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Ce n’est pas une simple question de sémantique

28 mars 2015

sémantiqueJ’ai pensé une seconde écrire un billet sur le budget de l’Alberta qui a été déposé hier et qui montre que les déficits peuvent survenir même chez les plus riches, mais je me suis dit que, avec tout ce qui s’est écrit sur celui de Martin Coiteux, vous en aviez eu assez pour quelques jours. Alors, pourquoi ne pas parler des vraies affaires, soit d’une autre expression qui me tape sur les nerfs?

Dans une chronique parue cette semaine, Michel David a débuté son texte en disant que «La politique est en grande partie une affaire de mots. Entre la « souveraineté » et « l’indépendance », la « rigueur » et l’« austérité », il y a plus qu’une simple question de sémantique». Mais, les questions de sémantique sont-elles si simples?

D’ailleurs, il poursuit en expliquant que ces expressions ont des connotations émotives différentes. Mais pourquoi ont-elles des connotations émotives différentes? Essentiellement parce qu’on les a utilisées sans respecter leur sens. Et qu’est-ce que la sémantique? Des nombreuses définitions de ce mot, celle que je trouve la plus appropriée à ce contexte est «qui a rapport à la signification d’un mot». Donc, en disant que ce n’est pas une simple question de sémantique, M. David ne réalise pas que toute son histoire origine justement du fait que certains n’ont pas respecté la signification des mots, soit leur sémantique!

Qu’était le jeu de Jean Charest et de sa cour de transformer une grève en boycott, sinon une intention de changer la signification des mots, donc de travestir la sémantique? Disons que c’est une «simple question de sémantique» qui est devenue une stratégie de dénigrement et de détournement!

Dans une des lettres sur cette page, un commentateur distingue de façon pertinente un autre jeu qui était moins évident que la confusion sémantique entre un boycott et une grève, mais qui était peut-être encore plus insidieux. Il nous rappelle l’insistance du gouvernement pour que les représentants étudiants condamnent des gestes répréhensibles commis au cours de la grève, plutôt que de leur demander de plus simplement les dénoncer. Il a bien raison, mais, lui aussi, n’a pu s’empêcher de dire que cette confusion dans les termes «ne constitue pas qu’une simple question de sémantique» (ce pourquoi j’ai trouvé cette lettre!), alors que son texte montre, là encore, que, oui, il s’agissait d’une question qui avait rapport à la signification des mots!

Et alors…

J’en conclus que ceux qui utilisent à mauvais escient l’expression «Ce n’est pas une simple question de sémantique» font finalement une erreur de sémantique très simple!

3 commentaires leave one →
  1. Gilbert Boileau permalink
    28 mars 2015 9 h 34 min

    Evidemment .., mon cher Darwin!

    Aimé par 1 personne

  2. 28 mars 2015 10 h 11 min

    La contradiction dans le sens le l’expression «ce n’est pas une simple question de sémantique» me fait plutôt penser à l’inversion de sens d’une autre expression. En raison d’une confusion de sens semblable, l’expression «ne pas faire long feu» a en effet maintenant le même sens que son opposé, soit «faire long feu».

    «Néanmoins, certains lexicographes considèrent que l’expression « ne pas faire long feu » pourrait être issue d’un mésusage et de la dérive sémantique de l’expression « faire long feu », qui faisait initialement référence à un laps de temps court. L’usage et le paradoxe de l’association de l’adjectif « long » à son contraire serait donc à l’origine du remplacement de l’expression originelle par « ne pas faire long feu » dans le langage courant.»

    http://fr.wiktionary.org/wiki/ne_pas_faire_long_feu

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