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La viande, la biodiversité et le réchauffement climatique

22 août 2015

viande_et_biodiversitéLe Devoir a publié lundi dernier un article à la fois intéressant et inquiétant sur les conséquences de la consommation de viande. La consommation de viande menace la planète titrait cet article, rien de moins. Peut-être parce que trop peu de gens sont abonnés au Devoir, parce que le procès de Mike Duffy a monopolisé l’attention de nos médias ou plus simplement parce que c’est l’été et que la canicule nous enlève toute capacité de concentration, mais cet article et surtout son sujet n’ont pas suscité beaucoup de réactions alors qu’ils le méritaient amplement.

À mon habitude quand je lis un article sur une étude dont le sujet m’intéresse, j’ai cherché et trouvé la source, soit l’étude intitulée Biodiversity conservation : The key is reducing meat consumption (Conservation de la biodiversité: La solution est de réduire la consommation de viande). Il s’agit en fait d’une compilation d’études très nombreuses (à l’œil environ 150). Le problème avec ce genre de méta-étude est qu’elle regroupe des données provenant de sources pas toujours compatibles, datant d’années différentes et portant sur des sujets différents. Il devient alors très difficile de résumer le tout. Je vais tout de même tenter de le faire, en mettant toutefois de côté la majorité des données qu’elle cite pour ne pas trop vous étourdir.

Introduction

Au cours des 300 années se terminant en 1990, la superficie de terres cultivées a quintuplé et celle des zones de pâturage a été multipliée par six, l’agriculture, principalement l’élevage, devenant par le fait même la principale cause de la disparition d’habitats naturels. Cette superficie équivaut à trois fois et demie celle des États-Unis. Les terres utilisées pour la production animale (y compris pour la production d’aliments pour ces animaux) représentent «[traduction] environ les trois quarts de toutes les terres agricoles et près d’un tiers de la surface de terres libres de glace de la planète».

«La consommation de produits animaux par les humains est probablement la principale cause d’extinction des espèces modernes, car sa production est non seulement le principal moteur de la déforestation, mais aussi un des plus importants facteurs expliquant la dégradation des terres, la pollution, le changement climatique, la surpêche, la sédimentation des zones côtières, les invasions par des espèces exotiques et la disparition de carnivores et d’herbivores sauvages.»

L’Amazonie et les autres forêts tropicales

viande_et_biodiversité1L’Amazonie est la plus grande forêt tropicale de la Terre et est un symbole de la biodiversité. Selon les sources, la déforestation lui a amputé entre 15 % et 20 % de sa superficie, la quasi-totalité après 1970. Or, plus des trois quarts de toutes les terres déboisées dans cette forêt ont été converties en pâturages pour le bétail ou utilisées pour la production de nourriture pour les animaux (surtout du soya) pour les marchés nationaux et internationaux (sans parler des plantations pour la production de biogaz, mais c’est un autre sujet). Après une période de ralentissement, le rythme de déboisement a de nouveau accéléré en 2014, mais sans atteindre ses niveaux des décennies précédentes.

Si on a ralenti le déboisement de l’Amazonie, l’exploitation de terres pour la production animale et pour la production de nourriture pour les animaux s’est accélérée en Afrique et dans le Sud-Est asiatique. Dans cette dernière région, on abandonne l’agriculture mixte (beaucoup moins dommageable pour l’environnement) pour une production animale intensive. Ce transfert de production entraîne la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines, épuise les sols en éléments nutritifs et en matière organique, et augmente la présence de métaux lourds. En plus, à chaque fois qu’on déboise, on retire un habitat à des animaux et à la flore sauvages, réduisant ainsi la biodiversité et augmentant la liste des espèces en danger ou même en voie de disparition.

L’augmentation de la consommation de viande

La part de la viande dans la consommation de nourriture mondiale a augmenté de 24 % depuis les années 1960 pour atteindre 21 % du poids de nourriture consommée par l’être humain. En Chine, cette part est passée de 5 % à 20 % et augmente toujours. Or, les pays où cette part augmente le plus fortement sont aussi ceux où la croissance de la population est la plus élevée.

Si cette tendance se maintient, et tout laisse penser qu’elle se maintiendra, il faudra ajouter d’ici 2050 l’équivalent de la surface des États-Unis en terres agricoles. Or, les terres encore disponibles sont celles où on retrouve actuellement la plus grande biodiversité, souvent en zones protégées. Le retrait de ces habitats serait catastrophique pour un nombre effarent d’espèces animales et végétales. La citation qui suit décrit plus en détail ces conséquences.

«L’augmentation de la production animale est en train de détruire des habitats naturels et de mener à la perte d’espèces avec des effets en cascade sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. Dans une récente analyse des menaces sur les plus grands carnivores terrestres de la planète, on a jugé que 94 % d’entre eux ont été affectés soit par la persécution ou par la perte d’habitat en raison de conflits territoriaux avec les humains. Étant la plus grande source de la perte des habitats, l’élevage est probablement la cause la plus importante du déclin des grands carnivores. (…) La perte de prédateurs peut provoquer de nombreux effets en cascade au sein des écosystèmes. Les grands herbivores sauvages sont confrontés à de dramatiques déclins de population et de variétés, à tel point qu’environ 60 % d’entre eux sont menacés d’extinction. Les herbivores d’élevage peuvent également provoquer des effets directs sur des écosystèmes entiers, tels que les systèmes riverains. Par exemple, le surpâturage dans les zones riveraines peut conduire à la perte de la végétation, à l’érosion des sols et à des réductions des populations de poissons et d’animaux terrestres. La conversion des forêts en pâturages et la production industrielle de cultures fourragères peuvent provoquer l’érosion des sols et la sédimentation d’habitats côtiers comme les récifs coralliens. Le purin et la sur-utilisation d’engrais pour la production de nourriture pour les animaux, en particulier le maïs, polluent aussi de nombreux cours d’eau et ont contribué de manière significative à l’apparition de plus de 400 zones mortes qui existent aux embouchures des rivières dans le monde entier.»

Et ce n’est pas tout…

Les auteurs consacrent une section complète au cas de la Chine, mais cette section ne fait qu’ajouter des données pour appuyer les sections précédentes. Mentionnons seulement que, en 2012, les Chinois ont importé environ 25 % de la production mondiale de soya, surtout du Brésil, en grande majorité pour nourrir des animaux. Elle est donc une des grandes responsables de la déforestation de l’Amazonie.

La production animale est responsable d’environ 15% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine. La première source de ces émissions est le changement de vocation des terres (notamment par la déforestation). Les rejets du méthane par la fermentation entérique (émissions dues à la digestion des ruminants) arrive au deuxième rang (à quasi-égalité) et les émissions d’oxyde nitreux (N2O), dues à l’utilisation d’engrais azotés dans la production d’aliments et au fumier se classe troisième, quoique certains estiment que les effets sous-estimées des émissions d’oxyde nitreux comme GES feraient en sorte que ses émissions devraient en fait se classer au premier rang. La croissance de la monoculture contribue de toute façon à pousser cette source vers le premier rang.

viande_et_biodiversité2L’élevage de ruminants (bovins, moutons, chèvres, buffles, etc.) est de loin l’activité de production animale la plus nocive pour l’environnement, tant par la surface qu’elle exige que par sa plus grande production de pollution et d’émission de GES, comme on peut le voir dans le graphique ci-contre (l’élevage «extensif» du bœuf se fait sur des pâturages et l’élevage «intensif» dans ce que Google traduit par des «parcs d’engraissement»).

La consommation de viande cause en plus de nombreux problèmes de santé. Les auteurs mentionnent notamment les maladies du cœur (parmi les principales causes de mortalité dans les pays riches, par exemple au deuxième rang au Canada), l’obésité (elle-même associée au cancer et au diabète) et la baisse de la longévité.

Les solutions

Les solutions sont simples à définir quand on vient de lire ce qui précède, mais pas nécessairement faciles à implanter.

– Réduire la consommation de viande : L’élimination complète de la consommation de viande permettrait une augmentation de 70 % des calories disponibles avec la production actuelle de végétaux. Les auteurs donnent l’exemple du soya : «Par rapport à une masse équivalente de viande, le soja contient en moyenne deux fois plus de protéines que le bœuf, le porc ou le poulet, et 10 fois plus que le lait entier». Les auteurs incluent dans la réduction de consommation de viande la diminution de son gaspillage, environ 30 % de sa production étant jetée aux poubelles aux États-Unis.

Cela dit, les auteurs considèrent entre autres que «Bien que le véganisme gagne en popularité, en éliminant complètement les produits à base d’animaux des régimes alimentaires, il est trop simpliste, pas pratique, et ne fait pas le meilleur usage de nombreux types de terrain. On estime que le pâturage sur les terres impropres à la culture (qui ne viennent pas de la déforestation), contribue pour environ 14 % du total des aliments du bétail mondial mesuré en masse de carbone». Ils ajoutent d’autres avantages, notamment comme réserve de nourriture en cas de mauvaises récoltes et comme complément à l’agriculture (dans le cadre d’une agriculture mixte, j’y reviendrai bientôt).

Idéalement, les auteurs recommandent une consommation maximale de viande (et d’autres produits animaux, comme le lait et le fromage) représentant 10 % de l’apport total de calories, ce qui représente environ 100 grammes par jour. Les auteurs parlent ensuite des freins à la réduction de la consommation de viande, notamment le statut social qui y est associé, surtout dans les pays pauvres. Ils concluent que «Les efforts visant à réduire la consommation de produits d’origine animale aux niveaux national et international, exigeront un soutien politique, financier et culturel important». En effet!

– Remplacer les viandes consommées : Le graphique précédent montre clairement que de diminuer voire éliminer la consommation de ruminants pour la remplacer par une consommation plus grande de porcs et surtout de volaille (et de poissons d’élevage et d’insectes) aurait un impact majeur sur les émissions de GES dues à la production animale. En plus, ces élevages demandent au moins trois fois moins d’espace (de terres agricoles) que celui des ruminants.

L’agriculture mixte : Un des facteurs les plus importants dans les effets négatifs de l’élevage est lié à l’agriculture intensive qui exige énormément de machinerie et donc de consommation d’énergie, de fertilisants, de pesticides et même d’antibiotiques. Une solution serait de «réintégrer la production de l’élevage dans les systèmes agricoles qui sont conçus autour de la structure et les processus des écosystèmes naturels». Qu’on parle d’agriculture mixte, de permaculture ou d’agroécologie, peu importe…

«Contrairement à l’élevage intensif moderne, dans un système de permaculture ou d’agroécologie, le bétail est intégré dans un système de production agricole diversifié qui vise à maximiser la production d’aliments provenant de l’énergie solaire (pas de carburant fossile), à conserver l’eau et les éléments nutritifs, et à produire peu de déchets. Le bétail est intégré en tenant compte que les herbivores et les omnivores constituent un écosystème naturel. Ainsi, leur consommation d’aliments qui entraîne la production de déchets riches en éléments nutritifs est retournée dans le système.»

Les auteurs poursuivent avec de nombreux exemples précis de complémentarité entre l’élevage et l’agriculture (et la pisciculture), dont certains favorisent même l’utilisation d’un nombre restreint de ruminants, utilisation qui bénéficie au système.

Et alors…

Cette étude est une des plus intéressantes que j’ai lues sur le sujet, même si la quantité de données présentées et surtout leurs bases différentes donnent parfois le tournis. Les solutions proposées sont particulièrement pertinentes, même si pas évidentes à adopter. La consommation de viande, ainsi que la surpêche et les émissions de GES, sont des exemples de dilemme du prisonnier (la collectivité bénéficie de la collaboration, mais chaque individu peut profiter de ne pas collaborer). Sans collaboration, ces dilemmes favorisent la présence de passagers clandestins (soit de personnes qui continuent à consommer de la viande, à surpêcher et à émettre des GES en se disant «qu’est-ce que ma consommation individuelle peut bien changer à la situation globale?»). Les auteurs ont bien raison de dire que le succès dans ce domaine (comme dans les deux autres exemples) exige «un soutien politique, financier et culturel important».

Je dois confesser que je suis un passager clandestin… mais qui mange tellement de poulet qu’on me dit souvent que des plumes vont finir par me pousser! Je suis un exemple de ce que disent les auteurs : pour réussir à faire diminuer la consommation de viande (et les émissions de GES), cela demande des interventions politiques, financières et culturelles. Cela dit, je crois que ma consommation de ruminants est maintenant chose du passé…

25 commentaires leave one →
  1. Robert Dupuis permalink
    22 août 2015 14 h 48 min

    Moi, ca fait presque un an que j’en parle. J’écris aux médias, j’en parle sur Facebook et au monde que je connais. Je semblais etre le seul. En passant, l’industrie animale compte pour près de 50% des changements climatiques. Le 15% est, d’après moi, le chiffre qu’une certaine communauté spécialisée se contente d’émettre pour pas faire peur.

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  2. 22 août 2015 15 h 08 min

    Comme je l’ai fait sur Facebook, je vous demande ici aussi si vous avez une source fiable sur ce 50 %. Toutes les sources que j’ai consultées tournent autour de 15 % (le maximum atteignant 18 %). Quant au motif que vous évoquez («pour pas faire peur»), il est difficile à accepter…

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  3. Youlle permalink
    22 août 2015 22 h 44 min

    « La consommation de viande cause en plus de nombreux problèmes de santé. Les auteurs mentionnent notamment les maladies du cœur (parmi les principales causes de mortalité dans les pays riches, par exemple au deuxième rang au Canada), l’obésité (elle-même associée au cancer et au diabète) et la baisse de la longévité. »

    Ça sa reste à discuter.

    Quand j’étais petit, les cochons étaient gros gras surtout gras. Pourtant les cochons « cultivés » n’ont jamais mangé de viande.

    Le graphique sur le co2 correspond à l’alimentation au kilo:

    Un peut plus de 2 kilo pour le poulet

    Un peut plus de 4 kilo pour le porc

    Un peut plus de 14 kilo pour le boeuf

    J’espère revenir cette semaine pour d’autres études.

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  4. 22 août 2015 23 h 47 min

    «Ça sa reste à discuter.»

    Sur quelles bases?

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  5. 22 août 2015 23 h 48 min

    «S’agissant des forêts tropicales, qui représentent plus de la moitié du patrimoine boisé mondial et le principal foyer de biodiversité, Simon Lewis (University College de Londres et Université de Leeds, au Royaume-Uni) et ses coauteurs mettent l’accent sur la «fragmentation» et la «dégradation» provoquées par une déforestation massive, au profit notamment des plantations de soja et de palmiers à huile. Moins d’un quart des peuplements sont aujourd’hui «intacts».»

    «Le tableau n’est pas moins sombre pour les forêts boréales, qui, de l’Alaska à la Sibérie orientale, constituent environ 30 % du manteau arboré du globe. Dominées par des conifères adaptés au froid, sur des sols gelés (permafrost), elles vont devoir affronter une montée des températures atteignant, dans le scénario extrême du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), jusqu’à 11 °C à la fin du siècle.»

    Ça ne s’améliore pas…

    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/448241/rechauffement-climatique-les-forets-de-la-planete-ne-suivent-plus-le-rythme

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  6. 24 août 2015 8 h 56 min

    J’ai appris que dans « viande », on n’inclut pas le porc et le poulet? Eh bien, ayant changé mon alimentation pendant mon année au Japon, je suis bien en deça du 100 grammes par jour, surtout si on ne compte que les ruminants! Quand on mange du poisson, du tofu, du poulet et un peu de porc, des salades avec des noix par exemple, il ne reste plus beaucoup de repas pour inclure le boeuf… Tout est une question de diversité aussi..

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  7. 24 août 2015 11 h 30 min

    «J’ai appris que dans « viande », on n’inclut pas le porc et le poulet?»

    Ai-je écrit cela?. Oui, c’est de la viande (de même que le poisson dans le contexte de cette études), mais les animaux ne sont pas des ruminants. Le 100 grammes conseillé inclut le porc et le poulet (et même le lait, le fromage et les oeufs).

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  8. Youlle permalink
    24 août 2015 19 h 35 min

    À Nomadesse,

    « J’ai appris que dans « viande », on n’inclut pas le porc et le poulet?  »

    C’est vrai! On nous a habitué; la viande c’est « beu ».

    Quand on demandait à une de nos amies ce qu’elle voulait manger, elle disait: De la viande ce qui voulait dire du boeuf.

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  9. Youlle permalink
    24 août 2015 19 h 43 min

    « Sur quelles bases? »

    C’est ce à quoi j’espère revenir.

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  10. Youlle permalink
    28 août 2015 17 h 57 min

    http://www.ledevoir.com/societe/sante/432358/la-consommation-de-cholesterol-n-est-pas-problematique

    Et deux études en Europe qui le confirment.
    ///

    L’hypertension détruit les reins pas le cœur.

    http://www.ledevoir.com/societe/sante/406220/Etude-des-centaines-de-quebecois-malades-sans-le-savoir
    ///

    http://www.ledevoir.com/societe/sante/293417/cholesterol-le-taux-de-chdl-n-aurait-pas-de-role-significatif-dans-l-estimation-des-risques-cardio-vasculaires
    ///

    http://www.ledevoir.com/societe/sante/284981/impact-zero-pour-les-diabetiques
    ///

    Une autre étude en France sur 75 000 patients, il y à 3 à 4 ans dirigé, par un cardiologue qui à travaillé à l’institut à Montréal dit que les statines (pilules contre le cholestérol) n’ont pas changés le taux d’hospitalisation du aux maladies vasculaires.

    Une autre étude en France dit qu’a cause des statines il y a environ 25 000 cerveau de détruis par les statines.

    Un chercheur de Montréal est à mettre au point un médicament contre l’Alzheimer. Il a découvert que le cholestérol sert d’isolant aux neurones. Un « court-circuit » entre les neurones provoquerait cette maladie destructrice.

    Bref, ce que j’en pense c’est que les pharmas nous bourrent de menteries.

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  11. Richard Langelier permalink
    28 août 2015 23 h 07 min

    Si la tendance se maintient, la diététique démontrera que l’humain est mortel. Blague à part, même si, en général, je n’aime pas l’argumentaire: «revenir au gros bon sens», cette fois-ci je commets le sacrilège de l’utiliser. Le bûcheron qui aurait mangé 2 rôties pour déjeuner au camp ne se serait pas rendu en raquettes au boisé à -20 F, – 29 C ou 253,15 K (si mon alimentation n’a pas abîmé ma mémoire), que ce fût pour bûcher à la hache, au godendard ou aux premières scies à chaîne). Les calories du bacon et du lard salé étaient brûlées. [1]

    Le hasard faisant bien les choses, le célibataire que je suis n’a jamais appris à faire cuire autre chose que des nouilles. [2] J’ai brûlé ces calories par la course de fond, mais je coûte cher à la société parce que nous n’étions pas faits pour courir sur 2 pattes sur les surfaces dures. La solution? Des générations cool comme Dany Verveine de Dany Turcotte?

    [1] Au marathon de ski de Lac-Mégantic, une année, j’avais payé pour le déjeuner dans une salle paroissiale sur les lieux du départ (après avoir couché au sous-sol de la Polyvalente que nous avons vue après la tragédie du train en furie). Au menu, il y avait un déjeuner de bûcheron. N’étant pas fou à 100%, je me suis contenté de gruau et de rôties avec confitures. Il m’a été facile de dépasser ceux qui avaient mangé des fèves au lard, du bacon et du lard salé, dès la première montée, même si j’avais l’habitude de ne grimper que les côtelettes des Basses Appalaches à Chesterville. Au hockey, la Série du siècle n’a pas suffi à convaincre nos hockeyeurs que le steak avant un match prenait 6 mois à se transformer en glycogène musculaire. Tout ça à cause du but de Paul Henderson!
    [2] Je mets aussi au four du pâté au saumon du Pacifique, parce qu’il n’y en a pas au saumon de l’Atlantique lorsque je fais mon marché

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  12. 29 août 2015 10 h 11 min

    Et ça continue…

    «En cinquante ans, la consommation de produits carnés (viande fraîche, charcuterie, plats surgelés, conserves) a presque doublé dans le monde, passant de 23,1 kilos par personne et par an en 1961, à 42,2 kilos en 2011.»

    Dans les prochaines années, les pays émergents devraient continuer de tirer vers le haut une consommation mondiale, qui s’est tassée dans les pays les plus développés (Europe de l’Ouest, Amérique du Nord, Japon) en raison de la crise économique et de la prise de conscience des consommateurs en matière de bien-être animal et de nutrition.»

    http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/alimentation/448771/la-consommation-mondiale-de-viande-va-encore-progresser

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  13. Richard Langelier permalink
    29 août 2015 11 h 41 min

    En googlisant, j’ai trouvé cet article: http://www.davidsuzuki.org/fr/blogues/la-science-en-action/2010/04/lelevage-de-saumon-nest-peut-etre-pas-une-mauvaise-idee/ , mais je suis plus mêlé qu’avant.

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  14. 29 août 2015 11 h 49 min

    Comme ça date de plus de cinq ans, peut-être sa pensée a-t-elle évolué. Dans cette étude, on dit que l’élevage en pisciculture peut être une bonne solution s’il est fait en complément avec l’agriculture et l’élevage d’animaux terrestres.

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  15. Richard Langelier permalink
    29 août 2015 11 h 57 min

    La morale de l’histoire: il faut toujours lire la date de l’étude. J’aurais dû l’apprendre en lisant ton billet sur le pétrole transporté en train. Je me coucherai moins niaiseux ce soir et ce s’ra l’fun, pour paraphraser Jean-René Dufort.

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  16. Youlle permalink
    29 août 2015 19 h 55 min

    Richard Langelier,

    Texte très intéressant.

    « Le bûcheron qui aurait mangé 2 rôties pour déjeuner au camp ne se serait pas rendu en raquettes au boisé à -20 F”

    Mon grand père a été aide à la coocrie pour les chantiers dans le Maine. Mais par ici les agriculteurs qui allaient bûcher mangeaient surtout des « 10 lbs de binnes frette, deux quart de pain pis une livre de beu-re ».

    « N’étant pas fou à 100%, je me suis contenté de gruau et de rôties avec confitures. Il m’a été facile de dépasser ceux qui avaient mangé des fèves au lard, du bacon et du lard salé… »

    Jeune je travaillais sur la ferme tant que je suis devenu physiquement un athlète. Je n’ai jamais déjeuné le matin du moins pas avant 9 :30h l’été et je n’ai jamais été capable de performer après m’être bourré la face. Pourtant dans les cours d’éducation physique personne n’était capable de me suivre.

    Souvent mon premier repas de la journée était à 5 heures pm avant d’aller faire le train. Ho, les bonnes binnes, le porc frais et le gros lard frette, ça n’existait pas chez-nous ça. Il y avait bien des binnes de temps en temps le vendredi, mais il n’y avait pas de lard salé dedans.

    Alors en saison, je me faisais un sandwich.

    Une tranche de pain avec du beurre,

    7 mm d’épais de laitue frisée,

    Un rang de 5mm de radis avec de la poudre d’ognons,

    Une tranche de fromage,

    Une autre tranche de pain avec du beurre,

    Un rang de tomates avec beaucoup de poivre,

    Un peu de laitue,

    Une tranche de jambon,

    Une tranche de pain pour couvrir.

    Ma mère disait tu vas être malade, tu ne mange pas de viande.

    De plus j’étais très amateur de galette de sarrasin et de crêpes; encore là, pas de viande, mais du beurre sur les galettes et du gras pour cuire les crêpes.

    Tout cela pour dire la viande est essentielle, mais ça en prend peu, du mois quand on mange des binnes, heu…. Des haricots.

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  17. Richard Langelier permalink
    29 août 2015 22 h 50 min

    Youlle, si Séraphin avait permis à Donalda de manger des galettes de sarrazin comme les vôtres, elle serait encore vivante.

    C’est le repas de la veille qui compte. Par contre, quand le great Antonio est venu tirer des autobus à Victo, c’est l’avant-veille qu’il a mangé 3 club sandwich chez Anselme. J’ai l’impression que ce sont les frites d’Anselme qui lui ont donné l’énergie nécessaire. Juste à y penser, j’ai le goût de partir sur le pouce pour Arthabaska, mais j’arriverais juste avant la fermeture de Chez Bert pour manger les deuxièmes meilleures frites au monde.

    P.-S. Petit problème de conscience: comment expliquer aux populations des pays émergents qu’il ne faut pas faire ce que nous avons fait en Occident, parce que la science a découvert ce que vous avez découvert lorsque vous étiez jeune?

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  18. Yves permalink
    30 août 2015 10 h 53 min

    «En cinquante ans, la consommation de produits carnés (viande fraîche, charcuterie, plats surgelés, conserves) a presque doublé dans le monde,«

    Pourrait-on imaginer que la population a fait de même ?

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  19. 30 août 2015 13 h 04 min

    Ou, la population a même plus que doublé (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Population_mondiale#.C3.89volution_depuis_1950 , hausse de 120 %), mais la citation dit bien que c’est la consommation par personne qui a presque doublé («a presque doublé dans le monde, passant de 23,1 kilos par personne et par an en 1961, à 42,2 kilos en 2011.»), ce qui veut dire que la consommation totale de viande a en fait quadruplé.

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  20. Youlle permalink
    30 août 2015 19 h 02 min

    Je suis allé il y a 25 ans Chez Bert à son nouveau restaurant faire goûter une bonne poutine. La poutine était dégueulasse.

    « …ce que vous avez découvert lorsque vous étiez jeune? »

    J’estime que je n’ai rien découvert. Aux forges du Saint Maurice les employé mangeaient du sarrasin 52 semaines par année accompagné de quelques lièvres. Ces gens de venaient des « ti-vieux » à 45-50 ans et en mauvaise santé.

    Les vieux mangeaient bien, les vieux mangeaient du gros lard est pour moi un mythe, mais je ne peux le confirmer pour l’instant.

    Ils mangeaient surtout des patates chaudes, des patates au lait, du navet, du choux, des carottes et à l’occasion des produits de la chasse. Plus tard à la campagne ils mangeaient des poules en été, du porc salé à partir de novembre ou décembre. S’ils avaient une vielle vache ils la congelait et la mangeaient l’hiver.

    Il faut considérer qu’avant la conquête l’élevage des animaux n’existait pratiquement pas. Pour manger de la viande la population devait chasser.

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  21. Yves permalink
    30 août 2015 21 h 57 min

    «mais la citation dit bien que c’est la consommation par personne qui a presque doublé«

    Houps! Cela m’avait échappé.

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