Darwin et le darwinisme social
Je suis toujours surpris de constater à quel point Darwin et sa théorie de l’évolution par la sélection naturelle sont méconnus et à quel point on confond son sens réel avec celui colporté par ses détracteurs. Encore récemment, un blogueur m’a demandé comment il se faisait que j’aie choisi un pseudo lié à quelqu’un de droite comme Darwin et sa théorie de la sélection naturelle qui, par son principe du «survival of the fittest» (la survie du plus apte) favorise les inégalités.
Ouf, j’en suis resté un peu soufflé. D’une part, considérer de droite une théorie qui attaque de front le créationnisme et l’obscurantisme religieux, disons que cela ne m’avait jamais traversé l’esprit. D’autre part, la science n’est pas de gauche ou de droite, elle est, tout simplement. Par contre, son interprétation et sa récupération par des idéologues peuvent drôlement la colorer politiquement. Ainsi, des mouvements de droite ont de fait récupéré la théorie de Darwin en élaborant l’horreur qu’on appelle le darwinisme social.
«Survival of the fittest»
On confond souvent la loi du plus fort avec le concept de sélection naturelle. Si Darwin avait vraiment parlé de la loi du plus fort, comment aurait-il pu expliquer que les petits mammifères et les insectes aient survécu et pas les dinosaures, autrement plus forts ? Simplement parce que la sélection naturelle ne repose pas sur la loi du plus fort, mais sur la survie du mieux adapté !
De même, Darwin n’a jamais dit que que l’homme descend du singe : «Ce sont ses opposants qui ont résumé les idées du naturaliste par cette affirmation simpliste.». En effet, le singe comme on le connaît a aussi évolué au cours des derniers millions d’années. On pense que les deux (singes et hommes) ont évolué différemment à partir du même mammifère, et non que l’un descend de l’autre. En fait, tous les mammifères viennent de la même source, et si on remonte plus loin, tous les êtres vivants viennent d’une source unique.
La théorie de l’évolution par la sélection naturelle ne parle de la loi du plus fort, mais de la survie des mieux adaptés, bien meilleure traduction du concept de «survival of the fittest». En plus, la notion de l’adaptation s’applique un peu différemment selon qu’on parle d’un individu ou d’une espèce. C’est l’individu le plus apte à se reproduire qui transmet ses gênes et ce sont les espèces qui, en conséquence des caractéristiques des individus qui se reproduisent, s’adaptent le mieux à leur environnement qui survivent. Il s’est ainsi créé bien plus d’espèces qui n’ont pas survécu (même chez les primates) que d’espèces qui ont survécu. En effet, ce n’est pas parce qu’un individu est plus apte à se reproduire qu’il transmettra les gènes les mieux adaptés à la survie de l’espèce.
Le cas du paon permet d’illustrer la différence entre l’aptitude à se reproduire d’un individu et l’adaptation d’une espèce à la survie. Le paon mâle le plus apte à se reproduire est celui qui a la plus grosse queue (pas de gag plate…), parce que c’est lui qui intéresse le plus la femelle. Cette préférence crée des générations qui ont des queues de plus en plus grosses. Au bout du compte, ce processus nuit aux possibilités de survie de l’espèce, car les paons ne peuvent plus voler pour fuir leurs prédateurs ! Si on ne les protégeait pas, ils disparaîtraient peut-être.
Darwinisme social
La théorie de l’évolution par la sélection naturelle décrit un phénomène, mais ne prétend nullement que le résultat est bien ou mal. Elle ne prétend même pas que ce processus entraîne nécessairement une «amélioration» des espèces. Il n’y a pas d’échelle de progression qui permet une telle amélioration (du type dessein intelligent), mais seulement leur adaptation graduelle à un environnement qui change souvent (et qui changera drôlement à l’avenir).
Le darwinisme social est tout l’inverse de la sélection naturelle. Pour commencer, la sélection faite par le darwinisme social n’est pas naturelle ! Que ce soit sous la forme de l’eugénisme ou du contrôle de la reproduction auprès des classes défavorisées ou des handicapés, le darwinisme social vise à planifier et contrôler le droit à avoir des enfants en sélectionnant artificiellement, et non naturellement, ceux qui pourront se reproduire. Bien des gens, même des progressistes comme Bertrand Russell, ont déjà été séduits par le darwinisme social. Dans son livre Principes de reconstruction sociale, il proposait que l’État limite le «droit» d’avoir des enfants aux pauvres, qui affaiblissent la race, pour n’autoriser que les familles stables, à l’aise, intellectuellement et psychologiquement solides, à avoir des enfants. Il a heureusement changé d’idée en vieillissant.
Dans le contexte actuel, où on prône avec raison un certain contrôle des naissances un peu partout dans le monde, il faut être ultra vigilant pour s’assurer que ces contrôles ne visent pas des groupes en particulier, n’appliquent aucune des manifestations du darwinisme social.
Et Darwin, de gauche ou de droite ?
Dans le fond, je m’en fous un peu… Quand j’ai choisi ce pseudo, c’était uniquement pour l’image scientifique qui y est accolée. Cela dit, je suis bien content que Darwin n’ait jamais accepté les thèses du darwinisme social et qu’il a au contraire attribué la survie de l’homme à ses instincts sociaux.
«La sélection naturelle des instincts sociaux favorise, dit-il, l’extension indéfinie du sentiment de sympathie. Elle favorise des comportements qui ne sont plus inféodés à l’ancienne règle éliminatoire de la sélection naturelle, mais au contraire des comportements antisélectifs. Nous assistons par exemple à la mise en oeuvre de comportements de secours et d’assistance à l’égard des plus faibles. «Là se trouve la plus noble partie de notre nature», explique Darwin dans «la Descendance de l’homme», en s’opposant par là à tout comportement eugénique.» (…)
«Il explique que le maintien des femmes à l’intérieur de certains rôles sociaux a effectivement conduit à ce qu’elles n’accèdent pas au même niveau de rationalité que les hommes alors qu’elles en étaient absolument capables. Darwin parle de l’évolution des instincts sociaux comme origine de la moralité et de l’altruisme. Mais où se situe la véritable origine de cet altruisme qui va donner naissance aux formes raffinées et civilisées de la moralité? Très exactement chez les femmes, dans l’instinct maternel, dans les soins apportés à la progéniture. Il montre que cet embryon de sentiment social va se développer ensuite en niveau de «moralité élevée» pour reprendre son expression. Ce qui veut dire que les femmes sont à la fois les dépositaires et les porteuses de l’avenir de l’épanouissement des sentiments moraux. En quoi Darwin identifie la véritable évolution de la civilisation. Autrement dit, c’est Darwin qui, le premier, a fait comprendre que la femme est l’avenir de l’homme.»
On peut questionner ce raisonnement, mais compte tenu de l’époque, il était nettement progressiste. Au fond, Darwin était un féministe et un promoteur des valeurs sociales. S’il vivait au Québec aujourd’hui, qui sait, il serait peut-être membre de Québec solidaire ! Bref, je vais conserver fièrement mon pseudo !
Je suis vraiment surpris de savoir que Russell a été séduit par le darwinisme social. Mais je le comprends en même temps, parce que cette idée a de quoi séduire, il faut l’avouer, quand on la considère strictement du côté du progrès, en laissant loin l’idée d’éthique.
C’est jouer avec l’idée du changement (l’amélioration) en considérant la société comme une addition d’individus qualifiables, alors que l’éthique des droits et libertés y est contradictoire.
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«Je suis vraiment surpris de savoir que Russell a été séduit par le darwinisme social. »
Moi aussi, je l’étais avant de lire ce livre ! Dans la préface du livre, Normand Baillargeon en parle. Lui un grand admirateur de Russell, en deuxième position après Chomski, je dirais, en était un peu gêné, mais, donnons lui ce crédit, il ne l’a pas camouflé. En fait, on trouve dans ce livre trois ou quatre allusions au darwinisme social, mais une seule vraiment directe, celle que j’ai cité, bien sûr. Baillargeon attribuait cette «faiblesse» dans sa pensée à un relent de son appartenance sociale (ou de classe, diraient d’autres…), lui qui était pourtant à l’avant-garde dans le domaine des droits sociaux, du syndicalisme et des droits des femmes.
J’avais écrit à Normand Baillargeon à ce sujet. Il m’a assuré que l’eugénisme allemand avait complètement «guéri» Russell de cette tare !
Comme tu le dis, «cette idée a de quoi séduire». Que des grands penseurs lui ai cédé, ne serait-ce qu’un temps, est dans le fond pas étonnant, même si c’est tout à fait troublant…
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Tout ce texte juste pour garder ton pseudo et ton avatar de barbu à guitare… 😉
Très intéressant. Les derniers extraits, quoique passant par le filtre d’un philosophe (et un philosophe qui écrit dans l’Humanité, de surcroît, ce qui m’incite à au moins un minimum de méfiance), suggère que Darwin aurait été assez observateur des mécanismes sociaux. Peut-être plus que les biologistes d’aujourd’hui…
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@ Déréglé
«Tout ce texte juste pour garder ton pseudo et ton avatar de barbu à guitare…»
Y a-t-il objectif plus noble ? 😉
En fait, on appelle cela un prétexte. Mais, l’anecdote de la personne qui me demandait pourquoi je portais un pseudo lié à quelqu’un de droite comme Darwin est vraie, et c’est ce qui m’a inspiré l’idée de faire cette recherche et d’écrire ce texte.
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C’est étrange, j’ avais déjà une mauvaise opinion de Bertrand Russell, j’avais déjà lu ses idées pas tous intelligentes je crois, mais je ne sais plus où ni quoi…
J’aime bien l’analogie avec le paon…ça explique bien le propos…je ferai pas de jokes de grosses queues….une autre fois peut-être. 😉
« il faut être ultra vigilant pour s’assurer que ces contrôles ne visent pas des groupes en particulier, n’appliquent aucune des manifestations du darwinisme social. »
Désolée mais cela sera inévitable si on s’engage dans des politiques le moindrement strictes de contrôle des naissance….tout simplement parce que ceux qui font le plus d’enfants sont les habitants des pays pauvres….
« Il explique que le maintien des femmes à l’intérieur de certains rôles sociaux a effectivement conduit à ce qu’elles n’accèdent pas au même niveau de rationalité que les hommes alors qu’elles en étaient absolument capables. »
Merci beaucoup, je suis rassurée….me manque plus que la grosse queue… 😉
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« me manque plus que la grosse queue… 😉 »
Les humains ont développé la haute couture pour ça.
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@ Koval
«j’ avais déjà une mauvaise opinion de Bertrand Russell»
Pas moi, quoiqu’elle ait été un peu ébranlée quand j’ai lu ce livre. J’ai justement choisi cet exemple pour montrer que même un penseur respectable comme Russell peut se laisser séduire par cette doctrine.
«J’aime bien l’analogie avec le paon»
Je l’ai empruntée à Cyrille Barrette de son livre «Le miroir du monde : évolution par sélection naturelle et mystère de la nature humaine», dont un extrait peut-être lu à :
http://pages.infinit.net/pclou200/preuves2.htm
«tout simplement parce que ceux qui font le plus d’enfants sont les habitants des pays pauvres»
Les mesures doivent idéalement venir de chaque pays. Il faut bien sûr favoriser l’éducation et l’émancipation des femmes, qui débouchent toujours, sans que cet objectif ne soit explicite, sur une baisse de la natalité. Mais, ce que je voulais surtout dire, est qu’il faut rejeter toute campagne visant un groupe en particulier (ethnique, social, etc.)
«je suis rassurée»
Bon, aujourd’hui, cela a l’air bien timide, mais dans le contexte de son époque, je trouvais ce discours à l’avant-garde.
@ Déréglé
«Les humains ont développé la haute couture pour ça.»
Et ont mis des plumes de paon au derrière des danseuses des Folies bergères…
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« Et ont mis des plumes de paon au derrière des danseuses des Folies bergères… »
En voilà encore de bonnes idées de mecs….ça m’épate!
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@ Koval
«ça m’épate!»
N’est-ce pas toi qui a écrit : «me manque plus que la grosse queue…» ? La voici : 😉
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Très jolie évolution Darwin!
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«Très jolie évolution Darwin!»
Je l’ai dit, l’évolution ne va pas nécessairement vers le mieux !
Elle, elle ressemble vraiment au paon, même si elle n’a pas de plume ! Ah, la variété incroyable génée par l’évolution !
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Ouais mais ce modèle n’a pas survécu, on va pas trop en pleurer…
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Je corrige : «Ah, la variété incroyable générée par l’évolution !».
«mais ce modèle n’a pas survécu»
C’est vrai. Mes des espèces semblables apparaissent et disparaissent tout au long de l’histoire, comme si leurs facultés d’adaptation étaient sporadiques…
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Ils sont préservés dans différents zoos dont les plus connus ont pour noms « Crazy Horse » et « Moulin Rouge »…
(j’ai comme l’impression d’une dérive kavernienne, là…)
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«j’ai comme l’impression d’une dérive kavernienne, là»
Mets quelques Kaverneux à la même place et tu auras de temps en temps ce genre de résultat ! 😉
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C’est bien ce que je me disais. On peut sortir le kaverneux de la Kaverne, mais pas la Kaverne du kaverneux, faut croire…
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Quand on est adepte du blogue Jeanne Émard, est-ce qu’on est des jeanne-émardeux?
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@ Renard
«est-ce qu’on est des jeanne-émardeux?»
🙂 Et chez vous ce sont des renarteux ou des renardeaux ? 😉
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Darwin,
renarteux, bien sûr, pour respecter la règle. Mais ça sonne pas très bien!
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@ Renart
«Mais ça sonne pas très bien!»
C’est toi qui a commencé avec jeanne-émardeux, qui ne sonne guère mieux !
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Au contraire, moi je trouve que ça sonne, même que le « mardeux » donne une petit côté chanceux! 😉
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Un article intéressant sur l’utilisation des concepts de Darwin par les économistes et la droite.
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2009/02/09/quand-leconomie-jongle-darwin
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@ Jimmy
Merci, cet ajout est des plus pertinents.
«Un article intéressant sur l’utilisation des concepts de Darwin par les économistes et la droite.»
Si tu permets : par certains économistes et autres représentants de la droite ! Il y a un bon nombre d’économistes qui ne partagent pas ce genre d’analyse de bas étage… 😉
Et, encore une fois, cet article confirme que Darwin n’appréciait pas du tout cette récupération de ses travaux, pas plus que les biologistes actuels !
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une série de petits textes à teneur scientifique sur l’idée de l’évolution en économie.
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@ Clopp
Merci pour le lien. Déréglé m’a aussi fourni à quelques reprises des liens vers des textes de ce site. Je crois que je vais finir par le mettre dans mes favoris, même si je trouve les billets un peu arides et souvent très théoriques.. Je m’intéresse en effet à l’institutionnalisme depuis quelque temps. J’ai d’ailleurs écrit un billet sur Commons et l’institutionnalisme il y a quelques semaines (https://jeanneemard.wordpress.com/2010/05/24/commons-et-linstitutionnalisme/ ).
Quant à l’analogie avec l’évolution en économie, je suis un peu comme Krugman (dont j’avais lu le texte sur le sujet mentionné par l’auteur du blogue), qui critique cette utilisation. Je suis aussi un peu surpris, car les institutionnalistes rejettent habituellement l’idée de la recherche de situations d’équilibre, puisque, selon eux (et je suis d’accord), l’économie est caractérisée par une situation de conflits perpétuels. Je suis aussi surpris, car Darwin non plus ne parle jamais de situation d’équilibre, les espèces variant constamment, puisque l’environnement change constamment, et plus rapidement que les espèces !
Je suis aussi d’accord avec Krugman qui favorise les modèles simples qui ne font que faire ressortir des relations, plutôt qu’avec des modèles complexes qui finissent par prétendre représenter la réalité, ce qu’ils ne parviendront jamais à faire (Keynes avait la même réserve envers les modèles complexes).
En plus, à partir du moment où une institution est intentionnellement créée (comme le dit l’auteur), ne serait-ce qu’en partie, il s’agit d’une sélection artificielle, pas naturelle (l’auteur finit par le mentionner dans son dernier billet et ajoute que Commons a aussi contesté Veblen à ce sujet) !
Son argument pour rejeter cette réalité ressemble à un tour de passe-passe : «Sur un plan heuristique, on peut considérer que sur le court terme il y a bien un processus de sélection artificielle. Mais dans une perspective évolutionnaire, la notion de court terme n’a pas de sens de sorte que cela ne remet pas en cause l’idée de sélection naturelle.». Ben voyons, la sélection naturelle fonctionne justement de courts termes (petits changements transportés à la génération suivante) en courts termes, pas dans ce qu’il appelle (sans le définir) une « perspective évolutionnaire» ! Cela ressemble étrangement à un raisonnement circulaire…
S’il est vrai que les institutions peuvent varier en fonction de l’environnement, cette évolution se fait bien plus par des affrontements (conflits) et par des rapports de force. Le nouveau programme de procréation assistée vient-il d’une évolution ou d’un rapport de force ? La baisse des impôts suivie de hausses de tarifs ont beaucoup plus à voir avec des rapports de force qu’avec une supposée évolution…
Et que dire des changements institutionnels dus aux guerres, coups d’état et autres rapports de force encore plus flagrants ? C’est ramener la théorie de l’évolution par sélection naturelle à la loi du plus fort, ce que tous les biologistes contestent… ou à une autre forme de darwinisme social (sinon à une forme d’eugénisme), comme le mentionne d’ailleurs l’auteur !
J’ai d’ailleurs laissé un commentaire sur son dernier billet (en attente de validation…). On verra s’il répondra et ce qu’il répondra ! Il me reste à lire son long texte en anglais, mais ce sera pour une autre fois…
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@Darwin
« Il y a un bon nombre d’économistes qui ne partagent pas ce genre d’analyse de bas étage… »
Oui, j’aurais dû le préciser. Jacques Généreux en est un trop rare exemple.
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@ Jimmy
«Jacques Généreux en est un trop rare exemple.»
Jacques Généreux, Frédéric Lordon, Amartya Sen, le groupe d’Économie autrement, et même Joseph Stiglitz, Paul Krugman et bien d’autres…
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Oui, c’est sûr, je connais Économie autrement et aussi l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS). Mais ils sont bien peu écoutés dans les médias. De plus, l’économisme est plus enseigné aux HEC qu’une vision keynésienne de l’Économie tandis que la crédibilité de l’IEDM n’a d’égale que son énorme financement à « but non lucratif ».
Krugman aussi, le prix nobel, se démarque aux États-Unis. Mais la polarisation est grande et les républiciains montent la population contre la politique interventionniste d’Obama.
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@ Jimmy
«Mais ils sont bien peu écoutés dans les médias. (IRIS)»
Je ne dirais pas cela. Je suis toujours agréablement surpris de la couverture de leurs études, dont celle sur la croissance des inégalités de revenus assez récemment. Je connais quelques personnes qui y travaillent et je te garantis que ce sont des gens très engagés et compétents.
«la crédibilité de l’IEDM »
Ah oui ? C’est sûr que la Presse et le Hournal lui donnent beaucoup de place. Mais même Dubuc les tient à distance (pas Picher !).
«Krugman aussi, le prix nobel, se démarque aux États-Unis. Mais la polarisation est grande et les républiciains montent la population contre la politique interventionniste d’Obama.»
Il a quand même déjà reçu un prix comme le «columnist» le plus influent des États-Unis. Mais, là je suis d’accord, la démagogie l’emporte souvent sur l’analyse. C’est d’autant plus déplorable que la dernière crise aurait dû démontrer l’inanité des thèses économistes orthodoxes…
Tiens, pour rire (merci Déréglé !) http://www.leftycartoons.com/?s=keynes
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oui, l’auteur est plutôt académique et n’est pas très vulgarisateur. Son blogue est tout de même très pertinent sur les travaux des théoriciens économiques. Il ratisse large dans son domaine.
Bref c’est un blogue d’un jeune professeur en écomonie qui réfléchi tout haut sur l’avancement des connaissances et des débats de son domaine d’enseignement.
C’est rare sur la blogsphère.
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@ Clopp
Je vais sûrement y jeter plusieurs coups d’oeil plus approfondis.
J’ai terminé le long texte en anglais (The Idea of Evolution in Economics : From Veblen to Generalized Darwinism). Je demeure sur ma position initiale. Je trouve étrange qu’un économiste hétéroxe comme lui, qui reproche avec raison aux néoclassiques de s’appuyer frauduleusement sur les lois de la physique (genre la «loi» de l’offre et de la demande est équivalente à la loi de la gravité) pour donner un vernis de scientifisme à leur théorie, fasse de même avec la biologie et la théorie de l’évolution par la sélection naturelle.
Il retranche même le mot «naturelle» à la sélection, prétendant que sélection artificielle découle de la capacité de l’homme à le faire à la suite de son évolution par la sélection naturelle ! Comme sophisme, c’est dur à battre ! Dommage, car sa vision serait tout à fait défendable sans avoir besoin de lui accoler le terme «darwinisme universel» pour lui donner, lui aussi, un vernis plus scientifique.
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« merci Déréglé ! »
De rien! (merci Gabriel!)
Sur Rationalité Limitée, ce qui m’attire, c’est justement le côté théorique. Les blogues économiques qui collent de trop près à l’actualité ne m’aident pas à voir le portrait d’ensemble, ça m’énerve à chaque fois.
Et puis, sans être vulgarisé, je le trouve quand même plutôt abordable, ce blogue.
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«Et puis, sans être vulgarisé, je le trouve quand même plutôt abordable, ce blogue.»
Je vais continuer à l’explorer… C’est vrai que c’est assez vulgarisé, ce sont les sujets que je trouve arides… Et je vois que Koval et toi m’avez imité en y intervenant… 😉
Sérieusement, la théorie pour la théorie, ça ne m’accroche pas tellement… Par exemple, l’histoire du darwinisme universel m’a bouffé plein de temps et, finalement, tout ne repose que sur l’utilisation d’un mot (et du concept).
Cela dit, je vais y investir encore un peu de temps…
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« Et je vois que Koval et toi m’avez imité en y intervenant… 😉 »
Ça fait longtemps que j’y intervient, simplement jamais sur un base régulière. La théorie économique n’est pas le sujet qui m’inspire le plus de commentaires.
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«Ça fait longtemps que j’y intervient»
Ouais, j’aurais dû m’en douter, vu que tu connais ce site depuis bien plus longtemps que moi…
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@darwin
« Il retranche même le mot «naturelle» à la sélection, »
écris-lui tes réserves sur son raisonnement. Pour ma part je n’ai pas d’opinion tranché sur le sujet. Sinon, que le gros de l’évolution humaine depuis son apparition sur la planète est essentiellement culturelle. L’économie étant une science humaine, il est possible qu’il fasse un racourci avec le terme « sélection ».
Comme le souligne DT, c’est un blogue sur les travaux théoriques, c’est-à-dire sur l’évolution de la pensée humaine sur l’économie. Le gars est ouvert et tout cela se discute.
Mais bon, f’aut aimer ça! 🙂
P.S. Parlant culture, il est amusant de contaster que le gros de la recherche semble se faire dans le monde anglo-saxon.
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@ Clopp
«écris-lui tes réserves sur son raisonnement.»
C’esr fait : http://rationalitelimitee.wordpress.com/2008/11/20/economie-et-evolution-evolution-socio-culturelle-versus-evolution-biologique/#comment-3415
Mais, comme il a annoncé ses vacances, je n’aurai pas de réponse de sitôt !
«L’économie étant une science humaine, il est possible qu’il fasse un racourci avec le terme « sélection ».»
Comme je l’ai écrit plus tôt, il semble tenir à faire un lien avec Darwin, même si, selon moi, son analyse tiendrait très bien, et même mieux, sans cela.
«Mais bon, f’aut aimer ça! »
J’aime cela, mais nettement moins que lui !
«le gros de la recherche semble se faire dans le monde anglo-saxon.»
Ouais, pas nécessairement PAR des anglo-saxons, mais dans leur langue…
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Depuis que j’ai écrit ce billet, on dirait que les discussions sur le darwinisme et la théorie de l’évolution par la sélection naturelle foisonnent.
Article inquiétant à ce sujet ce matin dans Le Devoir :
Le créationnisme, une affaire d’Américains… et d’Albertains
http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/292691/le-creationnisme-une-affaire-d-americains-et-d-albertains
On y apprend (on confirme) qu’il y a plus de personnes aux États-Unis qui croient au créationnisme qu’il y en a qui adhèrent à la théorie de Darwin. Au Canada, c’est au Québec qu’il y a le moins de créationnistes (fiou…).
Tout de même, j’ai ressenti des frissons à lire certains commentaires à cet article. De façon plus positive, je tiens à signaler un commentateur (Bernard Gadoua, dit lephilosophe) qui fait bien la distinction entre une théorie qui est réfutable et une doctrine (comme le créationnisme) qui ne l’est pas.
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Merci pour le lien,
Dans la même veine, il y a débat suite à un article portant le titre de « Darwinian Liberalism » publié sur Cato.0rg
http://scienceblogs.com/pharyngula/2010/07/evolution_isnt_libertarian.php?utm_source=sbhomepage&utm_medium=link&utm_content=channellink
La rebuffabe fache à ce texte très long se resume à une ligne « no one gets to claim a biological justification for their political philosophy »
Les commentaires sont parfois très drôle, tel celui-ci
« Of course evolution isn’t libertarian: evolution actually works »
Au total on y apprend pas chose, mais c’est distrayant.
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@ Clopp
Merci pour le lien.
Décidément «les discussions sur le darwinisme et la théorie de l’évolution par la sélection naturelle foisonnent.» ! Merci pour le lien. Sur un autre blogue quelqu’un m’a mené sur «Une gauche darwinienne» : http://fr.wikipedia.org/wiki/Une_gauche_darwinienne !
On fait dire bien des choses à Darwin ! La réponse de Myers ressemble à la phrase suivante que j’ai écrite dans le billet : «la science n’est pas de gauche ou de droite, elle est, tout simplement.» D’ailleurs, j’ai répondu un peu la même chose à propos de la gauche darwinienne : «Darwin fut en premier lieu un scientifique et c’est pour cela que j’ai pris son nom comme pseudo.».
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« Tout de même, j’ai ressenti des frissons à lire certains commentaires à cet article. De façon plus positive, je tiens à signaler un commentateur (Bernard Gadoua, dit lephilosophe) qui fait bien la distinction entre une théorie qui est réfutable et une doctrine (comme le créationnisme) qui ne l’est pas. »
La formation scientifique et l’épistémologie de base ne font malheureusement pas vraiment partie de la formation offerte à l’école.
Certes, on voit bien la « méthode scientifique » dans plusieurs cours du secondaire, mais enseigné de manière tellement simpliste (et j’ai eu une bonne école, bien qu’elle fut privée 😉 ) qu’elle demeure mal comprise par la très grande majorité des étudiants (des enseignants?) On se contente d’apprendre la suite Observation-Hypothèse-Protocole-Expérimentation-Conclusion sans en approfondir la raison d’être.
On revoit le truc au cégep, notamment en Philo 1, mais sans trop s’y attarder non plus.
En bout de ligne, la « réfurabilité » (ou « falsifiabilité », anglicisme, mais plus fréquemment utilisé) est une notion dont je n’ai pas entendu parler avant les cycles supérieurs universitaires. Et encore…
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@ Déréglé
«bien qu’elle fut privée»
Tiens donc… Bizarre, je ne suis pas surpris… Si tu ne le répètes à personne, je vais avouer que j’y suis aussi allé ! Regarde le résultat ! Cela dit, je sais donc un peu de quoi je parle quand j’aborde cette question ! Mais, chutttttt…
«En bout de ligne, la « réfutabilité » (ou « falsifiabilité », anglicisme, mais plus fréquemment utilisé) est une notion dont je n’ai pas entendu parler avant les cycles supérieurs universitaires.»
Moi, c’est encore plus récent, puisque je ne suis jamais allé dans des cycles supérieurs ! Mais, comme Popper, je préfère le terme français.
«Karl Popper lui a signalé son souhait que « le terme alors en usage (falsifier) soit remplacé par réfuter (et ses dérivés) ». En effet, «… si en anglais et en allemand, les termes concernés signifient à la fois réfuter et adultérer, en français par contre le terme falsifier n’a que ce dernier sens. Un point intéressant est que, même en anglais, to falsify est pour lui le synonyme de to refute ».»
http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Popper#R.C3.A9futer_ou_falsifier.2C_une_question_de_vocabulaire
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Un texte plus érudit qui complète bien ce billet :
http://www.acfas.ca/node/6168
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