Jeanne express : L’emploi en décembre aux États-Unis et au Québec
J’avais prévu ne pas analyser ici les données sur l’emploi de décembre, mais je ne peux pas me retenir de commenter deux de ces données, une aux États-Unis et l’autre au Québec.
États-Unis
Dans mes derniers billets sur le marché du travail aux États-Unis, dont celui sur les données de novembre, je me suis posé beaucoup de questions (comme bien d’autres économistes) sur les fortes différences entre les variations de l’emploi des deux enquêtes dont le Bureau of Labor Statistics (BLS) publie les données chaque mois. Je mentionnais entre autres l’écart «d’un peu plus de 1,4 million ou de 0,9 point de pourcentage» en comparant les variations de l’emploi entre novembre 2021 et 2022 entre les données de l’Establishment Survey (ES) et celles de la Household Survey (HS) ajustées selon les définitions de l’ES. Or, entre décembre 2021 et 2022, l’écart des variations de l’emploi entre ces deux sources est passé de 1,4 million en novembre à seulement 260 000, écart plus bas de plus de 80 %! Cela s’explique par plusieurs facteurs, mais le plus important est la croissance de l’emploi de 717 000 selon la HS et même de 826 000 selon les données de la HS ajustées selon les définitions de l’ES, alors que cette croissance ne fut «que» de 223 000 selon l’ES, une différence de plus de 600 000 emplois. Les deux autres facteurs expliquant cette forte baisse ont été les différences de croissance entre les deux enquêtes entre novembre et décembre 2021 et la révision des données désaisonnalisées ce mois-ci.
On doit aussi souligner que la forte hausse de l’emploi selon les données de la HS a fait baisser le taux de chômage à 3,5 %, le taux le plus bas depuis 53 ans! Cela n’empêche pas un des fondateurs de Home Depot de déclarer que «Plus personne ne veut travailler!»! Dans ses jobs de marde, c’est possible, maintenant que les travailleur.euses ont le choix d’occuper des emplois mieux payés ou plus agréables ailleurs, quoiqu’il reste quand même 500 000 personnes (qu’Home Depot appelle bien sûr ses «associates») qui travaillent pour cet employeur en Amérique du Nord…
Québec
Les manchettes de ce matin (elles ont heureusement changé dans le cours le la journée) insistaient beaucoup sur la hausse du taux de chômage au Québec (de 3,8 % à 4,0 %, une hausse en fait de 0,15 point de pourcentage), alors qu’il avait baissé pour l’ensemble du Canada (de 5,1 % à 5,0 %, ou de 5,4 % à 5,3 % dans le reste du Canada, à un niveau toujours plus élevé de 1,3 point par rapport à celui du Québec). On disait moins que l’augmentation de 7500 personnes en chômage au Québec est essentiellement due à la hausse de 10 000 personnes dans la population active, qui a fait augmenter le taux d’activité de 0,1 point à 64,3 % (ce qui est une bonne nouvelle), ni que la marge d’erreur à 95 % de la variation mensuelle du nombre de personnes en chômage est de 27 800, soit 3,7 fois plus que la variation de 7 500 chômeur.euses. Comme non-événement, c’est dur de faire mieux!
Et alors…
C’est tout!