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Les dangers de défaut de paiement des provinces canadiennes

24 octobre 2012

Pseudovirtuose m’a fait part il y a quelques jours d’un article du journal Les Affaires qui annonçait sans ambiguïté que L’Ontario et l’Alberta risquent de faire défaut avant le Québec. C’est étrange à quel point on peut accepter sans trop d’esprit critique des nouvelles qui nous font plaisir, même si on se méfie de 90 % des nouvelles provenant de ce média. Il faut dire qu’on peut difficilement retenir un sourire en lisant ces quelques extraits de cet article :

«Surprise, ce n’est pas le Québec qui risque le plus de se retrouver un jour en défaut, selon M. Joffe, mais bien l’Ontario et… l’Alberta.»

«l’Ontario est en effet la province qui affiche la plus grande probabilité de faire défaut d’ici 10, 15 ou 20 ans. Sur un horizon de 30 ans, c’est l’Alberta qui affiche la probabilité de défaut la plus élevée.»

Comment expliquer ces constatations étonnantes?

«Bien que le Québec affiche aussi d’importants déficits, les finances publiques de la province reposent moins sur les prix volatils des matières premières que l’Alberta.»

Il faudrait donc comprendre de cette citation de l’auteur de l’étude, Marc Joffe, un «consultant en matière de solutions de crédit de San Francisco», que le Québec risque moins de faire défaut en raison de la moins grande importance des matières premières dans son économie que dans celle de l’Alberta. Mais pourquoi l’Ontario se trouve en pire position que le Québec dans cette étude?

Cet article est basé sur une étude de l’Institut Macdonald-Laurier, un institut de politiques publiques dont j’entends parler pour la première fois qui se déclare «rigoureusement indépendant et non partisan», étude intitulée Provincial Solvency and Federal Obligations (ou Solvabilité des provinces et des obligations fédérales). J’ai eu beau sourire face aux extraits cités par le journal Les Affaires, je me suis dit qu’il fallait aller voir comment cette étude est arrivée à des conclusions aussi étonnantes.

L’étude

Après avoir comparé les dettes respectives de chaque province, celle du Québec étant la plus importante par rapport à son PIB, l’étude présente les taux d’intérêts payés par les provinces – ceux du Québec étant parmi les plus élevés et ceux de l’Alberta les plus faibles – ainsi que les probabilités de défaut établis par des agences de notation. Encore là, le Québec obtient un des taux les plus élevés (6,48 % dans 30 ans), devancé seulement par trois provinces maritimes, et l’Alberta obtenant le taux le plus faible (0,10 %). Comment expliquer alors les conclusions de l’étude rapportées dans l’article du journal Les Affaires?

L’étude procède de façon très différente. Plutôt que de regarder le ratio de la dette sur le PIB, l’auteur a plutôt développé un modèle où il simule avec un million de scénarios choisis au hasard (mais selon une analyse de régression des données historiques) l’évolution sur 30 ans de divers indicateurs des provinces : inflation, taux d’intérêt, taux d’activité, productivité, taux de chômage, etc. Ensuite, le modèle calcule le pourcentage de ce million de scénarios qui débouche sur un service de la dette qui représente plus de 25 % du budget provincial.

C’est ce calcul qui donne la plus forte probabilité de défaut dans 30 ans à l’Alberta (84,07 %), la deuxième plus élevée à l’Ontario (79,32 %) et la moins élevée au Québec (28,25 %), comme on peut le voir à la dernière colonne du tableau 19 de la page 27 de l’étude.

L’auteur attribue au niveau élevé de la dette et du déficit la probabilité élevée de défaut en Ontario, puisque le modèle base ses prévisions sur les résultats de 2010-2011 et l’hypothèse que les déficits élevés se maintiendront (page 27 de l’étude).

La probabilité élevée de défaut en Alberta s’explique principalement par deux facteurs, selon l’auteur. Tout d’abord, le modèle prévoit que ses déficits élevés des dernières années se maintiendront et, ensuite, Statistique Canada prévoit que l’Alberta connaîtra la plus forte croissance de sa population âgée de plus de 65 ans, entraînant la plus forte augmentation de ses coûts de santé.

Le Québec, lui, connaît des déficits moins élevés et dépend moins des prix volatils des matières premières, ce qui expliquerait son meilleur résultat.

Et alors…

Cette étude peut sembler étrange et elle l’est! Comme cela est normal, les hypothèses orientent directement les résultats. Par exemple, cette étude repose sur l’hypothèse que les provinces ne changeraient nullement leur fiscalité, même si elles voyaient leurs déficit exploser. Elle ne tient pas compte, par exemple, du fait que l’Alberta a la plus grande assiette fiscale non utilisée (elle n’a pas de taxe de vente et son niveau d’imposition des revenus des particuliers est fixe à 10 %) et qu’il serait facile pour elle d’augmenter ses revenus fiscaux. Pire, l’hypothèse que les gros déficits de l’Alberta se maintiendront est déjà dépassée. En effet, son déficit prévu de 3,4 milliards $ en 2011-2012 s’est transformé en déficit de seulement 23 millions $, et elle prévoit un surplus de 5 milliards $ en 2014! Par contre, comme les déficits de l’Ontario ne semblent pas sur le point de diminuer et que l’assiette fiscale disponible est tout de même moins grande que celle de l’Alberta (quoique loin d’être inexistante), je m’inquiéterais davantage de la possibilité d’un défaut de paiement de son côté que du côté de l’Alberta. La situation du Québec, elle, semble mieux évaluée, car l’assiette fiscale encore disponible est plus mince, surtout quand on considère les reculs de notre gouvernement face aux lobbys des riches… Bref, la situation du Québec serait meilleure parce que ses revenus sont proportionnellement plus élevés!

Malgré cette analyse, je dois ajouter que cette étude n’est pas inutile. Quand on tient compte de ses hypothèses, elle nous montre par exemple que la structure des revenus et des dépenses des provinces est déficiente à long terme. Si on ne la modifie pas, les provinces verront leur situation budgétaire se détériorer. Cela rejoint tout à fait les plaintes des provinces face à la décision du gouvernement fédéral de limiter la croissance des transferts en matière de santé, décision qui crée un nouveau déséquilibre fiscal en raison de la forte croissance prévue des dépenses de santé liée entres autres au vieillissement de la population.

On peut se désoler que cette étude n’ait pas précisé le sens à donner à ses conclusions et déplorer le traitement que les médias en ont fait, ne faisant que répéter les résultats sans tenter de les comprendre et de les expliquer. Bien comprise, elle apporte tout de même un éclairage intéressant sur la question de l’évolution probable des budgets provinciaux si rien n’est fait pour redresser la situation. Par contre, je ne sortirais pas le champagne pour fêter le fait que le Québec a une meilleure situation budgétaire que l’Alberta!

25 commentaires leave one →
  1. 24 octobre 2012 23 h 59 min

    « C’est étrange à quel point on peut accepter sans trop d’esprit critique des nouvelles qui nous font plaisir, même si on se méfie de 90 % des nouvelles provenant de ce média. »

    Si la nouvelle aurait été titrée ainsi : « Le Québec plus à risque d’un défaut de paiement que l’Alberta et l’Ontario », j’aurais probablement haussé les épaules et accepter le fait qu’un média, promouvant habituellement les mêmes intérêts économiques, ne sait parler que pour sa propre paroisse. Cependant, si le même média me fait part d’une nouvelle plutôt défavorable au maintien de sa ligne éditoriale, je me pose alors la question : pourquoi chercherait-il à mentir sur cet enjeu spécifique?

    Mais j’en conviens parfaitement; l’esprit critique ne reste pas moins important dans une telle situation.

    « et qu’il serait facile pour elle d’augmenter ses revenus fiscaux »

    Si un gouvernement peut difficilement parvenir à augmenter ses revenus fiscaux au Québec sans qu’on ne se mette à parler d’angoisse fiscale, imaginez ce qu’il en serait de l’Alberta où la dernière élection provinciale s’est principalement jouée entre un parti de droite… et un parti encore plus à droite! Je crois qu’elle préférait couper dans les dépenses et imposer l’austérité si son défaut de paiement devenait trop important. Et on peut juger de l’efficacité de telles mesures en jetant un coup d’oeil à l’Europe…

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  2. 25 octobre 2012 7 h 39 min

    Oui, j’ai pensé à cette réaction possible. Il n’en demeure pas moins que les possibilités d’aller chercher plus de revenus sont quand même plus grandes quand ton taux maximal d’imposition marginal est à 39 % qu’à 50 % et que tu n’as pas de taxe de vente. Mais, oui, ce n’est pas évident, on le voit aux États-Unis.

    D’ailleurs, j’ai hésité à écrire «facile» et j’aurais dû remplacer ce terme par «possible» ou quelque chose du genre. Mais, de toute façon, les déficits que le modèle prévoyait récurrents sont déjà disparus. En plus, les prix des matières premières sont peut-être «volatils», mais il serait pour le moins étonnant que les prix du pétrole s’effondrent! Ils risquent davantage d’exploser compte tenu de la demande asiatique et du fait qu’on a dépassé le pic pétrolier.

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  3. Marc Sauvageau permalink
    25 octobre 2012 11 h 18 min

    À propos de l’Alberta, une population qui aura vieilli dans 30 ans, ne consomme-t-elle pas moins, demande plus de services à l’état, le taux d’emploi diminue, les gains de productivité devrait être à la baisse, tous ces facteurs ne contribuent-ils pas à une baisse des recettes de la province même si celle-ci possède une bonne marge fiscale ? Cela ne la mettrait pas à risque autant que Joffe le prédit mais …. Qu’en pensez-vous ?

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  4. 25 octobre 2012 12 h 37 min

    « C’est ce calcul qui donne la plus forte probabilité de défaut dans 30 ans à l’Alberta (84,07 %), la deuxième plus élevée à l’Ontario (79,32 %) et la moins élevée au Québec (28,25 %) »

    Ces estimations me semblent irréalistes. Et je suis d’accord avec vous, la situation semble plus problématique en Ontario qu’en Alberta.

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  5. 25 octobre 2012 19 h 16 min

    @ Marc Sauvageau

    «Qu’en pensez-vous ?»

    Je me suis posé la question. Je trouvais sa remarque sur le vieillissement plus élevé en Alberta qu’au Québec, car le Québec a une population plus vieille que la moyenne canadienne et l’Alberta une population plus jeune. C’est sûr que si ta population est plus jeune, il est possible que le vieillissement puisse être plus rapide que celui d’une population déjà plus âgée.

    Pour en avoir le cœur net (l’étude ne fournit pas de source pour cette affirmation), je suis allé voir les données sur le ficher cansim 052-0005 et ai utilisé le scénario moyen M1. Ce fichier ne fournit toutefois des données que jusqu’en 2036, 4 ans de moins que l’étude. Cela donne tout de même une bonne idée du vieillissement. Voici la proportion des personnes âgées de 65 et 75 ans et plus (âge où les coûts de santé commencent à être vraiment plus élevés) :

    Canada :
    La proportion de personnes âgées de 65 ans et plus passerait de 14,1 % en 2010 à 23,7 % en 2036, une hausse de 9,6 points de pourcentage
    La proportion de personnes âgées de 75 ans et plus passerait de 6,6 % en 2010 à 12,6 % en 2036, une hausse de 6,1 points de pourcentage

    Alberta :
    La proportion de personnes âgées de 65 ans et plus passerait de 10,7 % en 2010 à 21,0 % en 2036 (près du double), une hausse de 10,3 points de pourcentage
    La proportion de personnes âgées de 75 ans et plus passerait de 4,9 % en 2010 à 11,1 % en 2036, une hausse de 6,2 points de pourcentage

    Québec :
    La proportion de personnes âgées de 65 ans et plus passerait de 15,3 % en 2010 à 25,1 % en 2036, une hausse de 9,8 points de pourcentage
    La proportion de personnes âgées de 75 ans et plus passerait de 6,9 % en 2010 à 13,9 % en 2036, une hausse de 7,0 points de pourcentage

    On voit donc que oui, la proportion de personnes âgée augmentera plus en Alberta en termes de %, mais pas en termes de points de pourcentage, où c’est au Québec que la proportion de 75 ans et plus, celles qui coûtent le plus cher en soins de santé sera la plus forte.

    Il est possible, puisque l’auteur écrit «Alberta will experience more rapid growth in its senior citizen population», qu’il parle de l’augmentation de la population âgée. Comme le dénominateur (2010) est plus faible, il est bien sûr que la croissance du nombre de personnes âgées sera plus forte en Alberta. Les 65 ans et + y augmenteront de 120 % par rapport à 68 % au Québec. Si c’est cela qu’il voulait dire, il aurait besoin d’un cours de statistiques, car en plus, ces données montrent que le nombre de 0-64 augmentera de 13,0 % en Alberta par rapport à seulement 2,6 % au Québec. Niaiser avec les stats, je pourrais dire que l’augmentation est 5 fois plus forte en Alberta qu’au Québec (exact, mais tellement peu déterminant…).

    Bref, le vieillissement touchera le Québec et l’Alberta de façon semblable et aura un impact similaire sur la structure fiscale des deux provinces. La différence est que l’Alberta gardera un meilleur ratio (personnes âgées/population en âge de travailler) et a bien plus de jeu dans son assiette fiscale que le Québec, même si sa population est allergique aux hausses d’impôts et aux taxes…

    Alors se servir du vieillissement pour prétendre que l’Alberta est plus vulnérable au défaut est absurde à sa face même. Personnellement, je crois que si jamais l’Alberta fait un défaut de paiement, ce sera en premier lieu en raison de l’allergie de sa population au financement de l’État!

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  6. marc fiset permalink
    25 octobre 2012 22 h 05 min

    Footnote comme dans foothills : Le Alberta Heritage Savings Trust Fund s’élève à 15.9 G$ au 30 juin 2012 … http://www.finance.alberta.ca/business/ahstf/faqs.html

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  7. 25 octobre 2012 22 h 08 min

    @ marc fiset

    Oh, M. Joffe en tient compte dans son étude…

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  8. 20 février 2013 13 h 12 min

    @Darwin

    « Personnellement, je crois que si jamais l’Alberta fait un défaut de paiement, ce sera en premier lieu en raison de l’allergie de sa population au financement de l’État! »

    Et cela semble déjà être en train de se produire

    http://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/gouvernement/tout-a-coup-l-alberta-connait-des-problemes-financiers/554466/

    P.S. Je viens de remarquer que vous aviez « aimé » le lien sur facebook

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  9. 20 février 2013 13 h 16 min

    « Cependant, Danielle Smith, chef de l’opposition du parti Wildrose, propose au gouvernement d’appliquer des compressions de personnel encore plus fortes dans la fonction publique. »

    😯 Ça va être beau t’à l’heure!

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  10. 20 février 2013 18 h 24 min

    «Ça va être beau t’à l’heure!»

    C’est un peu comme je le disais. Ils ont beaucoup d’espace fiscal de libre, mais ne l’utilisent pas par idéologie et en raison du manque d’acceptation sociale du financement gouvernemental. C’est la course à qui couperait le plus…

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  11. Mathieu Lemée permalink
    22 juillet 2013 12 h 23 min

    « Après avoir comparé les dettes respectives de chaque province, celle du Québec étant la plus importante par rapport à son PIB, l’étude présente les taux d’intérêts payés par les provinces – ceux du Québec étant parmi les plus élevés et ceux de l’Alberta les plus faibles – ainsi que les probabilités de défaut établis par des agences de notation. Encore là, le Québec obtient un des taux les plus élevés (6,48 % dans 30 ans), devancé seulement par trois provinces maritimes, et l’Alberta obtenant le taux le plus faible (0,10 %). »

    J’ai souvent remarqué que certains tenants de la droite fédéraliste utilisaient aussi ces arguments (dette par rapport au PIB, taux d’intérêt) pour dire que le Québec, était la province la plus endettée du Canada et donc ne devait pas se séparer pour sombrer dans le trou encore plus. Je voulais juste comprendre à quel point il faut se fier à ces chiffres afin de déterminer l’importance de cette dette pour que des gens (pas toi Darwin bien sûr!) en arrive à ce genre de conclusion. Il me semble qu’il y a beaucoup de raccourcis dans le raisonnement derrière ces chiffres sur la dette. Merci de m’éclairer. 🙂

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  12. 22 juillet 2013 12 h 24 min

    «Merci de m’éclairer.»

    Ça va aller à ce soir!

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  13. Richard Langelier permalink
    22 juillet 2013 14 h 37 min

    Pourquoi on peut dire: « éclairer la lanterne de quelqu’un » ?

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  14. 22 juillet 2013 18 h 11 min

    @ Mathieu Lemée

    «Je voulais juste comprendre à quel point il faut se fier à ces chiffres afin de déterminer l’importance de cette dette pour que des gens»

    Ces chiffres sont en général justes! Le problème est rarement du côté des chiffres, mais sur ce qu’ils signifient et sur la façon dont on les interprète. Et là, pour répondre plus en détail, j’aurais besoin d’exemples précis.

    Par exemple, la dette sur la page d’accueil du site de l’IÉDM n’est pas fausse, sauf qu’elle additionne les dettes de tous les organismes gouvernementaux et paragouvernementaux (y compris des villes, je crois). Par contre, elle ne tient pas compte des actifs de ces organismes et du gouvernement. Par exemple, avec cette présentation, l’IÉDM donne l’impression qu’Hydro-Québec serait un fardeau pour les Québécois, alors qu’il est au contraire un actif qui aide le Québec à négocier ses emprunts.

    Je ne sais pas si ça répond…

    @ Richard Langelier

    «Pourquoi on peut dire: « éclairer la lanterne de quelqu’un » ?»

    De la même façon qu’on peut dire et qu’on dit que quelqu’un vient d’allumer quand il finit par comprendre…

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  15. Mathieu Lemée permalink
    23 juillet 2013 11 h 02 min

    @Darwin

    Pour prendre l’exemple de l’IÉDM, effectivement, certains tenants de la droite citent leur chiffre de la dette en exemple pour dire que le Québec est la province la plus endetté du Canada, sans tenir compte des actifs que le Québec possèdent, sans tenir compte non plus de la nuance entre dette brute et dette nette.

    Mais ma question portait plus par rapport au ratio avec le PIB, dont la droite aime bien aussi se servir comme argument pour brandir la dette comme un épouvantail à faire peur. Est-ce que le ratio avec le PIB est l’indicateur le plus fiable pour dire que la dette du Québec est la plus importante du Canada? Si oui, pourquoi? Est-ce que ce ratio tient compte de cette nuance entre dette brute et dette nette? Tient-il compte aussi des actifs gouvernementaux? Je pose ces questions à cause du fait qu’il me semble que le PIB n’est pas à lui seul un indicateur d’une bonne santé économique d’une nation ou d’une province, mais je peux me tromper.

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  16. 23 juillet 2013 11 h 29 min

    À ce soir! 😉

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  17. Mathieu Lemée permalink
    23 juillet 2013 11 h 31 min

    Bonne journée. 😉

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  18. youlle permalink
    23 juillet 2013 15 h 25 min

    En tout cas le job de l’IÉDM est peindre heu… peinturer le Québec en noir.

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  19. 23 juillet 2013 19 h 55 min

    «Est-ce que le ratio avec le PIB est l’indicateur le plus fiable pour dire que la dette du Québec est la plus importante du Canada?»

    Ça dépend tout d’abord de la dette qu’on utilise! Mais, même en utilisant la bonne, ce ratio peut avoir différentes conséquences selon la situation. Il faut tenir compte des actifs, comme je l’ai dit dans un précédent commentaire, de l’origine des créanciers (locaux ou étrangers), des taux d’intérêts, du budget gouvernemental, du fait de détenir ou pas sa propre monnaie, etc. Par exemple, même avec une dette de 200 % la valeur du PIB (la plus élevée de tous les pays), le Japon paie des taux d’intérêt très faibles. Les pays qui ont leur propre monnaie paient des taux bien plus faibles que les pays européens qui partagent la même monnaie, surtout que la BCE refuse d’acheter des créances des pays membres, même si le ratio est dans certains cas le même. L’étude que je commente préfère utiliser le ratio du service de la dette sur le budget que le ratio de la dette sur le PIB. Cela a du sens, mais les provinces qui ont une plus forte présence dans l’économie, comme le Québec, sont avantagés dans cette méthode par rapport aux provinces dont la présence dans l’économie est plus faible, comme l’Alberta.

    J’ajouterai que, pour une province, il faut tenir compte d’autres facteurs. Le Québec n’est pas un pays. Beaucoup pensent qu’on devrait tenir compte de la part québécoise de la dette fédérale. Louis Gill (LA sommité de gauche sur la question des finances publiques) s’y oppose (ou s’y opposait, il est plus nuancé maintenant) parce que cette dette ne relève pas de la responsabilité du Québec. Mais, même en l’acceptant, il resterait à déterminer le mode de répartition : par la proportion de la population ou du PIB ou d’un autre facteur? En la refusant, il faut tenir compte que l’assiette fiscale disponible du Québec est réduite par la présence de la dette fédérale (ce qui est mon argument, que j’ai lu aussi de Pierre Fortin).

    Bref, rien n’est simple, contrairement aux prétentions des droitistes simplistes…

    «Je pose ces questions à cause du fait qu’il me semble que le PIB n’est pas à lui seul un indicateur d’une bonne santé économique d’une nation ou d’une province, mais je peux me tromper.»

    Le PIB est un très mauvais (ou incomplet) indicateur de la santé d’un pays. Par contre, il demeure la base de l’assiette fiscale. On peut bien dire que le PIB ne tient pas compte du travail domestique qui a une valeur certaine dans le bien-être (ce qui est rigoureusement exact), qu’il comptabilise sur la même échelle des dépenses pour la santé ou pour l’armée, ou même pour ramasser du pétrole répandu dans l’environnement (je me demande où je vais chercher ces exemples…), ce qui n’ajoute rien à notre bien-être (mais au moins empêche qu’il ne se dégrade davantage…), il n’en demeure pas moins que c’est uniquement dans ces activités, qu’elles soient utiles ou pas, que les gouvernements peuvent se financer, pas sur le bénévolat (qui demeure un actif pour notre bien-être…)!

    J’espère que ce commentaire-billet répond un peu à tes questions…

    L’économie, ce n’est pas simple, il faut tenir compte de très nombreux facteurs, et c’est ce que j’aime! 😉

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  20. youlle permalink
    23 juillet 2013 22 h 07 min

    « L’étude que je commente préfère utiliser le ratio du service de la dette sur le budget que le ratio de la dette sur le PIB. »

    C’est normal il me semble. Ainsi les emprunts d’Hydro Québec, remboursé par les ventes d’électricité ne font pas partie de la dette du gouvernement. Si comme la tite drette, on inclue la dette de l’Hydro dans celle gouvernement on augmente la dette et on exclue un payeur, l’Hydro.

    Ça fait mal paraître la shop en camouflant les revenus (Hydro).

    Est-ce que je comprends tout croche?

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  21. 23 juillet 2013 22 h 12 min

    «Est-ce que je comprends tout croche?»

    Non, mais il ne faut pas non plus simplifier à l’inverse.

    La dette nette non plus ne tient pas compte de celle d’Hydro. Oui, le ratio du service de la dette est peut-être plus significatif, mais aucun indicateur ne dit tout. Le ratio du service de la dette peut soudainement augmenter quand les taux d’intérêt augmentent.

    Pour moi, aucun indicateur n’est «fiable», ni le meilleur, c’est l’ensemble qu’il faut analyser.

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  22. Mathieu Lemée permalink
    25 juillet 2013 1 h 31 min

    Cela répond amplement à mes questions. Comme toujours Darwin, c’est bien résumé, expliqué, nuancé. Que dire de plus… 😉

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  23. Marc Sauvageau permalink
    25 juillet 2013 13 h 23 min

    Un économiste français, Gilles Raveaud (Alternatives Économiques), considère le ratio dette/PIB comme une idiotie. Il explique « … ramener la dette au PIB, comme cela est toujours fait, est idiot. Le PIB, c’est la nouvelle richesse produite chaque année. La Dette est le stock accumulé des déficits passés. Une règle simple est que l’on ne compare pas un stock (la dette) à un flux (le PIB).

    La preuve : si vos revenus sont de 30 000 euros par an, et que vous avez emprunté 300 000 euros pour acheter une maison, votre ratio dette/revenu est de 10, soit 1000 % !

    Ce qui compte, ce sont les remboursement mensuels, par exemple de 1000 euros, que vous comparez à votre revenu, pour un ratio désormais égal à 33% (1000 / 3000). (sic)

    Il faut donc :
    – soit comparer les remboursements de la dette chaque année au PIB
    – soit comparer la dette à la richesse totale du pays : logements, entreprises, terrains, voir compétences des habitants »

    source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/raveaud/2013/06/20/cout-de-la-dette-chaque-annee-deux-fois-plus-que-les-depenses-deducation-et-de-recherche-de-letat-pays/

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  24. 25 juillet 2013 16 h 20 min

    @ Marc Sauvageau

    J’ai déjà aussi soulevé l’incongruité de comparer un flux à un stock. Je suis donc en grande partie d’accord avec Raveaud. Par contre, comme toute donnée, elle a un sens. Pas celui qu’on lui donne couramment (surtout pas Rogoff ert Reinhart!), mais elle fournit quand même un ordre de grandeur. C’est le même raisonnement que de comparer l’endettement des ménages (stock) à leur revenu disponible (flux), sauf que c’est encore pire, car le revenu disponible dépend des impôts payés qui servent à éviter des dépenses des ménages (comme la santé, l’éducation, moins cher de transport en commun, services de gardes, etc.).

    Bref, aucune donnée ne dit tout, il faut toujours la mettre en contexte (par exemple avec les actifs), mais aucune donnée ne dit rien (à moins d’être totalement hors contexte!).

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