor.php

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  8. 8 décembre 2010 18 h 34 min

    Duhaime n’est qu’un petit serviteur. Voilà qu’il en remet pour justifier le comportement anti-syndical de son patron:

    http://blogues.canoe.ca/ericduhaime/enjeux-de-societe/syndicalisme/progressistes-anti-progres/

    Quand les partis politiques ne veulent plus de toi, faut bien gagner sa vie, hein mon Éric ?

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  9. 8 décembre 2010 18 h 52 min

    @ Luto

    «Voilà qu’il en remet pour justifier le comportement anti-syndical de son patron:»

    Ben voyons, les conflits d’intérêts, ça n’existe pas dans le privé…

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