Aller au contenu principal

Le chômage, son taux et ses prestations

17 octobre 2011

Lors de la dernière campagne électorale fédérale, nombreux sont les candidats qui ont dénoncé les lacunes de la Loi sur l’assurance-emploi. L’idée ici n’est pas de discuter du mérite de leurs propositions (que j’appuie, règle générale), mais bien d’analyser un des principaux arguments soulevés. Par exemple, Gilles Duceppe a répété à plusieurs reprises (et il ne fut pas le seul) que «La majorité des personnes qui perdent leur emploi n’y ont pas accès et sont laissées sur le carreau.» Est-ce vrai ? Pas tout à fait…

Pour expliquer l’erreur de Gilles Duceppe, je vais devoir faire un petit détour pour être bien certains que nous parlons tous de la même chose quand on débat sur le chômage et le taux de chômage…

Chômage – dictionnaire

Le premier sens du mot «chômage» est : «Suspension des travaux le dimanche et les jours de fête.». C’est d’ailleurs le sens que donne à ce mot la Commission des normes du travail dans son article sur les jours fériés : «La majorité des salariés au Québec a droit à un congé et à une indemnité pour chacun des jours fériés, chômés et payés suivants :».

Le deuxième sens ressemble plus à ce qu’on entend quand on parle du chômage en économie : «Situation d’une personne, d’une entreprise, d’un secteur entier de l’activité économique caractérisée par le manque de travail.». Bravo, mais comment peut-on calculer un taux de chômage avec une telle définition? Impossible… C’est d’ailleurs pourquoi Statistique Canada a dû développer sa propre définition.

Chômage – Statistique Canada

À la page 11 de son Guide de l’Enquête sur la population active, Statistique Canada définit ainsi les chômeurs :

«Les chômeurs sont les personnes qui, durant la semaine de référence,

  • étaient disponibles pour travailler

et

  • avaient été mises à pied temporairement,
  • avaient cherché un emploi au cours des quatre dernières semaines ou
  • devaient commencer un emploi au cours des quatre prochaines semaines.»

Bref, un chômeur n’est pas nécessairement une personne qui a perdu son emploi, mais bien une personne qui cherche un emploi. Or, en 2010 au Québec, plus de 30 % des chômeurs n’avaient pas travaillé depuis au moins un an. Il pouvait s’agir de personnes qui n’avaient jamais travaillé (en général des jeunes qui cherchent un premier emploi), de chômeurs de longue durée ou de personnes qui veulent revenir sur le marché du travail, qui cherchent un emploi, mais n’en trouvent pas qui les satisfasse.

Prestataires d’assurance-emploi et chômeurs

Pour avoir droit à des prestations d’assurance-emploi, il faut avoir accumulé un certain nombre d’heures de travail salarié au cours de la dernières années (entre 420 et 900, selon le cas). En partant, il est clair que les plus de 30 % de chômeurs qui n’ont pas travaillé depuis au moins un an n’ont pas droit à ces prestations (il existe des exceptions, mais elles ne sont pas fréquentes). M. Duceppe aurait pu dire que cette situation existe en raison de critères d’admissibilité trop restrictifs, mais aucune des suggestions d’amélioration de la loi de son parti ne concernait cette partie des critères d’admissibilité!

En enlevant ces chômeurs, on ne peut plus dire que «La majorité des personnes qui perdent leur emploi n’y ont pas accès». Ceux qui n’en touchent pas, sont notamment :

  • des travailleurs autonomes (quoique le taux de chômage est très faible chez eux, autour de 2 %, la majorité d’entre eux encaissant une baisse de revenu quand ça va mal plutôt qu’une perte d’emploi);
  • des personnes n’ont pas travaillé assez d’heures;
  • des personnes qui ont quitté leur emploi volontairement «sans motif valable»;
  • des personnes qui ont été congédiées pour «inconduite»;
  • des personnes ayant droit aux prestations qui n’ont pas présenté de demande.

Ces gens sont trop nombreux, mais ne sont pas majoritaires. Il est important de bien comprendre cette situation si on veut apporter des changements qui permettront d’améliorer vraiment leur sort.

Les graphiques et tableaux sur cette page présente la situation globale pour le Canada en 2009 :

  • 30 % des chômeurs canadiens (441 000 sur 1 483 000) n’avaient pas cotisé (ceux qui n’avaient pas travaillé la dernière année ou étaient des travailleurs autonomes). On pourrait faire diminuer cette proportion en rendant les travailleurs autonomes admissibles, mais cela demanderait un changement majeur dans le fonctionnement du programme, qui laisse une grande partie du contrôle aux mains des employeurs (motif du chômage, entre autres). Comme le travailleur autonome est son propre employeur, il déciderait lui-même du motif de son chômage. C’est donc possible de le faire, mais pas évident.
  • la raison du chômage d’entre 12 et 13 % des chômeurs ne satisfaisait pas aux critères du programme, en majorité des départs volontaires «non justifiés» et des congédiements en raison d’une «inconduite». Là aussi, un changement de critères pourrait rendre une partie ou même tous ces chômeurs admissibles, soit en augmentant le nombre de «motifs valables» pour quitter son emploi, soit en diminuant la période d’exclusion en raison de ces critères (par exemple, ces personnes n’étaient pénalisées que de 1 à 6 semaines il y a 20 ans, mais sont totalement inadmissibles depuis une quinzaine d’années). Cela dit, je n’ai vu aucune proposition du Bloc à cet effet.
  • 8 % des chômeurs n’avaient pas travaillé suffisamment d’heures. Là, certaines des propositions du Bloc et de M. Duceppe pourrait faire diminuer cette proportion, par exemple, par une diminution des heures exigées pour recevoir des prestations.
  • un certain nombre de prestataires ont épuisé leur période de prestations (ce nombre n’est pas précisé dans le tableau, car il ne les distingue pas des chômeurs ayant droit aux prestations mais n’en ont pas demandé et de ceux qui ne reçoivent pas de prestations pour d’autres motifs). Il serait possible d’améliorer la situation. D’ailleurs, une des proposition du Bloc visait justement à faire augmenter le nombre de semaines où on peut recevoir des prestations.

Mentionnons finalement qu’on peut recevoir des prestations d’assurance-chômage sans être chômeur. Par exemple, si le revenu de travail est relativement faible, on n’est pas «chômeur» selon Statistique Canada , mais on peut recevoir des prestations d’assurance-chômage réduites.

Bref, M. Duceppe a confondu les chômeurs avec les «personnes qui perdent leur emploi» et ses propositions ne feraient augmenter que légèrement la proportion de chômeurs qui reçoivent des prestations d’assurance-chômage. Ce serait quand même ça de pris…

Autres catégories de «chômeurs»

J’ai souvent entendu dire que Statistique Canada sous-évalue de beaucoup le vrai chômage, ne comptabilisant pas les chercheurs d’emploi dits «découragés» (personnes qui voudraient un emploi, mais n’en cherchent pas parce qu’ils sont convaincu de ne pas pouvoir en trouver), ceux qui attendent une réponse pour un emploi ou encore les travailleurs qui acceptent des emplois à temps partiel parce qu’ils n’en trouvent pas à temps plein. Certaines personnes prétendaient même que le «vrai» taux étaient le double de l’officiel. Or, Statistique Canada a ajouté plusieurs questions à son enquête en 1997, justement pour fournir des données supplémentaires sur le chômage sur ces questions.

Finalement, le fait d’ajouter ces personnes pour obtenir un taux de sous-emploi a beaucoup moins d’impact que ce que ces gens pensaient. Ainsi, selon le tableau cansim 282-0086 de Statistique Canada, voici l’impact qu’aurait eu sur le taux de chômage (ou de sous-emploi) du Québec en 2010 l’ajout de ces facteurs :

  • chômeurs dits «découragés» : + 0,1 point de pourcentage
  • personnes en attente d’un rappel ou d’un emploi qui commencera dans plus de 4 semaines : + 0,6 point de pourcentage
  • personnes qui acceptent des emplois à temps partiel parce qu’ils n’en trouvent pas à temps plein : + 1,9 point de pourcentage
  • total : + 2,7 points de pourcentage

Bref, en tenant compte de ces facteurs, le «taux de sous-emploi» aurait été de 10,7%, alors que le taux de chômage officiel était de 8,0 %.

Cet impact n’est pas négligeable, mais bien moindre que prévu. J’ajouterai que l’impact total de ces facteurs n’a jamais été supérieur à 3,1 points de pourcentage et jamais inférieur à 2,5 points au cours des 10 dernières années.

Cela dit, ces «taux supplémentaires du chômage» sont d’excellents indicateurs pour connaître le niveau réel du sous-emploi. Par exemple, l’impact total de ces facteurs aux États-Unis était de 7,4 points de pourcentage en septembre, faisant passer le taux de chômage officiel de 9,1 % à  un taux de sous-emploi de 16,5 %! On voit donc que la situation du sous-emploi est beaucoup plus grave aux États-Unis qu’ici et que ce que montre la seule différence entre nos taux de chômage officiels.

Et alors…

Il me restait quelques petites choses à ajouter, mais ce billet a atteint sa limite de longueur… J’aurais pu par exemple élaborer sur le fait que la définition du chômage diffère selon les pays et que les comparaisons ne sont pas toujours justes. Bon, voilà, je l’ai dit sans le démontrer!

J’ai simplement voulu montrer que la question du chômage est plus complexe qu’elle n’apparaît à première vue. La question du chômage étant complexe, sa mesure, le taux de chômage, l’est aussi, de même que les programmes gouvernementaux pour compenser la perte d’un emploi. De nombreux juges ont d’ailleurs déjà affirmé que la Loi sur l’assurance-emploi est la loi la plus complexe après celle de l’impôt, car, étant farcie d’exceptions, il est presque impossible d’y trouver les principes fondamentaux, ce qu’on appelle l’économie d’une loi.

C’est en tenant compte de tous ces éléments qu’on peut penser améliorer cette loi. Elle a subi un nombre effarent de raboudinages qui l’ont transformée en un monstre administratif et en un enfer pour certains nouveaux chômeurs qui ne peuvent connaître toutes ses subtilités. Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on en droit. Mais encore faudrait-il la rendre compréhensible et surtout mieux adaptée aux besoins des travailleurs du XXIème siècle!

Jusqu’au jour où nous n’en aurions plus besoin. Mais, ça, ce n’est pas demain la veille!

14 commentaires leave one →
  1. jack permalink
    17 octobre 2011 22 h 42 min

    Encore! J’en veux encore!

    Quel excellent billet. J’adore. Moi qui croyait que StatCan ne tenait compte que des prestataires d’assurance-emploi… Je n’ai pas encore lu le texte que tu fournis en référence mais un rapide coup d’oeil m’incite à le lire attentivement.

    Je n’ai pas très bien compris la différence entre les groupes A, T et P mais c’est normal, je n’ai pas encore lu les explications. Mais j’imagine que les femmes enceintes et les nouveaux parents se retrouvent là…

    J’aime

  2. Richard Langelier permalink
    17 octobre 2011 22 h 50 min

    De quelle façon est mesuré le nombre de chômeurs « dits découragés » ?
    Sauf erreur, Statistique-Canada fait son enquête par sondage téléphonique. Est-ce qu’on pose la question: « Êtes-vous un chômeur découragé »?

    J’aime

  3. 17 octobre 2011 22 h 55 min

    «Je n’ai pas très bien compris la différence entre les groupes A, T et P»

    Les explications sont très mauvaises. C’est pourquoi je n’ai pas élaboré sur ces trois dernières catégories.

    «Moi qui croyait que StatCan ne tenait compte que des prestataires d’assurance-emploi…»

    Sérieusement, vous n’êtes pas le seul. J’ai déjà lu une lettre au lecteur (publiée!) dans la Presse qui affirmait que le gouvernement rendait les critères d’assurance-chômage plus sévères pour faire baisser artificiellement le taux de chômage… J’étais contre ces critères plus sévères (plus d’heures ou de semaines pour être admissible, des prestations moins longtemps, avec un taux de remplacement moindre), mais cela n’avait rien à voir avec le taux de chômage!

    Tant qu’à y être… Certains pensent que les prestataires de l’aide sociale ne peuvent pas être des chômeurs. C’est faux! S’ils cherchent un emploi, ils sont considérés dans les stats. D’autres que les personnes de 65 ans et plus ne peuvent pas l’être non plus. C’est encore faux! Seuls les pensionnaires d’établissements (hôpitaux, CHSLD, prisons…) sont exclus, ce qui fait dire à certains que l’emprisionnement aux États-Unis fait baisser le taux de chômage artificiellement. J’ai fait des calculs rapides, et la baisse existe, mais est très faible…

    Je voulais parler de ces choses en commençant le billet, mais, bon, comme je l’ai écrit, j’avais atteint la longueur limite que je me suis imposée!

    J’aime

  4. 17 octobre 2011 23 h 16 min

    @ Richard Langelier

    «Sauf erreur, Statistique-Canada fait son enquête par sondage téléphonique. »

    Erreur. Comme vous devez le savoir, les panels de l’Enquête sur la population active sont interrogés pendant six mois. Normalement, la première entrevue est faite en personne, les 5 autres au téléphone. Il existe des cas où elles sont toutes faites au téléphone (je ne connais pas tous les détails) et parfois, si la personne comprend mal, il peut y avoir d’autres visites à domicile (ces infos me viennent d’un économiste de Statcan). De toute façon, c’est mieux qu’au recensement, où Statcan n’a que des réponses par écrit.

    «Est-ce qu’on pose la question: « Êtes-vous un chômeur découragé »?»

    J’espère que c’est une boutade…

    Allez à http://www.statcan.gc.ca/pub/71-543-g/2010001/appendix-appendice2-fra.htm et cherchez sur la page la question LFI_Q178:

    «Quelle est la raison principale pour laquelle … n’a pas cherché du travail la semaine dernière?
    Si « Croyait qu’il n’y avait pas de travail », passez à 190
    Autrement passez à 500»

    On jumelle donc avec les réponses au bloc suivant:

    «Bloc disponibilité

    LFI_Q190— Aurait-[il/elle] pu travailler la semaine dernière [s’il/si elle] avait été rappelé(e)/si un emploi convenable lui avait été offert]?
    Si oui, passez à 400

    LFI_Q191 —Quelle est la raison principale pour laquelle … n’était pas disponible pour travailler la semaine dernière?
    Passez à 400»

    Le choix des réponses est plus loin, avec les mêmes codes :

    «LFI_Q178

    1Maladie ou incapacité de l’enquêté(e)
    2Soins à donner à ses enfants
    3Soins à donner à un parent âgé (60 ans ou plus)
    4Autres obligations personnelles ou familiales
    5Va à l’école
    6Attendait d’être rappelé(e) à son ancien emploi
    7Attendait que des employeurs lui répondent
    8Croyait qu’il n’y avait pas de travail (dans la région, ou correspondant à ses compétences)
    9N’a donné aucune raison
    10Autre – Précisez»

    Les découragés répondent 8

    La réponse à LFI_Q190 est oui ou non… Pour être avec les découragés, il faut avoir répondu «oui»…

    J’aime

  5. Richard Langelier permalink
    17 octobre 2011 23 h 49 min

    @ Darwin

    J’ai un trou de 20 ans dans mon curriculum vitae. Je sais bien que dans l’organisation du travail actuelle, je ne pourrais passer avec succès aucune entrevue. Je ne répondrais pas 8. J’ai fait du bénévolat dans toutes sortes d’organismes. Si ces derniers avaient eu les ressources financières pour me donner un salaire, la majorité d’entre eux l’auraient fait. Même après 2 ans de demandes d’emploi sans accusé de réception ou d’entrevues improductives, je suis persuadé qu’une personne ne répondrait pas 8.

    Ma définition de chômeurs découragés est différente de celle de Statistique-Canada, mais je n’ai pas de méthode pour les recenser.

    J’aime

  6. 18 octobre 2011 0 h 02 min

    @ Richard Langelier

    «Même après 2 ans de demandes d’emploi sans accusé de réception ou d’entrevues improductives, je suis persuadé qu’une personne ne répondrait pas 8.»

    La personne que vous décrivez, qui envoyait des demandes d’emploi sans réponse ne pouvait pas répondre 8 à cette question, car elle ne lui aurait pas été posée. On ne pourrait en effet pas lui demander «Quelle est la raison principale pour laquelle … n’a pas cherché du travail la semaine dernière?», car elle en avait cherché. Elle était donc comptabilisée dans les chômeurs.

    En passant, le fameux «8» n’est pas une question posée, mais bien le codage de la réponse de la personne qui répond librement. Aucune réponse ne lui est proposée. La liste de 1 à 8 fait partie de la liste des codes, comme vous pouvez le voir en cherchant «Liste de codes» sur la page http://www.statcan.gc.ca/pub/71-543-g/2010001/appendix-appendice2-fra.htm et en descendant jusqu’à LFI_Q178.

    Je ne sais pas si j’avais besoin de le préciser, mais je le fais au cas-où.

    J’aime

  7. Richard Langelier permalink
    18 octobre 2011 0 h 39 min

    @ Darwin

    Ce que je tente de souligner, c’est que la personne qui a décroché de la société aura tendance à ne pas répondre pas au sondage, soit parce:
    – qu’elle est sans domicile fixe
    – qu’elle vit de larcins
    – qu’elle complète son chèque d’aide sociale sociale, en ramassant des bouteilles et canettes dans le parc
    – qu’elle vit dans la honte, etc.

    Ce n’est pas à vous ni à Statistique-Canada que je fais le reproche. Je suis persuadé que les chômeurs découragés sont plus nombreux que l’estimation de Statistique-Canada, mais par définition, il s’agit d’une catégorie sociale difficile à quantifier.

    J’aime

  8. Pragmatisme permalink
    18 octobre 2011 3 h 53 min

    Bon texte. Cependant il y a certains trucs qui me chicottent. Par exemple, le chiffre ne des 50% des chômeur ne vient probablement pas de monsieur Duceppe mais du mouvement des sans-chemises, soit une coalition des syndicats québécois. Faudrait voir où ces derniers prennent leurs chiffres.

    Ici nous avons un aperçu : http://www.comitechomage.qc.ca/SC/argumentaire/argumentaire.pdf mais pas tout le nécessaire. Il s’agirait simplement d’un ratio chômeurs / prestataires.

    Ensuite dans le groupe des gens qui ne se qualifient pas à l’assurance-emploi vous pouvez aussi ajouter un étudiant travaillant à temps partiel et qui perd son emploi. Comme il n’est pas disponible à travailler du lundi au vendredi, il ne peut pas se qualifier au programme même s’il cotise. Évidement il pourra contester la décision devant le conseil arbitrale mais ses chances sont plutôt moyennes dépendamment de ses antécédents travail/étude.

    C’est en allant relire les propositions du Bloc que j’ai peut-être trouvé le 50% des chômeurs. Vous avez occulté la question de l’abolissions du délai de carence. Le délai de carence est la période des 2 premières semaines où vous êtes théoriquement admissible aux prestations d’assurance-emploi mais où le gouvernement ne vous en verse pas. Donc une fois votre dernier chèque paie épuisé, votre 4% aussi et votre prime de départ si vous en aviez une ( tout ça étalé sur un nombres de semaines équivalentes à votre taux de prestations) vous aurez 2 semaines sans revenus.

    Combien de chômeurs se trouvent un emploi pendant cette période de 2 semaines (1 mois en incluant le 4%) où ils se trouvent un emploi mais où le gouvernement les prive de revenus afin de les punir d’avoir perdu leur emploi précédent ? La majorité des gens autour de moi qui ont perdu leur emploi en ont retrouvé un à l’intérieur d’un mois. Ce qui me porte à croire que ce nombre pourrait être important. Donc des gens qui cotisent, qui ont perdu leur emploi, qui ont subit une perte de revenu mais qui n’ont pas été indemnisé.

    En additionnant les gens qui n’ont pas les heures requises, ceux qui ne cadrent pas tout à fait dans le régime (comme les étudiants travailleurs) et ceux qui se trouve un emploi à l’intérieur du délai de carence nous obtenons peut-être le 50%.

    J’aime

  9. Pragmatisme permalink
    18 octobre 2011 3 h 57 min

    ah et désolé pour les fautes… je crois qu’il est l’heure du dodo pour moi….

    J’aime

  10. 18 octobre 2011 6 h 11 min

    @ Pragmatisme

    «le chiffre ne des 50% des chômeur ne vient probablement pas de monsieur Duceppe mais du mouvement des sans-chemises»

    Il utilise en effet le ratio prestataires-chômeurs. qui est, comme défini à la page 5 de votre document : «Nombre de prestataires d’assurance-emploi (donnée administrative) / Nombre de chômeurs (donnée de sondage).»

    Sauf que M. Duceppe (ou son rédacteur) n’utilise pas la bonne définition de chômeur, comme je le dis au début de mon billet. Il parle de « personnes qui perdent leur emploi», tandis qu’un chômeur (donnée d’enquête, et non de sondage comme le dit votre document) est un chercheur d’emploi. C’est justement ce que je tente d’expliquer dans mon billet! Il semble que j’aie raté mon coup avec vous!

    «vous pouvez aussi ajouter un étudiant travaillant à temps partiel et qui perd son emploi.»

    En général, cet étudiant n’accumule pas suffisamment d’heures pour se qualifier. S’il en accumule assez, il a droit aux prestations pendant un certain temps, car, il a démontré par son historique d’emploi qu’il est en mesure d’en trouver un. La jurisprudence dit qu’il a droit à un «délai raisonnable» pour en trouver un. Ensuite, il a droit à un «avertissement raisonnable» avant d’être coupé. J’ai déjà défendu des prestatataires dans une autre vie, je connais donc assez bien la jurisprudence…

    «Vous avez occulté la question de l’abolissions du délai de carence.»

    Je n’ai rien occulté. Je trouve en passant cette accusation franchement insultante, comme si je ne l’avais pas mentionnée pour la cacher. Vous auriez pu parler d’omission ou d’oubli, cela aurait évité de me prêter des intentions malicieuses. À moins que ce ne soit qu’une mauvaise utilisation du français à cette heure avancée (bien pire qu’un faute d’orthographe!).

    Ce billet ne visait pas à présenter toutes les propositions du bloc ou les revendications des organismes, mais celles qui ont un lien avec l’admissibilité aux prestations et à leur durée, bref celles qui peuvent changer le ratio prestataires-chômeurs. Dans les statistiques du ratio prestataires-chômeurs, les deux semaines d’attente sont incluses, car un chômeur est un prestatataire durant cette période. Donc, son abolition, qui serait une bonne chose et que j’appuie, ne changerait pas ce ratio. Il changerait par contre la différence entre T et P, comme le mentionnait hier Jack. Or, c’est P qui est utilisé dans le ratio, pas T.

    Occultation? Simplement non pertinence dans le sujet traité. Je répète que suis de toute façon tout à fait d’accord avec cette abolition. Alors pourquoi l’occulterais-je? Je déteste quand les commentateurs me prêtent des intentions, surtout de cacher volontairement de l’information!

    « tout ça étalé sur un nombres de semaines équivalentes à votre taux de prestations»

    Faux! La répartition de ces sommes se fait selon le salaire hebdmadaire normal et non selon le taux de prestations, mais bon, c’est un détail.

    «ceux qui se trouve un emploi à l’intérieur du délai de carence nous obtenons peut-être le 50%.»

    Vous n’avez manifestement pas compris le sens de ce billet. Je ne conteste pas le 50 % du ratio, mais l’utilisation du terme « personnes qui perdent leur emploi» au lieu de «chômeurs»! Le but de ce billet était de préciser la définition de «chômeurs», pas de présenter les revendications des organismes de chômeurs ou du Bloc! Et je le répète, l’abolition du délai de carence, qui serait une bonne chose, ne changerait rien à ce ratio, en raison de la façon dont il est calculé actuellement.

    J’aime

  11. Pragmatisme permalink
    18 octobre 2011 11 h 47 min

    « omis ou oublié » si vous préférez. Je ne cherche pas à vous prêter de mauvaise intention si c’est ce que vous craigniez. En fait vous ne considériez tout simplement pas que c’était pertinent. Or, j’avais l’impression que cela me donnait CC vs T donc moins 50% des chômeurs ayant cotisés à défaut que C vs P soit valide comme l’affirme les sans-chemises.

    J’avais compris que vous étiez en désaccord avec la définition de chômeur utilisé par Duceppe dans son discours. Sur ce point, je suis d’accord avec vous. Mon point est qu’essentiellement le ratio me semblait bon et que le reste pouvait venir d’un rédacteur de discours préférant « personnes qui perdent leur emploi » à chômeur ou chômeur ayant cotisé, croyant que se sont des synonymes.

    Je savais que le chiffre venait des sans-chemises puisque j’ai eu une de leur affiche devant chez moi (sous l’affiche du candidat conservateur) pendant presque toute la campagne électorale et que j’ai discuté brièvement avec celui qui l’a posée.

    Merci pour la précision sur les étudiants, je ne suis pas expert au niveau de la loi de l’assurance-chômage je connaissais seulement une étudiante qui a perdu au conseil arbitrale.

    J’aime

  12. 18 octobre 2011 18 h 42 min

    @ Pragmatisme

    « je connaissais seulement une étudiante qui a perdu au conseil arbitrale.»

    C’est difficile de discuter son cas sans connaître les détails de sa situation. Par exemple, si son horaire de cours changent, on pourrait considérer que son historique d’emploi (avoir pu travailler makgré ses cours) ne s’applique plus. Tout dépend aussi du motif de sa fin d’emploi.

    Il n’est même pas sûr qu’elle soit considérée comme chômeuse par Statistique Canada! On peut en effet lire à la page 8 du Guide de l’Enquête sur la population active :

    «Les étudiants à temps plein qui sont actuellement aux études et qui cherchent un travail à temps plein ne sont pas considérés comme étant disponibles au cours de la semaine de référence. Il est présumé que ces étudiants sont à la recherche d’un emploi d’été, d’un emploi dans le cadre d’un programme coopératif ou d’un emploi permanent qu’ils occuperont ultérieurement; ils ne sont donc pas pris en compte dans l’offre de main-d’oeuvre.»

    Bon, si j’ai bien compris, elle cherchait un emploi à temps partiel et, dans ce cas, serait considérée comme chômeuse. Mais, cela n’a rien à voir avec son admissibilité à l’assurance-emploi. Encore là, aucune revendication du Bloc et des sans chemise ne touche cette situation.

    «le reste pouvait venir d’un rédacteur de discours préférant « personnes qui perdent leur emploi » à chômeur ou chômeur ayant cotisé, croyant que se sont des synonymes.»

    C’est fort possible. C’est un peu ça qui m’a donné l’idée de ce billet! Je ne visais pas spécifiquement Duceppe avec ce billet. J’ai même pris la peine d’écrire «et il ne fut pas le seul» pour montrer que la confusion est répandue. Mais, c’est la première référence à ce type d’affirmation que j’ai trouvée. Et c’est aussi la plus connue. De mémoire, il l’a même répétée durant le débat des chefs.

    «« omis ou oublié » si vous préférez»

    Je parais peut-être chatouilleux, mais «occulter» a un sens très précis et très négatif : «Cacher à l’esprit, rendre obscur, dissimuler».

    J’aime

Trackbacks

  1. Le chômage et ce qu’on en dit «
  2. IRIS – Blogue – Qu’est-ce que le taux de chômage?

Laisser un commentaire