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Démographie et vieillissement

6 février 2012

Voici ce que disaient Luc Godbout, Pierre Fortin, Matthieu Arseneau et Suzie St-Cerny en 2007 dans le livre Oser choisir maintenant :

«Au Québec, d’ici 2031, le nombre d’aînés augmentera de plus d’un ­million alors que le bassin de travailleurs potentiels diminuera de 500 000. Ce n’est pas de la météo, ce sont les données de l’Institut de la statistique du Québec.»

C’est avec ce livre entre autres qu’ils tentaient de sensibiliser la population aux conséquences du vieillissement de la population. Les données de cette citation proviennent du scénario de référence des prévisions démographiques 2001-2051 de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), prévisions faites en 2003. Oui, ce sont des prévisions de l’ISQ, pas des données…

Mais, des prévisions démographiques, est-ce si fiable que ça? Soyons clair, partant de la structure de la population, il est certain que les prévisions démographiques reposent sur des bases bien plus solides que celles sur lesquelles les météorologues et les économistes fondent leurs prévisions. C’est solide, mais, comme toutes prévisions, les prévisions démographiques sont basées sur des scénarios.

Quel scénario se réalise?

Les prévisions démographiques reposant sur des hypothèses, il est intéressant de regarder après quelques années pour voir de quel scénario la tendance réelle est la plus proche. J’avais fait cet exercice vers 2008, en comparant les données réelles de 2001 à 2007 à celles des scénarios des prévisions de l’ISQ établies en 2003 pour la période 2001-2051. J’avais constaté que les données réelles ressemblaient beaucoup plus au scénario fort de 2003 qu’à son scénario de référence. On peut d’ailleurs voir sur le graphique qui suit que le scénario de référence de l’exercice de 2009 (au centre, en points noirs) correspond à peu de chose près (il est même un peu plus élevé!) au scénario fort de l’édition de 2003 (ligne pointillée bleue). Les données sur lesquelles se basaient les auteurs du livre et de la citation du début de ce billet correspondent en fait au scénario faible actuel (ligne verdâtre du bas du graphique), car celui-ci ressemble beaucoup au scénario de référence de 2003 (ligne pointillée rouge la plus basse du graphique) que ces auteurs avaient utilisé.

Maintenant que nous disposons de données réelles pour les cinq premières années de l’exercice le plus récent de l’ISQ, je me suis dit (à la suite d’une observation d’un de mes collègues qui avait vu ce qui suit…) qu’il serait intéressant de faire comme j’avais fait en 2003 et de comparer les données réelles de 2006 à 2011 à celles des scénarios faible, de référence et fort des prévisions 2006-2056 de l’ISQ. C’est à cela que le reste de ce billet sera consacré.

Population totale

Les données des graphiques qui suivent proviennent des données annuelles sur la population (par âge) diffusées par l’ISQ dans le fichier Excel disponible sur cette page et des données sur les scénarios de ses prévisions démographiques 2006-2056 dans le fichier Excel disponible sur celle-ci.

Le graphique qui suit montre que la population totale a augmenté en suivant presque parfaitement le scénario fort des prévisions de l’ISQ. La différence jusqu’à maintenant semble minime, même si 33 000 personnes de plus habitent le Québec que ne le prévoyait le scénario de référence, ce qui représente un niveau plus élevé de 0,4 %. Ce n’est pas énorme, mais si la tendance à suivre le scénario fort se maintenait, on se retrouverait en 2031 avec une population totale de 650 000 personnes de plus qu’avec le scénario de référence.

Tout cela est bien beau, mais les auteurs que j’ai cités au début de ce billet parlaient principalement d’une diminution de 500 000 du «bassin de travailleurs potentiels». Ce bassin n’est pas ici décrit, mais j’imagine qu’ils parlaient soit des personnes âgées de 15 à 64 ans, ou encore de ce qu’on appelle la population la plus active sur le marché du travail, soit les personnes âgées de 25 à 54 ans. Alors, regardons les deux.

Personnes âgées de 15 à 64 ans

Le graphique qui suit montre que les données réelles sont encore plus élevées que celles du scénario fort! On trouve près de 30 000 personnes de plus dans ce groupe d’âge que ne le prévoyait le scénario de référence, soit 0,54 % de plus.

Si cette population continuait à évoluer comme le scénario fort (même pas en le surpassant comme c’est le cas depuis 2009, surtout), le nombre de personnes âgées de 15 à 64 ans, au lieu de diminuer de près de 500 000 personnes entre 2012 et 2031, comme le prévoit le scénario faible actuel, qui était le scénario de référence de 2003 utilisé par les auteurs du livre mentionné au début de ce billet pour parler d’une baisse de justement 500 000 du «bassin de travailleurs potentiels» (il semble bien qu’ils parlaient des personnes âgées de 15 à 64 ans!), ou de diminuer de 200 000 entre 2013 et 2031, comme le prévoit le scénario de référence, il ne diminuerait qu’entre 2017 et 2023 d’un total de moins de 15 000 personnes avant de repartir en hausse, pour finalement se retrouver en 2031 avec près de 100 000 personnes de plus qu’en 2012! Ces mouvements sont illustrés clairement dans le graphique qui suit :

Personnes âgées de 25 à 54 ans

Si les données réelles des 15-64 sont plus élevées que celles du scénario fort, celles des 25-54 le sont encore plus, comme le montre le graphique qui suit! On trouve 22 000 personnes de plus dans ce groupe d’âge que ne le prévoyait le scénario de référence, soit 0,65 % de plus. On notera aussi que tous les scénarios montraient une baisse du nombre de personnes âgées de 25 à 54 ans à compter de 2009, mais que leur nombre a en fait continué d’augmenter.

Si cette population continuait à évoluer comme le scénario fort, le nombre de personnes âgées de 25 à 54 ans, au lieu de diminuer de près de 340 000 personnes entre 2008 et 2031, comme le prévoit le scénario faible actuel ou de diminuer de 140 000 pour la même période comme le prévoit le scénario de référence, elle ne diminuerait qu’entre 2008 et 2020 d’un total d’un peu plus de 31 000 personnes avant de repartir en hausse, pour finalement se retrouver en 2031 avec près de 60 000 personnes de plus qu’en 2008! Ces mouvements sont illustrés clairement dans le graphique qui suit :

Analyse

Il reste maintenant à savoir si l’évolution de la population continuera à évoluer comme le scénario fort. Pour se prononcer là-dessus, il faut dans un premier temps prendre connaissance des hypothèses sur lesquelles l’ISQ s’est basé pour établir ses scénarios.

Les hypothèses de son exercice de prévisions démographiques 2006-2056 peuvent être consultées à la page numérotée 20 de ce document. Voici les principales hypothèses établies à compter de 2015, l’évolution entre 2006 et 2015 partant de la tendance réelle et s’approchant de ces hypothèses (je n’ai pas tenu compte des hypothèses sur la mortalité, car elles n’ont pas ou peu d’incidence sur les tranches d’âge de 15 à 64 ans, et de 25 à 54 ans)  :

  • scénario faible : indice synthétique de fécondité de 1,5 et solde migratoire de 14 000;
  • scénario de référence : indice synthétique de fécondité de 1,65 et solde migratoire de 30 000;
  • scénario fort : indice synthétique de fécondité de 1,85 et solde migratoire de 46 000.

Par contre, les comparaisons que j’ai faites avec les scénarios sont toutes antérieures à l’application de ces hypothèses. Il faut donc regarder les hypothèses établies ce 2006 à 2011 et les comparer aux données réelles.

– indice synthétique de fécondité

On peut trouver ces hypothèses à la page 24. On voit tout d’abord que les hypothèses pour 2007 et 2008 sont en fait les données réelles… ce n’est qu’après que les hypothèses changent, passant de 1,74 à 1,65 pour le scénario de référence entre 2008 et 2015, et de 1,74 à 1,85 pour le scénario fort.

À la page numérotée 44 de cet autre document, on peut voir que l’indice a été de 1,73 en 2009 et de 1,70 en 2010. Les données préliminaire de 2011 nous montrent un nombre de naissances quasi identique pour les 10 premiers mois de 2011 (74 200 en 2011, soit 100 de plus qu’en 2010…). L’indice de 2011 devrait donc être très similaire à celui de 2010. Bref, ces indices de 2009 à 2011 furent un peu plus élevés que ceux du scénario de référence, mais nettement moins que ceux du scénario fort. Cela dit, les écarts de cet indice n’ont bien sûr eu aucun impact sur l’évolution des populations âgées de 15 à 64 ans et de 25 à 54 ans entre 2008 et 2011, et en auront très peu sur celle de 15 à 64 ans (seulement une petite différence chez les 15 à 22 ans) et aucune sur celle de 25 à 54 ans d’ici 2031.

– solde migratoire

On peut trouver ces hypothèses à la page 25 (graphique du bas). Encore une fois, les hypothèses pour 2007 et 2008 sont en fait les données réelles. Pour 2009 à 2011, les prévisions du solde migratoire externe total baissent graduellement dans le scénario de référence pour atteindre 30 000 en 2015 et augmentent assez rapidement dans le scénario fort pour se stabiliser entre 45 000 et 46 000.

Ce solde fut en fait entre ces deux extrêmes en 2009 et 2010, ayant atteint environ 37 400 en 2009 et 43 000 en 2010. Les données des trois premiers trimestres de 2011 montrent une légère baisse d’environ 2100 pour 2011 ce qui nous laisse entrevoir un solde migratoire externe total d’environ 40 000, encore une fois entre les hypothèses des scénarios de référence et fort, quoique plus proche du scénario fort.

– résidents non permanents

Il peut sembler étrange que la population totale et celles âgées de 15 à 64 ans et de 25 à 54 ans aient augmenté davantage que celles du scénario fort, puisque l’indice synthétique de fécondité et le solde migratoire ont en fait été entre les résultats des scénarios de référence et fort. Ce serait oublier les résidents non permanents.

En effet, le nombre de résidents non permanentstitulaires d’un permis de travail ou d’études, ou qui demandaient le statut de réfugié»), que les trois scénarios prévoyaient stable à 80 000 (voir à la page 20), a plutôt augmenté de 29 000 depuis 2006, passant de 66 000 en 2006 à 95 000 en 2011 (voir au bas de cette page). Ce 29 000 correspond pas mal aux écarts entre les scénarios et les données réelles et expliquerait donc que les populations aient augmenté davantage que le scénario fort et tellement plus que le scénario de référence.

Par curiosité, j’ai cherché d’où venait cette hausse. J’ai trouvé la réponse dans le document Faits et chiffres 2010 d’Immigration Canada :

  • à la page 76, on peut constater que le nombre de travailleurs étrangers au Québec est passé d’environ 21 600 à 34 800 entre 2006 et 2010, pour une hausse de 13 300;
  • à la page 88, que le nombre d’étudiants étrangers est passé d’environ 25 800 à 32 200, pour une hausse de 6 300;
  • à la page 98, que le nombre de cas d’ordre humanitaire (essentiellement des demandeurs d’asile, ou réfugiés) est passé d’environ 21 500 à 28 600, pour une hausse de 7 100.

Même si ces données ne sont pas colligées au même moment que les autres (premier décembre au lieu du premier janvier), la hausse totale, 26 700, correspond bien à la hausse de 29 000 dont j’ai parlé précédemment. Notons finalement que les données utilisées dans les graphiques sont plutôt celles du premier juillet, période où il y a encore plus de résidents non permanents, surtout en raison de la présence des travailleurs agricoles saisonniers. Finalement, comme ces résidents ne peuvent faire venir leur familles, ils sont fort probablement plus nombreux que les natifs dans la tranche d’âge de 25 à 54 ans, celle où on a observé la plus grande différence entre les données réelles et celles des scénarios.

– conclusion de l’analyse

Compte tenu de ces observations et en supposant que le nombre de résidents non permanents ne pourra pas continuer à augmenter à ce rythme et demeurera plutôt assez stable, les tendances de l’indice synthétique de fécondité et du solde migratoire feront en sorte que, entre maintenant et 2031, l’évolution de la population se situera directement entre le scénario de référence et le scénario fort.

Ainsi, entre aujourd’hui et 2031, la population des 15-64 devrait baisser moins que prévu dans le scénario de référence (200 000), mais sûrement pas augmenter de plus de 100 000 comme dans le scénario fort. Les tendances combinées de l’indice synthétique de fécondité et du solde migratoire se situant directement entre les scénarios de référence et fort, on doit plutôt s’attendre à une baisse de 50 000, ce qui est quand même 10 fois moins que ne le prévoyait le scénario de référence de 2003!

Et alors…

Je ne voudrais pas qu’on conclue que le livre que j’ai cité au début du billet n’a aucune pertinence. Je tiens d’ailleurs à préciser que les auteurs ont depuis révisé leurs calculs en fonction du scénario de référence de 2009. Mieux, ils ont créé un site Internet qui permet de faire toutes sortes de calculs en fonction des trois scénarios de 2003 et des trois de 2009. Je garderai mes critiques sur cet exercice pour une autre fois…

Je ne voudrais pas non plus qu’on pense que j’affirme que le vieillissement de la population ne sera pas important. En effet, qu’on utilise le scénario de référence ou le scénario fort (oublions le faible…), il demeure que le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus augmentera de plus de 1 000 000 entre 2006 et 2031, comme c’était le cas dans le scénario de référence de 2003. Que ce soit avec le scénario de référence ou avec le fort, la proportion des 65 ans et plus dans la population augmentera énormément. De 14,0 % en 2006, cette proportion atteindra 25,6 % en 2031 selon le scénario de référence et 24,7 % selon le scénario fort. Bref, on ne parle ici que d’une faible différence d’ampleur. Dans ce cas, les auteurs avaient bien raison d’insister sur les bases très solides des prévisions démographiques.

Par contre, ils n’ont pas accordé assez d’importance aux effets des diverses hypothèses utilisées dans les scénarios sur l’évolution de la population en âge de travailler. Au lieu de baisser de 500 000 comme ils le disaient en 2007, cette population ne diminuerait que de 200 000 selon le scénario de référence de 2009 et semble en fait se diriger vers une baisse de 50 000.

Tous ces changements ont bien sûr de l’importance dans l’élaboration de budgets et de politiques. On le voit avec les intentions actuelles du gouvernement fédéral de modifier le programme de sécurité du revenu et le supplément de revenu garanti. La démographie influence aussi le marché du travail, la santé, le logement et bien d’autres aspects de notre société. Pour pouvoir prendre des décisions éclairées, il est essentiel de bien suivre son évolution et ne pas se baser uniquement sur des prévisions réalisées plusieurs années auparavant.

30 commentaires leave one →
  1. Pierre Jobin permalink
    6 février 2012 22 h 48 min

    Excellent billet. Merci.

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  2. 6 février 2012 22 h 59 min

    @ Pierre Jobin

    «Excellent billet»

    Merci. Je pense que ça faisait un bout de temps que je ne m’étais pas lâché lousse comme ça. C’est toujours plus stimulant quand on aborde un sujet d’un angle que personne n’a abordé avant. Mais, ces sujets ne se présentent pas tous les jours…

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  3. 7 février 2012 7 h 44 min

    Billet assez costaud en effet!

    J’ai déjà étudié un peu ces modèles pour mon propre loisir, ce n’est pas simple….

    L’espérance de vie, par exemple varie, selon les cohortes….

    Je reviendrai plus tard sur ton analyse, après avoir relu et digéré tout ça

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  4. 7 février 2012 10 h 44 min

    «Billet assez costaud en effet!»

    J’aurais pu aller plus loin… Je n’ai par exemple pas parlé des universités où se retrouvent les étudiants étrangers, ni de leur pays d’origine, ni ce ceux qui sont au collégial! 😉

    En passant, je n’ai devancé que de quelques heures l’ISQ qui a publié ce matin un document portant justement sur la hausse du nombre de résidents non pemanents depuis 2000!

    Un portrait des résidents temporaires au Québec de 2000 à 2010

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  5. 7 février 2012 14 h 52 min

    Dans le billet, j’ai écrit :

    «Finalement, comme ces résidents ne peuvent faire venir leur familles, ils sont fort probablement plus nombreux que les natifs dans la tranche d’âge de 25 à 54 ans, celle où on a observé la plus grande différence entre les données réelles et celles des scénarios.»

    Le document de l’ISQ dont j’ai parlé dans mon précédent commentaire permet de confirmer cette déduction. On peut en effet voir à la figure 5 de la page 6 que plus de 94 % des résidents non permanents ont entre 15 et 64 ans, alors que ce n’était le cas que de 69 % de l’ensemble de la population du Québec en juillet 2011. Ces données ne permettent pas de calculer précisément la proportion de la population âgée de 25 à 54 ans, mais elle doit tourner autour de 50 % (le 46,5 % qui a entre 25 et 44 ans, plus la moitié du 7,7% qui est âgée de 45 à 64 ans) et peut être un peu plus (il est probable qu’il y ait plus de 45-54 que de 55-64), par rapport à 42,7 % de l’ensemble de la population.

    Cela confirme de fait ma supposition, mais un peu moins que je ne le pensais, ayant sur-estimé un peu l’âge des étudiants étrangers.

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  6. 7 février 2012 18 h 12 min

    Excellent billet Darwin… Tu as travaillé fort, aucun doute.

    Je dois relire le billet une troisième fois (…) mais deux réflexions me passent par la tête :

    – Comme tu l’as déjà dit dans le passé, le solde migratoire semble indiquer qu’il n’y a pas d’exode des cerveaux… me trompe-je ?
    – La pression sur les régimes de retraite, qu’ils soient privés ou public sera exceptionnelle. Comme ces régimes sont relativement jeunes, il me semble qu’ils subiront une pression exceptionnelle, non seulement à cause de l’importance des paiements qu’ils devront assurer mais ils ne pourront pas endurer des rendements négatifs (crises, effondrements des marchés, etc.) pendant bien longtemps. Qu’on le veuille ou non, les régimes de retraite sont directement reliés à la performance des marchés… Ils sont vulnérables à cette économie de casino…

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  7. 7 février 2012 18 h 40 min

    @ Luto

    «Tu as travaillé fort, aucun doute.»

    Disons que mes prochains billets risquent d’être moins longs à écrire… et à lire!

    «le solde migratoire semble indiquer qu’il n’y a pas d’exode des cerveaux… me trompe-je ?»

    Comme tu le dis, j’en ai déjà parlé!

    Quand on sait qu’en 2010, il est entré 54 000 personnes de l’étranger et sorti seulement 7 800, et qu’au moins 65 % des immigrants avaient au moins 14 ans de scolarité (34 % au moins 17 ans!), on peut plutôt parler de vols des cerveaux aux autres pays!

    «La pression sur les régimes de retraite»

    Oui, c’est vrai. Mais, je suis un peu ambivalent à cet égard. J’en parlerai peut-être un jour, mais disons seulement que le concept de régime de retraite me trouble. On épargne des moyens d’acheter des biens et services qui ne sont pas produits et qui devront bien l’être un jour avec de moins en moins de personnes pour le faire! En outre, je ne sais pas si les rendements de 10 % et plus de la fin des années 1990 étaient plus socialement acceptables. Faire autant d’argent sans rien produire d’utile, seulement avec du capital qui ne produit rien, n’est pas nécessairement mieux.

    Au moins, nos régimes publics (RPC et RRQ) sont partiellement capitalisés, ce qui n’est pas le cas dans bien des pays du monde où ce sont les revenus annuels des gouvernements qui payent à mesure. Ici, c’est seulement le programme de sécurité du revenu (que les conservateurs veulent réduire) et le supplément de revenu garanti qui ne sont pas du tout capitalisés. En plus, si les régimes privés éprouve plus de difficultés, est-ce le temps de réduire la portée de ces programmes?

    «Ils sont vulnérables à cette économie de casino…»

    En effet! Cela fait aussi partie de mon ambivalence.

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  8. 7 février 2012 21 h 13 min

    Darwin

    J’ai calculé un déficit entre les cohortes 0-14 ans et 15-29 ans de 313 872 jeunes.

    Cela veux donc dire que dans 15 ans, il manquera 313 872 jeunes dans la cohorte des 15-29 ans par rapport à aujourd’hui.

    Seule l’immigration pourra combler ce déficit. Y en aura-il assez? Cela dépend des politiques qu’on se donnera. Juste pour combler cette perte de 313 872 jeunes , il nous faudrait 21 000 immigrant au moins par an.

    La pyramide d’âge qu’on trouve sur ce lien est extra, on peut activer la simulation et voir son déplacement de 1971 à 2056!

    http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/pyramide_age.htm

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  9. 7 février 2012 21 h 32 min

    @ Koval

    «J’ai calculé un déficit entre les cohortes 0-14 ans et 15-29 ans de 313 872 jeunes.»

    Quelle source as-tu utilisée? J’arrive à 285 486 pour 2011, 1241700 de 0-14 et 1 527 186 de 15-29 avec la source mentionnée dans le billet et celle-ci me donne le même résultat. Mais, bon, l’ordre de grandeur se ressemble!

    «Cela veux donc dire que dans 15 ans, il manquera 313 872 jeunes dans la cohorte des 15-29 ans par rapport à aujourd’hui.»

    Plus les décès et l’émigration (internationale et interprovinciale). Le scénario de référence prévoit que cette baisse (entre 2011 et 2026) sera de 134 000 et le fort de 93 000. Sauf que ce sera momentané, grâce à l’augmentation des naissances depuis quelques années. Et si le nombre d’étudiants étrangers continuait à augmenter, la différence serait moindre!

    Cela dit, tu as raison, les cégeps et universités vont devoir prévoir des baisses d’effectifs, comme le secondaire le fait actuellement. La hausse des droits de scolarité n’aidera pas!

    «La pyramide d’âge qu’on trouve sur ce lien est extra»

    En effet!

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  10. 7 février 2012 21 h 34 min

    Suite….

    En plus, dans les 15 prochaines années, les 50 à 64 ans seront remplacés par les 35-49 ans, ce qui provoquera un autre déficit de 81 000 dans la cohorte 15-54 ans.

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  11. 7 février 2012 21 h 38 min

    Darwin, j’ai pris les chiffres dans le lien que j’ai mis dans mon 21:13h. La pyramide de 2012, c’est peut-être une prédiction, mais basé sur 2011 j’imagine!?!

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  12. 7 février 2012 21 h 45 min

    Je comprends, ce sont les données du scénario de référence pour 2012, alors que j’utilise les données réelles de 2011! Comme j’ai montré dans mon billet, les différences sont quand même pas mal importantes.

    «mais basé sur 2011 j’imagine!?!»

    Non, ce sont les données qui ont 2006 comme année de base, avec certains éléments de 2007 et 2008, si j’ai bien compris.

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  13. 7 février 2012 21 h 53 min

    J’allais y venir Darwin aux chiffres de l’émigration et mortalité merci d’avoir mis ces chiffres, je pensais mettre un 100 000, comme ça sans justification mais puisque tu confirmes que c’est une bonne approximation, je la prend

    Donc grosso modo, on peut penser à un déficit de 500 000 sans immigration pour les 15 années à venir 313 872 déficit en entré+ 81000 déficit à la sortie +100 000 morts et immigration.

    Donc ça se jouera essentiellement au niveau des politiques d’immigration….pour garder l’équilibre, il faut retenir 33 333 immigrants par année. Or je sais qu’on reçoit plus que ce nombre d’immigrants mais je ne suis pas certaine qu’on en retiennent beaucoup. J’ai déjà vu ces chiffres, je vais les retrouver et y revenir.

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  14. 7 février 2012 21 h 55 min

    « Non, ce sont les données qui ont 2006 comme année de base, avec certains éléments de 2007 et 2008, si j’ai bien compris. »

    La pyramide de 2011 basée sur le recensement n’est toujours pas disponible?

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  15. 7 février 2012 22 h 18 min

    Pour 2011 et avant, ce sont des données réelles au premier juillet. Pour 2012 et après la pyramide est basée sur les prévisions du scénario de référence.

    «La pyramide de 2011 basée sur le recensement n’est toujours pas disponible?»

    Ce n’est pas exactement comme cela que c’est calculé. Les explications sont dans ce document. Page numérotée 20 :

    «Les estimations démographiques sont diffusées par Statistique Canada. Ces estimations sont produites à l’aide des données des recensements rajustées pour le sousdénombrement net (environ 1 % au Québec en 2006). À l’échelle nationale, provinciale et territoriale, ces chiffres de population corrigés sont disponibles à partir de juillet 1971.
    Les données les plus récentes (2006 à 2011) sont des estimations postcensitaires révisées ou provisoires. Les chiffres utilisés ici sont tirés des diffusions de septembre 2011 (population totale et population selon l’âge et le sexe).»

    Pour les autres données (naissances, morts, immigration, etc.) il faut consulter chaque section.

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  16. 7 février 2012 22 h 45 min

    Darwin

    Merci pour les précisions

    Sur ce lien, à la fin, on peut voir qu’on a retenu 305 000 immigrants, avec le résultat Taylor Bouchard et les larmes que ça occasionne, je n’espère pas que cela s’améliore dans les 15 prochaines années, les politiciens se font du crédit politique en annonçant des baisses..

    Donc à mon idée, on ne fera pas mieux dans la prochaine quinzaine d’années. Je prédit donc un déficit de 200 000 dans la cohorte des 15-64.

    http://www.cic.gc.ca/francais/ressources/recherche/mobilite-interprov/section2.asp

    Je suis donc plus pessimiste que toi, j’arrive entre la courbe jaune est la courbe orange pour ce qui est du graphique sur l’évolution des 15-64.

    Enfin, tout cela est totalement lié aux effectifs de l’immigration.

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  17. 8 février 2012 5 h 32 min

    Le meilleur document sur le maintien de l’immigration est celui-ci :

    Présence en 2011 des immigrants admis au Québec de 2000 à 2009

    Cliquer pour accéder à Presence_2011_immigrants_admis_Qc_2000-2009.pdf

    «Sur l’ensemble des 419 485 immigrants admis de 2000 à 2009, 357 205 étaient présents au
    Québec en janvier 2011, ce qui correspond à un taux de présence de 85,2 %. »

    De toute façon, les données que j’ai citées dans ce billet tiennent compte de ceux qui ne restent pas. Il sont soit dans les départ interprovinciaux ou dans l’émigration. Cela prendrait une forte détérioration de la situation pour que ta prévision se réalise.

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  18. 8 février 2012 7 h 53 min

    D’accord, tu as raison, mon scénario d’immigration basé sur 1991 et 2006 est pas mal trop faible. Les seuils d’immigration actuels sont beaucoup plus haut que ceux sur lesquels me me suis alignée.

    À 40 000 par an, on accueillera 600 000 immigrants dans la prochaine quinzaine d’années.

    Avec 85% de rétention on arrive à 510 000, un peu moins parce que certains immigrants ne sont pas dans la tranche 15-64 ans.

    Donc, avec une méthode de calcul différente, on arrive pas mal aux même résultats. On pourrait remplacer pas mal la population active.

    La droite va s’emmêler, ils s’alarment d’un coté parce que le ratio vieux/jeune va en augmentant, et d’un autre coté, ils craignent de voir arriver des immigrants.

    Cette question de l’immigration va devenir le nerfs de la guerre dans pas longtemps en politique.

    Il me reste à comprendre la notion d’immigrants non-résidents, comment ils se comportent, ce n’est pas un truc clair pour moi, mais je vais lire un peu avant de te poser des questions imbéciles.

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  19. 8 février 2012 18 h 26 min

    «Cette question de l’immigration va devenir le nerf de la guerre dans pas longtemps en politique.»

    Oh, ça l’est déjà pas mal. Va lire Lisée

    «Il me reste à comprendre la notion d’immigrants non-résidents»

    De résidents non permanents? J’en ai parlé pas mal… Je pourrais en parler plus, entre autres des travailleurs étrangers temporaires, dont les travailleurs agricoles saisonniers, les aides domestiques à domiciles, et surtout, des professionnels et des techniciens en «pénurie» ici.

    Ceux qui obtiennent finalement un statut de résidents permanents changent de colonne (+1 immigrant à la première colonne et -1 résidents non permanents à la dernière).

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  20. 11 février 2012 7 h 45 min

    Je souscris à Pierre Jobin, Koval et Lutopium sur la valeur du billet.

    Compte tenu de ces observations et en supposant que le nombre de résidents non permanents ne pourra pas continuer à augmenter à ce rythme et demeurera plutôt assez stable, les tendances de l’indice synthétique de fécondité et du solde migratoire feront en sorte que, entre maintenant et 2031, l’évolution de la population se situera directement entre le scénario de référence et le scénario fort.

    J’en prend note pour une éventuelle estimation de l’évolution de notre force de régénération en nombre d’utérus utile à cette fin, merci.

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  21. 29 mars 2012 17 h 20 min

    Voir une autre note de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) qui va pas mal dans le même sens que ce billet, quoique l’auteur ne semble pas avoir remarqué que les données réelles depuis 2006 suivent davantage le nouveau scénario fort de l’ISQ que le nouveau scénario de référence.

    LES ENJEUX DU VIEILLISSEMENT. PARTIE 1.
    Les perspectives démographiques

    Cliquer pour accéder à noteinterventionno14mars2012.pdf

    Il y a aussi un résumé à :
    http://www.oikosblogue.coop/?p=11248

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  22. Robert Lachance permalink
    4 avril 2012 10 h 32 min

    L’addition est instructive.

    Se voir comme on est est désolant, se comparer consolant.

    La valeur que notre peuple multinational accorde à notre régénération, ses femmes enceintes en particulier plus que ses femmes en âge de l’être me semble en hausse. Si j’ai bien compris.

    Chez les hommes, ISQ ne fournit pas les nombres sur 100 ou 1000.

    http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/naisn_deces/naissance/415.htm

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